Apprentis chiens

Apprentis chiens Éducatrice canine, je peux vous aider à éduquer votre chien pour vous facilité la vie. Dép. 53 et 35.

01/09/2025

🔹 La promenade « idéale », un objectif nécessaire ? 🔹

Je rencontre régulièrement des personnes qui ne sortent leur chien qu’en longe, pour des raisons très différentes. Parfois, l’environnement des sorties impose l’attache, comme beaucoup de parcs en zones urbaines. D’autres, le comportement du chien dans un (type d’)environnement ne permet pas de le laisser en liberté (problème de rappel face à des gens ou des congénères, réactivité au mouvement, tendance à la prédation…) Et d’autres fois encore, l’humain stresse trop à l’idée de lâcher son animal, suite à une mauvaise expérience ou par anticipation de potentiels « dangers ».
Certains de ses gardiens de chien(s) culpabilisent en se disant que leur chien ne peut pas profiter pleinement de sa promenade, à cause de la longe.
Toutou ne peut pas aller dans les broussailles. Il peut aller moins loin que ce qu’il aimerait. Il doit aller moins vite que ce qu’il voudrait. Il ne peut pas « courir » et il n’est pas « libre », donc sa sortie n’est pas qualitative.

J’aimerais esquisser un parallèle afin d’amener les concernés à regarder la situation sous un autre angle.
Admettons que mon activité préférée, mon exutoire, le moment qui conditionne une grosse partie de mon bien-être physique et mental, soit de nager, seul.e, en piscine, autour de 26°, une bonne heure par jour.
Dans une vie idéale, mon planning professionnel et familial me laisse le temps de m’adonner à cette activité tous les jours, aussi longtemps que nécessaire.
La piscine, maintenue à 26°, se trouve juste à côté de chez moi. C’est peut-être celle de mon voisin et il me laisse y aller n’importe quand, sans avoir prévenir en amont, ce qui me permet d’éviter de m’y rendre quand quelqu’un d’autre se baigne et d’en profiter le temps nécessaire. Pour une piscine de particulier, elle est de bonne taille et permet de faire de vraies longueurs. Elle est couverte en hiver, pour pouvoir en profiter toute l’année. Comme ce n’est pas la mienne, je n’ai pas à me préoccuper de son bon fonctionnement.
Bref, c’est un tableau idyllique, tous mes critères étant cochés.

Maintenant, admettons que la piscine parfaite de mon voisin me soit accessible seulement trois fois par semaine, en devant le prévenir dans la journée.
Ou que je puisse y aller quand je veux, mais que la température de l’eau fluctue entre 22 et 28 et qu’elle soit inaccessible 5 mois dans l’année, m’obligeant à prendre la voiture pour aller nager ailleurs en automne-hiver.
Ou que je doive faire 15min de marche pour aller cinq fois par semaine à la piscine municipale, à température idéale, sur des créneaux déserts.
Ou que j’aie ma propre piscine, d’une taille un peu juste pour des longueurs, et avec la contrainte de devoir m’occuper de son entretien.
Est-ce que, dans tous ces cas de figure, mon passe-temps perd réellement en intérêt ? Est-ce que je me dis qu’il n’en vaut plus la peine ? Est-ce que je pense que ces contraintes gâchent tout ?
Bien sûr que non. La situation « parfaite », ce n’est pas celle que connaissent l’immense majorité des personnes qui ont besoin de nager pour se sentir bien. La plupart des amoureux de la natation s’adaptent, car les contraintes d’emploi du temps et de logistique font partie de la vie des êtres-vivants. Et c’est la même chose pour les personnes qui ont besoin de courir, de peindre, de faire du yoga, ou même simplement de lire. A des degrés différents selon l’accessibilité de l’activité et la vie personnelle de chacun.e.

Alors, oui, le chien qui n’est promené qu’en longe n’a peut-être pas SA balade idéale, celle qui lui correspondrait parfaitement. Est-ce que ses sorties sont pour autant insatisfaisantes ? Certainement pas.
Surtout si…
→ La longe est suffisamment longue et bien maniée,
→ L’humain suit son chien, même hors chemins, dès que possible,
→ L’humain essaie de suivre l’allure naturelle de Toutou, en s’arrêtant sur les odeurs et en accélérant au besoin entre les spots d’intérêt,
→ Le chien a la possibilité de choisir son itinéraire (mais pas forcément toujours !)
→ Le chien ayant besoin d’une dépense physique conséquente l’a sous une autre forme (à travers un jeu de b***es encadré en jardin, d’agility en club, de sorties canicross…)
→ Le lieu est adapté au goût du chien (c’est une erreur de penser que tous se damneraient pour une balade en forêt ou dans les champs ; de nombreux chiens préfèrent les zones plus chargées en odeurs sociales – d’ailleurs, c’est bien préférable pour les jeunes qui sont en train de forger leurs centres d’intérêt).

La vie n’est pas idéale, pour aucun être vivant. Chacun fait des concessions et des efforts, pour bien vivre ensemble. Sauf peut-être celles et ceux qui font passer en priorité leur propre confort (et soi-disant celui du chien) en laissant leur poilu en liberté alors qu’ils dérangent des gens, des chiens, harcèlent la faune sauvage, voire se mettent en danger en faisant leur vie en solo sur des bords de route ou en traversant n’importe comment… Ces gens-là ne sont pas un exemple à suivre, même s’ils clameront sans doute que leur chien et plus heureux que le nôtre.

