Association Bordelaise d'Egyptologie

Association  Bordelaise d'Egyptologie Aide ses adhérents à améliorer ou à approfondir leurs connaissances en Egypte Ancienne

07/05/2025
07/05/2025

Comme chaque année notre dernière Conférence aura lieu en partenariat avec nos associations amies de Périgueux ( Kemet) et de Limoges ( France Egypte Limoges) et se déroulera donc à mi-chemin à Périgueux le 14 juin 2025.
Veuillez trouver ci-après le programme de la journée
Nous espérons vous voir nombreux pour clore cette année égyptologique bien remplie.

07/05/2025

Le samedi 3 mai, nous rendrons hommage à notre ancien président, Jean-Luc Chappaz. Voici le programme. En espérant que vous serez nombreux à assister à cette journée qui s'annonce passionnante.

07/05/2025

Ecoutons ce collier-menat : il a tant à nous dire !
Ce "collier-menat" est composé d'une multitude de fils chargés de perles de plusieurs tons de bleu, parmi lesquels se distinguent de rares fils composés de perles multicolores. L'ensemble des fils est ensuite réuni, rassemblé - peut-être même vrillé ou tressé - à chaque extrémité pour ne former plus qu'un seul et unique cordon. C'est sur celui-ci que sont alors enfilées, de part et d'autre, des perles colorées, beaucoup plus grosses et de formes très variées. Elles sont principalement rondes et longues, mais l'assemblage, est différent d'un côté et de l'autre. Les perles de faïence, verre, agate, cornaline, lapis-lazuli, ou encore turquoise, se côtoient sans obéir, semble-t-il, à une harmonie définie, sauf peut-être, pour une raison d'équilibre aux extrémités, là où elles s'attachent au "contrepoids".
Cette partie significative du collier semble avoir été ajoutée plus t**divement. Comme le précise Paul Barguet dans "L’origine et la signification du contrepoids du collier-menat" : "Si le nom de menat apparaît déjà au Moyen-Empire, les représentations qu'on en a alors montrent le collier terminé par des pendeloques, et non par le contrepoids. C'est semble-t-il depuis la XVIIIème dynastie seulement que celui-ci existe".
D'une longueur de près de 15 cm, celui-ci est taillé dans le bronze. S'il est parfois indiqué qu'il reprend l'aspect d'un "trou de serrure", cette interprétation sur sa forme, émise notamment par Jean-Pierre Corteggiani ("L'Égypte ancienne et ses dieux"), nous semble des plus pertinentes et nous séduit - une fois encore ! - par l'imagination et la symbolique de l'Égypte ancienne : "On a montré sans difficulté que celle-ci, proche de celle de certaines 'poupées' retrouvées dans des tombes thébaines du Moyen-Empire, n’est que la stylisation d’un torse féminin réduisant le corps de la femme, dont la chevelure est évoquée par la masse des perles, à son bassin (partie circulaire) et à son buste (partie trapézoïdale), c’est-à-dire à ses deux fonctions essentielles : la mise au monde et l’allaitement."
Si ce collier pouvait être porté comme parure, il était, tout comme le sistre, un attribut de la déesse Hathor. "La menat, formée d'un lourd faisceau de fils de perles réunis en cordons à leurs deux extrémités, était l'attribut favori d'Hathor, et l'un des accessoires les plus habituels de son culte."
C'est ainsi qu'on le retrouve dans les mains de certaines déesses, de prêtres mais aussi de femmes - notamment au Nouvel Empire les chanteuses d'Amon - qui l'agitaient lors des cérémonies religieuses. En effet : "après avoir rabattu la masse des perles sur le contrepoids, il était utilisé comme instrument de musique liturgique, le frottement des deux parties l’une contre l’autre produisant un grésillement, sorte de cliquetis rythmique qui devait être comparable à celui du sistre : on le voit donc souvent dans les mains des chanteuses et des musiciennes ou dans celles des reines et des princesses qui jouent le rôle de prêtresses, secouant alternativement les deux instruments en les élevant vers les dieux" (Jean-Pierre Corteggiani).
Le "son" émis était magique et pouvait "apaiser un dieu ou une déesse" ; quant au "don de la menat", il signifiait la protection. Ainsi, tout naturellement, vient à l'esprit l'image du magnifique relief que Jean-François Champollion a ramené de la tombe de Séthi Ier (KV 17) et qui est exposé au Louvre (B 7). Il représente, dans un geste qui révèle une infinie tendresse, Hathor tendant son collier-menat au pharaon. "Spécifique de la déesse Hathor, il servait à transmettre son fluide. Le contrepoids est clairement associé à l'idée de renaissance et aux rites de transition, tandis que le geste est nettement jubilaire" analysent Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, dans "Art et archéologie, L'Égypte ancienne". Quant à Charles Boreux, dans son étude consacrée à "La statue du 'serviteur royal' Nofirronpit", il précise : "Hathor ne pouvait pas accorder à ses fidèles une faveur plus grande que celle de leur tendre sa menat et de la leur faire toucher, afin de les assurer de sa protection"…
Ce collier, daté du Nouvel Empire, du règne d'Amenophis III, a été découvert en 1911-1912 lors de fouilles menées par le Metropolitan Museum of Art de New York sur la rive ouest de Louqsor, au sud de la nécropole thébaine, plus précisément sur le site de Malqatta.
Christian Leblanc nous éclaire ainsi sur ce lieu : "La cité palatiale de Malqatta couvrait une très importante superficie : elle devait commencer là où se trouve le temple d'Aÿ-Horemheb au nord, et s'étaler jusqu'au Deir el-Chelouit au sud. C'était une véritable ville avec ses infrastructures, dont un immense lac (± 2,5 km de long x 1km de large), désigné sous le nom de Birket Habou, creusé artificiellement et alimenté par un canal venant du Nil. Cette structure aquatique, profonde de plus de ± 5 m, qui servait également de port, permettait l'alimentation en eau de la cité et pouvait, en certaines occasions, être également utilisée pour des cérémonies à caractère religieux. La ville fut fondée par Amenhotep III, peut-être bien avant son premier jubilé, comme semblent en témoigner certaines 'étiquettes de jarres' découvertes sur le site. La cour royale y vécut, entourée de ses dignitaires et de ses fonctionnaires. Le jeune Akhenaton et Nefertiti ont dû y séjourner avec leurs premières filles avant de quitter Thèbes pour Tell el-Amarna".
L'expédition du Metropolitan a fouillé le site pendant cinq saisons, de 1910 à 1921, sous la direction de Herbert E. Winlock. "Les membres de l'expédition égyptienne ont dégagé des sections du palais non excavées par Tytus et Newberry, et les restes de l'enceinte du palais qui n'avaient pas été détruits par les cultures. Ils ont également creusé et cartographié une grande partie de la zone environnante, y compris le Palais du Nord, plusieurs groupes de maisons privées, une fabrique de verre, une grande 'salle des fêtes' et un temple en briques crues dédié au dieu Amon".
C'est dans la "Private House B" qu'a eu lieu sa découverte. "Ce collier menat miraculeusement conservé et deux colliers de perles et d'amulettes à un seul rang ont été retrouvés dans le coin d'une pièce d'une maison privée près du Palais du Roi. Selon les fouilleurs, les trois colliers avaient été placés dans un sac en toile, dont les traces étaient encore visibles". La présence de ce sac de "protection" traduit très certainement, le fort attachement que leur propriétaire attachait à ces bijoux…
C'est en 1911, sous la référence 11.215.450, qu'il est entré - avec les deux autres colliers -, au Metropolitan Museum of Art grâce à un don du Rogers Fund.
marie grillot

