02/06/2025
Merci pour ces mots. Je fais partie de ses personnes qui se résignent et n'osent pas, en parti à cause de ce conflit, et la petite voix est dure à faire taire.
Actuellement, lâostĂ©opathie (humaine et animale) souffre. Ă la fois dâune mode qui est en train de saturer le marchĂ© - tout le monde veut devenir ostĂ©opathe - et dans le mĂȘme temps, dâune dĂ©fiance de plus en plus extrĂȘme face Ă ses pratiquants, taxĂ©s de charlatans au motif quâils sâĂ©loignent un temps soit peu des techniques purement et strictement mĂ©caniques. Sur lâautel de la sacro-sainte preuve scientifique, on sacrifie lâessence mĂȘme de notre mĂ©tier : le ressenti, lâadaptation au vivant et la prise en charge globale de notre patient ( « mind, motion, matter » disait Tonton Still).
Les arguments sont toujours les mĂȘmes : « pas de preuve scientifique = pas dâexistence ». On en vient Ă renier des concepts - certes pas Ă©tablis par les chercheurs qui cherchent ailleurs par manque de moyens ou dâintĂ©rĂȘt - pourtant Ă©vidents et avec lesquels des rĂ©sultats concrets et pertinents sont Ă©tablis chaque jour. Je parle de concept crĂąnien, du MRP (MĂ©canisme Respiratoire Primaire), des techniques viscĂ©rales, du principe de tensĂ©gritĂ© appliquĂ© Ă la biologie du corps, de lâincroyable technique de FTM (Force de Traction MĂ©dullaire) dont je me sers au quotidien. Il ne sâagit pas de croire ou ne pas croire en ces techniques et concepts. Mais simplement de faire preuve de curiositĂ© et dâexpĂ©rimenter. Jâai essayĂ© beaucoup de choses, avec plus ou moins de succĂšs. Parfois ça marche, parfois pas. Parfois câest parce que je ne maĂźtrise pas suffisamment la technique, parfois câest parce quâelle nâest pas adaptĂ©e Ă mon patient, et parfois câest juste parce que⊠jâen sais rien! Mais quand ça marche, mon outil est validĂ© par mon expĂ©rience, pas parce que la science lâa dit. Mes outils complĂ©mentaires ne sont quâune plus-value Ă mon travail dâostĂ©opathe, pas un substitut.
Et je ne mâaventure pas du cĂŽtĂ© de mes pratiques plus Ă©sotĂ©riques, que jâassume pleinement, qui ne manqueront pas de faire encore plus dĂ©bat.
Je prends le risque dâĂ©crire ces lignes aujourdâhui parce que je ne peux plus supporter quâon me colle une Ă©tiquette de charlatan, alors que les adeptes de la science avant tout vous vendent des promesses Ă prix dâor, avec un marketing bien rĂŽdĂ©, sans jamais vous montrer de rĂ©els rĂ©sultats, pire encore en se dĂ©responsabilisant totalement parce que sâil nây a pas de rĂ©sultat, ce nâest pas leur mĂ©thode « infaillible » qui sera remise en cause mais lâinvestissement de leur client Ă lâappliquer correctement.
Je prends ce risque Ă©galement pour porter la voix de toutes celles et ceux qui nâosent pas, qui se rĂ©signent, pire qui doutent dâeux et nâĂ©coutent plus leur petite voix intĂ©rieure, les petits picotements dans leurs mains, ce petit truc quâils nâarrivent pas Ă expliquer, mais qui est pourtant bien rĂ©el Ă leurs yeux. Certains dâentre eux se sont coupĂ©s des rĂ©seaux, ne sâexpriment plus, ne partagent plus leurs joies et leur expĂ©rience, par peur dâĂȘtre alpaguĂ©s et lynchĂ©s sur la place publique par ces milices de lâextrĂȘme. Je refuse de me censurer pour une poignĂ©e dâindividus Ă lâobscurantisme crasse et violent.
Ma pratique se base sur les principes fondamentaux de lâostĂ©opathie, sur ce que jâai sous les mains Ă lâinstant T, sur lâhistoire de mon patient (et de mon client), et sur toutes les techniques que jâai pu glaner ou dĂ©velopper au fil de mes bientĂŽt quinze annĂ©es dâexpĂ©rience. Le corps est une mĂ©canique bien rodĂ©e, mais lĂ©gĂšrement plus complexe quâune mobylette. Il ne sâagit pas juste de dĂ©griper un coude et faire trois flexions tous les matins. Les interactions entre physique, Ă©motionnel et environnement sont primordiales Ă prendre en compte. Et on ne traite pas une Ă©motion enkystĂ©e dans un organe comme un coude en restriction. Ne pas considĂ©rer les Ă©motions comme vecteur de problĂ©matique, câest nier une grande partie de lâintĂ©gritĂ© de notre patient.
Et ce nâest pas parce quâon utilise des techniques « farfelues » (selon le prisme des scientifico-sceptiques), quâon fait perdre nĂ©cessairement du temps Ă notre patient. Pas une semaine ne passe sans que je rĂ©fĂšre Ă des vĂ©tĂ©rinaires ou autre professionnel, plus adaptĂ© et/ou plus compĂ©tent. Je nâai aucun mal Ă me remettre en question, Ă me positionner dans la chaĂźne des prioritĂ©s de prise en charge. Je ne prĂ©tends pas faire de miracle et avoir la rĂ©ponse ultime et unique Ă tous les problĂšmes grĂące a ma mĂ©thode exclusive et rĂ©volutionnaire. Non, je promets simplement de faire de mon mieux, de mettre Ă disposition mes connaissances et mes compĂ©tences, pour aider lâanimal et son propriĂ©taire Ă aller mieux. Et si je ne suis pas cette solution, alors je promets de passer la main avec humilitĂ©.
Ă toutes celles et ceux qui, comme moi, utilisent leurs mains, leurs tripes et leur intuition pour faire de leur mieux chaque jour, ne vous laissez pas gangrener le cerveau, ne les laissez pas instiller le doute dans vos mains. Soyez curieux, rĂ©flĂ©chissez, testez, tentez, ça marchera ou ça ne marchera pas, et quoi quâil arrive, ça ne sera pas une vĂ©ritĂ© absolue. Mais ça sera votre ostĂ©opathie. LâexpĂ©rience, la curiositĂ© et les rĂ©sultats sont la seule preuve Ă fournir. Votre cĆur, la seule voix Ă Ă©couter.
© Chloé Huard - Ostéopathie Animale (OA293)