La balade « idéale » qu’on peut offrir, c’est celle qui respecte le mieux possible les besoins du chien, tout en tenant compte de ses limites (éducatives ou personnelles), de nos propres besoins et limites, et de la présence d’autres êtres-vivants qui partagent cet espace et ne sont pas censés subir notre chien.

Un article complet sur les sorties en longe est en accès sur le site. Lien en commentaire 🙃

29/08/2025

Le mal des transports ou cinétose

Pour nous humains, c'est presque une routine de rouler en voiture, et les voyages se passent relativement bien pour beaucoup. Les moyens de transport font partie de notre quotidien.

Par contre, pour un jeune chien, un voyage en voiture peut être une expérience troublante.

Bien sûr, les chiens adultes peuvent en souffrir aussi, en fonction des associations et de la sensibilité de chacun.

Rouler en voiture est quelque chose de sensoriel, et chez le jeune chien, le manque de maturation du centre vestibulaire peut avoir un impact sur les voyages.

Bien que la cause du mal des transports ne soit pas entièrement comprise, on pense généralement qu'il survient lorsque l'oreille interne est perturbée par des mouvements répétés, comme le mouvement d'une voiture, d'un avion ou d'un bateau.

Réf : Park E. Mal des transports. Dans : Manuel du médecin généraliste (GMO) : Section clinique . Wilmette, Illinois : Brookside Press ; 1999.

Le mal des transports ou cinétose peut provenir d’une contradiction entre les informations de mouvement perçues par les différents organes des sens : les yeux, l’oreille interne et le système musculaire.

L’oreille interne est composée de trois canaux semi-circulaires remplis de cristaux et de liquide.

Les trois canaux de l'oreille interne, qui font partie du système vestibulaire et assurent l'équilibre s'appellent les canaux semi-circulaires supérieur, horizontal et postérieur.
https://alynsimardaudio.com/documentation/description-complete-loreille/

L’inclinaison de la tête fait bouger les cristaux, ce qui stimule les cellules sensorielles des parois.

Celles-ci informent donc en permanence le cerveau sur la position exacte de la tête et sur ses déplacements pour déclencher les réactions d’adaptation nécessaires au maintien de l’équilibre du corps.

Lorsque nous nous déplaçons de façon «active», c’est-à-dire propulsés par notre corps, notre cerveau anticipe les combinaisons cohérentes entre les images, les mouvements détectés par l’oreille interne et le système musculaire.

En utilisant un moyen de transport comme une voiture, nous nous déplaçons de façon «passive».

Notre position, les images et les mouvements détectés par l’oreille interne ne sont plus «synchronisés» et ne correspondent plus aux combinaisons anticipées par le cerveau.

Ce conflit de perception peut déclencher une réaction de mal des transports.

Le mal des transports se manifeste lorsque le cervelet reçoit des informations contradictoires de la part des yeux, de la musculature du corps et du système vestibulaire (l’organe de l’équilibre situé dans l’oreille interne).

En d’autres mots, le mouvement vu ou ressenti par notre corps ne concorde pas avec le mouvement perçu par l’oreille interne.

Tout comme chez les jeunes enfants, chez le chiot le système vestibulaire n'est pas encore mature, cela peut influencer les voyages en voiture et donc le mal des transports.

La cinétose peut se manifester par des nausées, vomissements et vertiges dus à un conflit entre ce que voient les yeux et ce que perçoit l'oreille interne.

• Selon Amy Newfield, CVT, VTS (ECC)

"Quelle que soit la cause du mal des transports, le système vestibulaire est impliqué. Lorsqu'un animal est pris de nausées, certains récepteurs cérébraux sont stimulés. Tous les stimuli du vomissement, y compris ceux provenant du système vestibulaire, convergent finalement vers le centre émétique.
https://todaysveterinarynurse.com/internal-medicine/preventing-motion-sickness-in-dogs/

Une mauvaise association à l'âge chiot peut parfois perdurer à l'âge adulte, et avec le temps, nous pouvons oublier d'en faire le rapprochement.

Quoi qu'il en soit, l'important est de relever tout signe de stress, et d'y remédier, en allant doucement avec l'accoutumance pour les voyages en voiture selon la sensibilité du chien.

Il existe aussi d'autres raison potentielle aux difficultés de voyager en voiture.

Selon une étude, la grande majorité (86,0 %) s'étaient habitués à voyager en voiture lorsqu'ils étaient chiots ; cela les rendait moins susceptibles de développer des problèmes.
https://www.researchgate.net/publication/224879292_Survey_of_travel-related_problems_in_dogs

Selon une autre étude, le type de voiture peut aussi influencer le voyage.

Le comportement des chiens semblait être influencé par le type de véhicule utilisé. Les chiens semblaient plus agités dans le véhicule diesel que dans le véhicule électrique.
https://repository.lincoln.ac.uk/articles/journal_contribution/Preliminary_study_comparing_dogs_responses_to_travel_in_electric_cars/25922227?file=46641607

D'autres recherches révèlent les zones des voitures où les chiens ont tendance à se sentir le plus en sécurité et le plus à l’aise.

Les résultats ont montré que les chiens se sentaient plus à l'aise lorsque leur gardien était en vue, leur fréquence cardiaque diminuant de -6,8 % sur le siège avant et de -9,5 % sur le siège arrière, par rapport à leur fréquence cardiaque moyenne.

