04/04/2025
🗣 Il faut que je vous raconte ce qui m’est arrivé vendredi…
On sonne à ma porte. C’est ma voisine, que je connais à peine. Il faut dire que j’ai emménagé dans le quartier, très loin de mon précédent domicile, et on n’a pas encore eu le temps de créer des liens avec les voisins. Et honnêtement ? Je me garde bien de parler de mon métier… Parce que quand on a un chien et qu’on apprend que le voisin est formateur d’éducateurs canins, on se fait vite beaucoup d’amis le week-end 😅
Bref, cette voisine me demande si je veux "jouer le jeu" car une éducatrice canine est chez elle pour travailler avec son chien. Pas plus d’explication. Bon, vu mon métier, je me doute qu’il s’agit d’un protocole d’accueil. Je me rends donc chez elle, sans aucune consigne claire, en essayant de comprendre ce que je dois faire. À force de poser des questions, on me dit simplement d’aller frapper à la porte. Je m’exécute.
👉 Et là… la porte s’ouvre, je me retrouve nez à nez avec un Yorkshire qui fonce sur moi en aboyant, suivi de trois personnes derrière lui. Aucun humain n’encadre la situation. Et soudain, une canette pleine de métal (oui, vraiment) est jetée et s’écrase au sol entre le chien et moi. Heureusement que la personne visait bien… sinon, c’était mon pied ou le chien.
Résultat : chien paniqué, qui détale dans le terrain, et l’éducatrice ? Elle reste plantée sur le pas de la porte.
Je dois avouer que j’ai eu un moment d’hésitation entre dire ce que je pense et me retenir pour ne pas paraître critique. Mais impossible de me taire : je lui dis simplement de faire attention à ne pas générer de la peur chez le chien avec ce genre de méthode. Sa réponse ? Un froid “Je connais mon métier, monsieur.”
Je me présente alors en tant que gérant du centre de formation Entre Chiens, et de manière calme (parce que oui, il faut rester pro même dans des moments lunaires), je lui fais remarquer que je n’ai vu ni protocole d’accueil, ni désensibilisation, ni gestion de la proxémie.
Sa réponse ? “On a déjà tout essayé, c’est un chien mordeur. Maintenant, on fait ça. Après, il y aura du renforcement positif.”😶
Je repars donc, déçu d’avoir été impliqué dans une méthode coercitive à laquelle je n’adhère pas. En sortant, je croise la propriétaire, qui cherche encore son chien, toujours introuvable dans le jardin…
🎓 Reprenons point par point pour en faire un moment formateur, que ce soit pour nos élèves en formation ou pour les propriétaires de chiens qui nous lisent :
1. Aucune consigne claire donnée à la personne extérieure (moi) : flou total sur le rôle attendu → première erreur.
2. Aucun protocole d’accueil : le chien est libre, fonce sur la porte, prend la place de ses humains. La proxémie est totalement absente.
3. Aucune désensibilisation ni travail progressif : on confronte brutalement le chien à un inconnu.
4. Utilisation de la peur (canette métallique jetée) → résultat : le chien fuit, renforçant son insécurité.
5. Aucune prise en charge de la peur suite à l’événement : le chien reste seul, apeuré, caché dans le terrain.
6. Rappel inefficace : malgré les appels des humains, le chien ne revient pas. La confiance est mise à mal.
7. “C’est un chien mordeur” : et pourtant on le lâche sans précaution, sans longe, sans contrôle ? Et si ça avait été un chien de plus grand gabarit ?
8. Et enfin… la relation humaine : quand on travaille avec des humains et leurs chiens, on explique, on échange, on reste pédagogues. Répondre “je connais mon métier” ferme toute possibilité d’apprentissage et de dialogue.
💬 En tant que formateurs, on se doit de dénoncer ce type de méthodes quand elles sont contre-productives, anxiogènes et néfastes pour le chien comme pour la relation humain-chien. Pour rappel, les méthodes coercitives sont celles qui s’appuient sur la peur, la douleur ou l’inconfort pour obtenir un comportement.
📣 Formez-vous avec des méthodes respectueuses. Renseignez-vous, posez des questions, et n’ayez jamais peur de demander à un éducateur pourquoi il fait ce qu’il fait.
Yann