En revanche, les chiens étaient les plus mal à l'aise lorsqu'ils étaient attachés tout au fond du véhicule (le « coffre » des SUV), hors de vue de leur gardien (soit une augmentation de 20,4 % par rapport à la moyenne).

Pour le chien qui y est sensible, il faut également éviter de le placer derrière le siège conducteur, ce qui a entraîné une augmentation de 10,6 % dans l'étude.

Tout en sécurisant le chien, la place dans la voiture peut donc avoir son importance.
https://animalwellnessmagazine.com/dogs-comfort-cars/

Si votre chien a tendance à être mal à l'aise en voiture, des études suggèrent qu'une musique à 50 ou 60 battements par minute est idéale pour le détendre.
https://animalwellnessmagazine.com/dogs-comfort-cars/

Selon une étude de marché menée en 2006 auprès des propriétaires d'animaux de compagnie, environ 7,2 millions de chiens ont souffert du mal des transports (kinétose) cette année-là, mais seulement 25 % d'entre eux ont reçu un traitement vétérinaire pour cette affection.
https://www.preventivevet.com/dogs/preventing-and-treating-car-sickness-in-dogs

Chez les animaux, le mal des transports peut être aussi un problème comportemental, émotionnel plutôt que physique.

Des raisons psychologiques, comme le stress ou l'anxiété liés à la voiture (aller chez le vétérinaire), sont aussi à l'origine du mal des transports chez les chiens âgés.

Cependant, cela peut aussi être lié au manque de désensibilisation à cette sensation anormale ressentie lors des déplacements en voiture (seulement un ou deux trajets par an).

Une désensibilisation appropriée prend du temps et se déroule si lentement que le chien remarque à peine un changement.
https://todaysveterinarynurse.com/internal-medicine/preventing-motion-sickness-in-dogs/

Certes, de multiples causes peuvent aussi être impliquées dans le mal des transports, préférez faire vos recherches et aussi consulter votre vétérinaire.

Soyons simplement attentifs.

Soyez créatif!

Voir aussi ces articles
Activez le traducteur si vous ne lisez pas l'anglais

Preventing Motion Sickness in Dogs
https://todaysveterinarynurse.com/internal-medicine/preventing-motion-sickness-in-dogs/

Preventing and Treating Motion Sickness in Dogs
https://www.preventivevet.com/dogs/preventing-and-treating-car-sickness-in-dogs

Motion Sickness in Dogs
https://vcahospitals.com/know-your-pet/motion-sickness-in-dogs

Preliminary study comparing dogs’ responses to travel in electric cars
https://journals.uco.es/pet/article/view/16735

Survey of travel-related problems in dogs
https://www.researchgate.net/publication/224879292_Survey_of_travel-related_problems_in_dogs

27/08/2025

LA DILATATION TORSION D'ESTOMAC CHEZ LE CHIEN
La dilatation de l’estomac est une maladie sérieuse et potentiellement fatale si un traitement n’est pas mis en œuvre en extrême urgence.⚠️⚠️

Le syndrome de dilatation torsion d’estomac est une urgence bien connue généralement des propriétaires de chiens de grandes races.

Il s’agit en fait d’un gonflement subit de l’estomac par des liquides et du gaz. L’estomac peut, suite à cette dilatation, se tordre. Si c’est le cas, le pronostic est très réservé et il faut se rendre de toute urgence chez votre vétérinaire.

POURQUOI EST-CE GRAVE?

Comme l’estomac est tordu sur son axe, le chien ne peut pas vomir (expulser le contenu de l’estomac dans l’oesophage) et de même, le contenu de l’estomac ne peut plus être évacué vers le duodénum. Le problème ne peut donc pas se résoudre tout seul.

En plus, quand l’estomac est tordu, ce sont aussi tous les vaisseaux sanguins qui irriguent l’estomac et les intestins qui seront tordus, limitant la vascularisation de ces différents organes et entraînant des ischémies voire des nécroses.

Comme le retour veineux de ces différents organes n’est plus correctement assuré, l’animal va rentrer petit à petit en état de choc. Des troubles cardiovasculaires importants compliqueront le tableau. L’état de choc s’aggravera jusqu’à la mort du chien.

POURQUOI L’ESTOMAC DÉCIDE-T-IL DE SE DILATER ET DE SE TORDRE?

On ne connaît pas réellement la cause du SDTE. Mais une chose est certaine, c’est que plusieurs dénominateurs communs peuvent être cités :

Le SDTE est plus fréquent chez les chiens de grandes races. Voire même les chiens de races dites « géantes », telles que : le Dogue Allemand (champion toutes catégories de la torsion d’estomac!), le lévrier Wolfhound, le Saint Bernard, le Bouvier Bernois et autres Bouviers, le Setter irlandais, le Boxer, le Labrador, le Golden Retriever, le Berger Allemand, le Doberman, … Attention cependant, les chiens de petites races ou de taille moyenne ne sont pas épargnés.

Souvent, juste avant le début de la dilatation de l’estomac, les propriétaires relatent

une prise de repas trop important en une seule fois. Il est donc important de donner plusieurs fois par jour (l’idéal étant 3x/jour) de petites quantités alimentaires à ces chiens de grandes races plutôt qu’un gros repas une seule fois par jour.
Une prise importante d’eau après un gros repas.
Un exercice violent juste après un repas. Il est donc important de ne pas laisser courir votre chien comme un fou après le repas.⚠️
On peut aussi incriminer un stress ponctuel, à l’origine d’une hyperventilation qui pourrait faire avaler beaucoup d’air au chien, comme un orage, un feu d’artifice, un changement brutal d’environnement, …
Quels sont les symptômes?

– Ventre gonflé et douloureux
– Chien abattu
– Chien qui salive beaucoup, qui tente de vomir mais sans succès
– Chien qui respire rapidement
– Etat de choc, coma, …
Le SDTE est une urgence absolue, le pronostic vital étant engagé. Il convient de conduire le chien chez le vétérinaire au plus vite, la survie de l’animal étant une question d’heures voire de minutes!!
QUEL EST LE TRAITEMENT DU SDTE?

Le seul et unique traitement du SDTE est un traitement chirurgical.

Le vétérinaire va hospitaliser votre chien, le mettre sous perfusion et tenter de contrôler l’état de choc et les troubles cardiovasculaires et métaboliques. Il va également tenter de sonder l’estomac de votre chien pour le décomprimer avant la chirurgie.

La chirurgie consiste en le replacement de l’estomac dans sa position physiologique (on « détord » l’estomac) et en la fixation de l’estomac à la paroi de l’abdomen afin de lui éviter de se tordre à nouveau (c’est ce qu’on appelle une gastropexie).

Après l’opération, le chien restera bien sûr hospitalisé chez le vétérinaire jusqu’à ce qu’il soit certain que toute complication soit écartée.

Vous l’aurez donc bien compris, le SDTE est une urgence vitale. Si vous avez le moindre doute de gonflement de l’abdomen sur votre chien (d’autant plus que c’est un chien de grande race), foncez dans un service d’urgences vétérinaires. Car si le pronostic d’un SDTE est toujours réservé, plus rapidement on prend le cas en charge, plus on a de chances de voirle chien s’en sortir !

23/08/2025

🔎🔎🔎 LA STÉRILISATION DU CHIEN 🔎🔎🔎

Dans tous les domaines suscitant les passions, il est des débats houleux, des sujets délicats à aborder car ils provoquent des élans de protestation où personne n’écoute plus les arguments de personne. La stérilisation du chien en est un.

Quiconque suit la page Cynoconsult sur laquelle j’écris mes articles sait que je ne suis pas favorable à la stérilisation du chien par ablation des gonades (gonadectomie). Je précise que tout en n’y étant pas favorable, il ne m’appartient pas de juger de la décision d’autrui. Ce qui m’importe en réalité, c’est que les personnes puissent faire leur choix de manière éclairée. La désinformation sur le sujet est grande, à la hauteur de l’émotion qu’il suscite. Ayant été journaliste (presse écrite, radio et télévisuelle) pendant quinze ans, j’ai appris à vérifier mes sources. Je n’écris pas une ligne qui n’ait été vérifiée, je n’avance pas d’argument qui n’ait été corroboré par des preuves, des chiffres, des études, des recherches, des points de vue de vétérinaires comportementalistes, d’éthologues, de confrères d’expérience, etc.

Cet article est long. Son but n’est pas de vous convaincre mais de vous donner des éléments d’information solides qui vous permettront d’en discuter de manière constructive. Il vous permettra aussi de comprendre pourquoi certaines personnes sont fermement opposées à la stérilisation. En cela, et pour donner des clefs aux deux parties, le livre du Dr. Dehasse, « La stérilisation du chien, pour ou contre… » est recommandable en ce qu’il compile un nombre intéressant d’études scientifiques réalisées partout dans le monde sur des milliers de chiens. À mon sens, il n’est possible de débattre sérieusement d’un sujet qu’après s’être renseigné sur le fond de ce sujet. Sinon, comment faire avancer les choses ?

Dans le débat sur la stérilisation, quatre grands arguments sont avancés.
- L’argument comportemental
- L’argument médical
- L’argument sociétal
- L’argument éthique

Je précise que je parle ici de la stérilisation par ablation des gonades (ovaires et testicules) réalisée précocement et de manière quasi-systématique sur des chiens non matures. Une pratique devenue banale dans notre pays. Elle se veut préventive ou curative de certaines maladies ou comportements gênants.

🎯 L’ARGUMENT COMPORTEMENTAL

C’est un argument qui justifie aujourd’hui la gonadectomie quasi-systématique des mâles que l’on rendrait plus docile en les privant de leurs testicules. Seulement, l’éducabilité du chien castré n’a jamais été prouvée. Par contre, une étude scientifique existe. Elle a été réalisée par James A. Serpell, professeur à l’université de Pennsylvanie en 2015 sur 1563 chiens. Elle démontre (entre autres) que des mâles récalcitrants que l’on a castrés ne se révèlent pas plus facile à éduquer après l’opération. Et comme le précise le Dr. Valérie Dramart, dans un article pour la Dépêche vétérinaire de 2008, « la stérilisation du chien ne doit pas être perçue comme une panacée, le remède à tous les troubles du comportement ». Selon la vétérinaire comportementaliste, de nombreux troubles ne répondent pas ou peu à la stérilisation. Ainsi, elle dresse clairement une liste où elle informe que si la gonadectomie peut être indiquée pour les agressions territoriales, le marquage urinaire et l’hypersexualité, elle reste inefficace pour toutes les autres agressivités, pour l’hyperactivité, la destruction, l’anxiété, la prédation, les dermatites de léchage, l’hyperattachement, la malpropreté.

Mais là où il y a de quoi être effaré, c’est que les recherches des dix dernières années tendent à démontrer que les comportements problématiques que l’on voulait voir disparaître avec la gonadectomie, empirent avec elle. L’une des études les plus significatives est celle de Duffy et Serpell (2006). Les chercheurs mettent en évidence les avantages et les inconvénients de la gonadectomie. Une étude réalisée sur plus de 3000 chiens. Si la gonadectomie peut réduire les comportements de chevauchement et l’hypersexualité, elle peut aussi engendrer une aggravation de tous les comportements ou rendre le mâle castré attractif sexuellement pour les mâles entiers. Il est quasiment impossible de prévoir les effets de l’opération. Par contre, il est banal pour un éducateur, dans ses cours ou ses promenades, d’entendre ses clients déplorer que leur chien castré soit régulièrement sailli par les mâles entiers, ce qui provoque souvent des agressions déclenchées par le chien sailli. Ces chiens gonadectomisés développent des oestrogènes (hormones femelles) et quasiment plus de testostérone (hormones mâles). Ils attirent et excitent donc les mâles intacts.

Concernant les autres agressivités (sociale, autodéfense, territoriale, compétitive envers les humains ou les congénères), les mâles castrés développent ou aggravent leurs comportements agressifs de 1,3 à 1,2 fois selon l’âge de l’opération en comparaison aux mâles entiers. Pourquoi ? Cette grande irritabilité des mâles castrés serait due à l’effondrement de leur testostérone, une hormone androgène synthétisée par les testicules, qu’ils n’ont plus.

Pour les mâles et les femelles, la gonadectomie est donc loin de n’avoir que des effets satisfaisants. Sur le terrain de l’hypersexualité, pour laquelle les vétérinaires recourant souvent, on oublie peut-être la puissance du renforcement positif. Un chien (mâle ou femelle) hypersexuel qui présente des comportements de ma********on compulsive depuis des mois pourra être opéré et garder les mêmes habitudes. En effet, le renforcement a eu le temps d’opérer. Le chien sait ce que ce comportement lui procure. Et la gonadectomie n’efface pas la mémoire. Voilà pourquoi des comportements déplaisants peuvent persister. Le renforcement positif est plus fort que tout.

Pour synthétiser le fruit des dernières recherches, la plupart des études tendent à démontrer que l’activité, l’excitabilité, la réactivité des mâles et des femelles stérilisés augmente, surtout chez les femelles ovariectomisées avant leur 10 mois. Les chiffres exacts, le nombre de chiens, les dates, les noms des chercheurs et les pays d’étude se trouvent dans l’ouvrage du Dr. Dehasse. Un autre vétérinaire comportementaliste de renom, Thierry Bedossa, candidat à la présidence de la SPA en 2019, a déclaré en 2018 pour le magazine Le Point Sciences « À titre personnel, je ne suis pas favorable à la stérilisation de mes chiens car cette opération à des conséquences sur le développement et la personnalité de l’animal. Par ailleurs, les dernières découvertes scientifiques indiquent que cette opération affaiblirait le système immunitaire ». La transition avec l’argument médical est toute faite.

🎯 L’ARGUMENT MÉDICAL

La recherche moderne démontre clairement que l’ablation des gonades du chien ou de la chienne n’est pas anodine pour leur santé. C’est une opération de « routine » pour n’importe quel vétérinaire mais elle est lourde de conséquences pour le chien. Le (bon) conseil donné la plupart du temps par les vétérinaires qui se penchent sérieusement sur la question de la gonadectomie est de prendre le temps de bien peser dans la balance le bénéfice attendu de l’opération et tous les risques encourus par le chien. Aujourd’hui, même s’il faut les rechercher, les études sérieuses sont à la portée de tous. Elles sont publiées sur le web, citées dans des articles scientifiques, mentionnées dans des mémoires de recherches publiés sur le net… Il est vrai qu’elles sont rarement mises en avant.

Le retrait des testicules du mâle va lui éviter le cancer des testicules, c’est une lapalissade, tout comme l’ablation des ovaires évitera à la chienne les tumeurs ovariennes. Ce sont les deux principales raisons médicales qui sont avancées par les vétérinaires pour expliquer la stérilisation systématique et précoce du chien (généralement vers 8 mois). Mais quelles sont les conséquences d’une telle intervention sur leur métabolisme ? Un chien qui n’a plus ses gonades ne produit presque plus d’hormones sexuelles. Or, les hormones sexuelles vont synthétiser et activer la sécrétion de la thyroxine (hormone thyroïdienne T4). Il y a donc une interaction directe et primordiale entre les hormones sexuelles et les hormones thyroïdiennes. Si les premières diminuent, les secondes également et c’est l’hypothyroïdie qui se déclare assez rapidement. On sait aujourd’hui que l’hypothyroïdie est responsable de 63% des troubles comportementaux du chien. Le Dr. Jean Dodds, avec son livre « The Canine Thyroid Epidemic : Answers You Need for Your Dog (2011, Dog Wise), s’est imposée comme l’experte en hypothyroïdie canine à l’échelle mondiale. Elle affirme, d'après une étude menée en 1994 sur 66 chiens sur une période de 5 ans que « la stérilisation est le facteur de risque d'hypothyroïdie le plus significatif chez le chien ».

Dans son livre, le Dr. Dehasse pose cette question assez étonnante, il faut le dire, tant la réponse qu’elle induit peut sembler évidente : « Y a t-il des bases scientifiques réelles qui permettent d’affirmer que l’ovariectomie élimine le risque de cancer mammaire? » Pour y répondre, il nomme toutes les recherches qui justifient aujourd’hui encore que l’on affirme cette vérité : l’ovariectomie protège la chienne du cancer mammaire. Toutes les recherches ? Non. En vérité, la seule étude systématiquement citée depuis des décennies en faveur de l’ovariectomie est celle de M. Schneider qui date de… 1969. Elle porte sur une seule chienne ovariectomisée avant son premier oestrus, sur trois chiennes ovariectomisées entre le premier et le second oestrus et sur 20 chiennes ayant eu plus de deux oestrus, soit un nombre très faible et inégal de femelles.

En 2012, M. Beauvais, dans son article « The effects of neutering on the risk of mammary tumours in dogs » paru dans « The Journal of small animal practices », publie les résultats de la synthèse de 11 149 articles scientifiques existants sur le sujet. Il en ressort que l’affirmation que la gonadectomie réduirait le risque de tumeur mammaire et que l’âge de la gonadectomie aurait un effet protecteur est hasardeuse et qu’elle ne permet en aucun cas de recommander la gonadectomie. En effet aucune des milliers d’études ne mentionne le temps d’exposition aux ovaires pour établir un éventuel lien avec le risque de tumeur mammaire. Aujourd’hui encore pourtant, il continue d’être affirmé que plus la chienne est ovariectomisée tôt, plus elle est protégée. Mais aucune étude scientifique ne le prouve.

Concernant l’impact que la gonadectomie peut avoir sur le chien, le Dr. Karen Becker (Holistic Care) déclare dans des vidéos publiées sur son site et sur YouTube que, plus l'animal est stérilisé précocement, plus les risques d'incidence sur sa santé sont lourds à tous les niveaux. Elle pointe du doigt une croissance anormale des os, la rupture des ligaments croisés, le cancer des os, les effets indésirables aux vaccins. Le Dr. David Randall se joint à elle pour alarmer les patients sur le lien étroit existant entre stérilisation et dysplasie de la hanche, surtout pour les races prédisposées.

En février 2013, des chercheurs de l’UC Davis ont réalisé une étude sur 759 Golden Retrievers suivis pour dysplasie de la hanche, déchirure du ligament croisé crânien, lymphosarcome, hémangiosarcome et tumeur des mastocytes Les chiens ont été regroupés en deux catégories : entiers et stérilisés avant 12 mois ou stérilisés après 12 mois. L’étude démontre que le taux de maladie est significativement plus élevés chez les mâles et les femelles stérilisés avant et après 12 mois d’âge. La stérilisation précoce a été associé à une incidence accrue de la dysplasie de la hanche, de la déchirure du ligament croisé crânien et de lymphosarcomes chez les mâles et de déchirures du ligament croisé crânien chez les femelles. La stérilisation à 12 mois a révélé un risque accru de tumeurs des mastocytes et angiosarcomes chez les femelles. Les résultats montrent un risque doublé de dysplasie de la hanche chez les mâles castrés avant 12 mois et un risque élevé d’hémangiosarcome chez les chiens castrés après 12 mois. L’étude précise bien qu’il n’existait aucun cas de rupture du ligament croisé crânien diagnostiqué chez les mâles et femelles entiers mais que chez les mâles et les femelles gonadectomisés précocement.

De manière synthétique, il est révélé dans des études publiques réalisées sur des milliers de chiens que les individus gonadectomisés, mâles ou femelles, ont un métabolisme plus bas, ont plus faim que les autres chiens et ont tendance à l’obésité (cause de nombreuses maladies lourdes dont les maladies ostéo-articulaires). Elle réduit bien le risque d’hyperplasie (bénigne) de la prostate mais elle augmente le risque de cancer (malin) de la prostate !
Laura J. Sanborn, M.S. écrit un article publié dans Dogs Naturally Magazine dans lequel elle liste les risques et bénéfices sur la santé de l’ablation des gonades. Elle affirme que la castration élimine le risque (probablement < 1%) de cancer des testicules, réduit le risque de troubles non-cancéreux de la prostate et diminue le risque de fistules périanales. Mais elle relève que si elle est réalisée avant l’âge d’un an, l’ovariectomie accroît gravement le risque d'ostéosarcome, multiplie par 1,6 le risque de tumeurs cardiaques, triple le risque d'hypothyroïdie, augmente le risque de sénilité précoce, triple le risque d'obésité, multiplie par 4 le risque de cancer de la prostate qui est < 0,6% chez les mâles entiers, double le risque de cancer des voies urinaires qui est < 1% chez les mâles entiers, augmente le risque de troubles orthopédiques.

Pour les femelles, dépendamment de l’âge et de la race, l’ovariectomie avant l’âge de 2,5 ans réduit le risque de pyomètre qui affecte environ 23% des chiennes intactes, sachant que seulement 1% d'entre elles y laissent la vie. Elle réduit le risque de fistules périanales et supprime le risque de tumeurs de l'utérus, du col utérin et des ovaires (qui est, précisons-le, < ou = à 0,5% chez les chiennes intactes). Par contre, l’ovariectomie avant l’âge d’1 an, augmente significativement le risque d'ostéosarcome, multiplie par 2,2 le risque d'angiosarcome de la rate et par plus de 5 le risque d'angiosarcome cardiaque. Elle triple le risque d'hypothyroïdie, elle multiplie par 1,6 à 2 le risque d'obésité ainsi que les nombreux problèmes de santé qui lui sont associés, elle provoque une incontinence urinaire dans 4 à 20% des cas, multiplie par 3 à 4 le risque d'infections des voies urinaires, augmente le risque de problèmes au niveau de la vulve, de dermite vaginale et de vaginite, en particulier chez les chiennes stérilisées avant la puberté. Elle double le risque de tumeurs des voies urinaires qui est < 1% chez les chiennes intactes, elle augmente le risque de troubles orthopédiques.

Les effets dévastateurs sur les voies urinaires dénoncés dans cet article sont corroborés par des études de 2004 de Victor Spain sur 1842 chiens et de Chika Okafor en 2013. Le risque de cystite (infection urinaire) est 2,7 fois plus élevé chez les chiennes ovariectomisées, tout comme le risque de calculs rénaux que l’on voit de 2,3 fois à 3,5 fois plus élevé chez les mâles castrés et 3,4 fois plus élevé chez les femelles ovariectomisées. Enfin, les études alertent sur le risque incroyablement accru d’incontinence qui est de 0 à 1% chez les sujets intactes et qui passe de 5 à 20% après l’opération.

En conclusion, sur le plan médical, les études modernes montrent que si l’on fait la balance entre les résultats recherchés dans la gonadectomie et les risques encourus par le chien après l’opération, on constate scientifiquement une diminution du risque des maladies bénignes (qui causent rarement la mort du chien) et une augmentation accrue du risque de maladie graves, voire fatales (ostéosarcome, hémangiosarcome, lymphome, tumeurs cutanées, carcinome de la vessie, etc).

🎯 L’ARGUMENT SOCIÉTAL

Rendre la stérilisation du chien obligatoire pour les particuliers diminuerait le nombre d’abandons. C’est l’argument avancé par certaines SPA, refuges ou personnes qui, de manière personnelle, se disent pour la stérilisation systématique des chiens. Moins d’individus, moins d’abandons, c’est ce raisonnement qui justifierait que l’on impose la stérilisation aux propriétaires de chiens.
Je suis bénévole régulière depuis des années dans une grande SPA et un service public de fourrière. Je connais la réalité à laquelle doivent faire face ces lieux de recueil des chiens abandonnés en grand nombre. Ces lieux sont gérés par des humains qui tous les jours prennent en plein figure l’irresponsabilité des autres. Mais ce que je constate aussi, c’est que ce n’est pas parce qu’une personne a acheté son chien dans un élevage professionnel qu’elle ne l’abandonnera pas et ce n’est pas parce qu’une autre personne a acheté ou adopté gratuitement son chien auprès d’un particulier qu’il l’abandonnera. Le problème est plus complexe. La vraie question est celle de la conscience morale, non pas celle du prix que l’on paye ou de la provenance du chien.

Dans les pays scandinaves où la stérilisation n’est pas pratiquée ou interdite, il n’existe aucun problème de surpopulation canine car les humains sont éduqués. La stérilisation imposée ne peut, à mon sens, résoudre le problème de l’abandon. C’est un leurre. Le nombre d’abandons n’est pas en lien avec le nombre de chiens. Si l’on recense, à titre d’exemple, 100 abandons pour 1000 individus, il est peu probable que ce chiffre soit réduit à 10 avec 100 individus, ou à 50 avec 500. Si les humains abandonnants restent les mêmes, le nombre d’abandons ne varie pas. La question est donc bien celle de l’éducation, de la responsabilité, de l’habitude dans notre pays de se débarrasser sans scrupule d’un être vivant encombrant. La stérilisation ne résoudra pas cette réalité comme elle ne résoudra pas non plus celle de la maltraitance.

Le 18 juin 2019, l’AFP publie notre (triste) record européen de l’abandon. Chaque année, sur 100 000 animaux abandonnés, 60 000 le sont durant l’été. En quoi la stérilisation va t-elle corriger cette habitude ?
Pour pouvoir commencer à affirmer que la stérilisation serait la solution aux problèmes d’abandons, il faudrait pouvoir apporter les chiffres exacts de la provenance de tous les chiens qui arrivent dans les refuges. Ces chiens ont-ils été produits par des éleveurs ? Ont-ils été vendus dans des animaleries ? Ont-ils été achetés dans des foires ? Des salons du chiot ? Sont-ils des chiots nés chez des particuliers ? Tant que l’on n’aura pas ces chiffres déterminants, il est injustifié de vouloir imposer la stérilisation aux particuliers et erroné d’affirmer de manière péremptoire que les abandons sont liés aux portées produites par eux.

Quand aux éleveurs en faveur de la stérilisation (ils ne le sont pas tous), il me semble risqué (pour eux-mêmes) de défendre l’idée que réduire les naissances limitera les abandons. Ils se tirent une b***e dans le pied. En effet, nombre de refuges militent en faveur de l’adoption des chiens abandonnés plutôt que de l’achat de chiens d’élevage, soit disant pour limiter le nombre de naissances. Des campagnes auxquelles je n’adhère personnellement pas du tout en ce qu’elles n’ont aucun sens à mes yeux. Chacun est libre d’adopter en refuge ou d’acheter en élevage en fonction de ce qu’il recherche. Par ailleurs, certaines associations pointent les éleveurs du doigt : un éleveur sérieux produit très peu. On n’en finira donc jamais ? Il ne s’agit pas d’empêcher, d’imposer, de rendre responsable telle partie de la profession mais de comprendre ce que ce sont les campagnes de responsabilisation, l’éducation de l’humain à la psychologie canine, peut-être l’obligation de détenir un permis suite à une formation ou l’idée émise par certains d’une taxe reversée aux refuges, qui à terme feront changer les esprits en les élevant.

Pour finir sur cet argument sociétal, là où nous sommes tous d’accord, c’est que 100% des chiens qui sont abandonnés en refuge ou déposés sur la voie publique appartiennent à des humains irresponsables qu’il faut sensibiliser. Un client me disait un jour, « pour limiter la surpopulation dans les centres d’accueil pour enfants, va t-on aussi stériliser les humains? ». Le parallèle semble aberrant mais il permet de comprendre que le lien établi entre les abandons et le nombre d’individus est un raccourci rapide et facile. En stérilisant systématiquement, ce n’est pas le nombre d’abandons que l’on diminue mais le nombre d’individus. Et moins de chiens ne signifie certainement pas moins d’abandons si les humaines ne changent pas.

🎯 L’ARGUMENT ÉTHIQUE

C’est sans doute l’argument le moins entendu, le moins compris, le moins respecté et pourtant, c’est certainement le plus essentiel. L’éthique, c’est la conscience morale. La conscience morale pourraient définir les limites que l’on s’impose à soi-même, librement, car elles respectent nos croyances et nos principes, qu’elles qu’elles soient. L’éthique personnelle, c’est ce qui empêche la plupart des humains d’abandonner leur chien. C’est ce qui fait que cette « solution » ne leur traversera jamais l’esprit. C’est aussi ce qui les empêchera naturellement de le stériliser. C’est ce qui les amènera à accepter sa nature animale, femelle ou mâle, à l’éduquer, à prendre au sérieux ses problèmes comportementaux s’il en a et à le soigner jusqu’au bout, sans jamais envisager l’euthanasie de convenance, juste parce qu’il vieillit.

En Europe du nord, la stérilisation est saugrenue. Elle est d’ailleurs interdite en Suède et très rarement pratiquée dans les autres pays scandinaves. En Europe du Sud, on stérilisera presque systématiquement les femelles, sans trop de problème éthique. Par contre, les mâles gardent assez souvent leurs testicules. Dans la plupart des familles possédant plusieurs chiens en France, on stérilisera en priorité les femelles mais les mâles seront souvent laissés intacts.

Certaines personnes, de tous milieux, de tous horizons, professionnels ou pas, vous expliqueront (si vous prenez le temps de les écouter) que stériliser un animal c’est pour eux exercer sur lui un pouvoir déplacé et lui faire endosser l’irresponsabilité de toute la société humaine. Or, le chien n’a rien demandé. Il n’est pas responsable des abandons et au lieu de se responsabiliser, la société des hommes a trouvé une solution facile : stériliser les chiens.

Le chien est un être sentient, sensible, émotif, conscient de son corps et qui a des aspirations profondes. L’amputer de ses testicules, lui retirer ses ovaires, c’est oublier son corps, ses organes qui lui appartiennent. Alors les personnes qui refusent de stériliser leur chien ont souvent cet argument éthique qu’elles osent rarement exprimer. Pourtant, c’est cette éthique qui changera la vision de l’homme sur le chien, qui changera la société, qui diminuera les abandons. La Fondation 30 Millions d’Amis l’a bien compris au regard de ses magnifiques campagnes où elle ne s’adresse à rien d’autre qu’à l’éthique personnelle. « Quand un chien abandonne son maître, ce n’est pas pour partir en vacances ». « Je n’ai pas besoin de 30 millions d’amis, mais d’un seul. » « Attention, être sensible », etc. Par ses slogans, la fondation fait appel à l’éthique. Elle n’use pas de la menace et ne dit surtout pas aux humains ce qu’ils doivent faire avec leur chien. Ces campagnes sont pacifiques. Et si nous voulons qu’un jour tous les humains fassent preuve de bienveillance envers le chien, commençons à faire preuve de bienveillance envers leurs humains.

Tiré du livre "Le chien, cet animal qui nous échappe" d'Audrey VENTURA, en vente ici : https://amzn.to/3goAOjq ou en dépôt dans la publication épinglée en haut de la page Cynoconsult

Sur le sujet…

>>> Castration et comportement chez le chien
http://www.animalpsy.com/comportement-veterinaire-chien/83-castration-et-comportement-chez-le-chien
Merci d’occulter la partie sur la régression sociale, le chien n’etant pas un animal évoluant dans un système hiérarchique.

>>> Faut-il stériliser son chien ?
https://www.lepoint.fr/sciences-nature/les-bons-conseils-de-thierry-bedossa-faut-il-steriliser-son-chien-21-04-2018-2212392_1924.php

>>> Long-Term Health Risks and Benefits Associated with Spay/Neuter in Dogs
https://www.dogsnaturallymagazine.com/long-term-health-risks-benefits-spay-neuter-dogs/

>>> Neutering and Hip Dysplasia
https://www.youtube.com/watch?v=lZFzPmnWf4E

>>> « La stérilisation du chien : Pour ou contre… », format Kindle, janvier 2017 - Joël Dehasse

>>> Dr. Becker: The Truth About Spaying and Neutering
https://www.youtube.com/watch?v=enPCZA1WFKY

>>> Dr. Fontbonne pour la Dépêche vétérinaire : https://www.depecheveterinaire.com/sterilisation-ne-soyons-pas-dogmatiques_679A52823774B5.html

Audrey VENTURA
Comportementaliste
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