Illustration : Collier-menat - faïence, alliage de bronze ou de cuivre, verre, agate, cornaline, lapis-lazuli, turquoise - Nouvel Empire - règne d'Amenhotep III - découvert à Malqatta en 1911 lors de fouilles du Metropolitan Museum of Art de New York, dirigées par Herbert Eustis Winlock - exposé au Metropolitan Museum of Art - référence 11.215.450 - photo du musée

sources de l'article et illustrations complémentaires sur égyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/2018/05/ecoutons-ce-collier-menat-il-tant-nous.html

Vous trouverez ci-après l'affiche de notre prochaine conférencière :Marie-Astrid Calmettes, Docteur en égyptologie (Univ...
24/04/2025

Vous trouverez ci-après l'affiche de notre prochaine conférencière :
Marie-Astrid Calmettes, Docteur en égyptologie (Université Libre de Bruxelles)

À partir de différents textes et images, nous partirons à la découverte de la façon dont les anciens Égyptiens concevaient le monde, le mettaient en mots et en images, c’est-à-dire à leur façon d’ « être au monde ».

A bientôt ...

14/04/2025

Les boucles d'oreille en or de la momie partie en poussière
A l'automne 1857, après trois ans "d'absence", Auguste Mariette est de retour en Egypte afin de préparer la visite du prince Napoléon ("Plonplon"). Pour cette mission "diplomatique", il bénéficie de solides appuis et recommandations (notamment de Ferdinand de Lesseps), ce qui lui vaut un excellent accueil de Saïd Pacha. Ce dernier met ainsi tout en œuvre pour lui faciliter la tâche. Mariette se permet alors de l'alerter sur une nécessaire préservation et sauvegarde des monuments pharaoniques : le vice roi s'avère très réceptif à cette suggestion.
Le 25 mars 1858, Camille Ferri-Pisani, secrétaire du prince Napoléon, écrit au souverain d'Égypte ces mots en faveur de Mariette : "Si votre altesse royale demandait à la France le concours d'un savant pour protéger son patrimoine et créer un musée, le gouvernement ne désignerait pas un autre homme que lui." Ce conseil sera-t-il décisif, voire déterminant ?
Toujours est-il qu'un important décret - dont voici un extrait - est édicté : "Monsieur Mariette veillera au salut des monuments… Il dira aux moudirs des provinces que le roi leur interdit de toucher toute pierre antique…" Le 1er juin 1858, il est nommé "mamour" - c'est-à-dire directeur - du tout nouveau Service des Antiquités de l’Égypte.
A bord du "Samanoud", une dahabieh que le vice-roi a mis à disposition, Auguste Mariette, accompagné de son collaborateur Théodule Devéria, remonte le Nil, afin d'expertiser l'état des sites. A la suite de cette inspection, il arrêtera une liste de 35 chantiers de fouilles qui emploieront plus de 2500 hommes ! On y trouve Tanis, Memphis et Saqqarah, Thèbes et Deir el-Bahari, Esnah, Edfou, Denderah, et puis Abydos, … où son profond et intime désir est d'y trouver le tombeau d'Osiris…
Mais ce lieu de culte, cette terre "consacrée par excellence", sur laquelle les pharaons ont fait construire des temples magnifiques et où les pèlerins affluaient dévotement, a perdu toute sa splendeur passée… Mariette ne trouve que ruines … "un immense champ de débris" écrit-il. En 1859, les fouilles débutent ; il les relatera dans plusieurs volumes …"Par malheur, on n’a trouvé aucune trace du grand temple qui, bâti en calcaire, a été certainement converti en chaux. Le tombeau d’Osiris et le puits décrit par Strabon ont disparu" …
Mariette s'emploie à déblayer les temples de Séthi et de Ramsès II. Il trouve de nombreux "ex-voto accumulés formant un véritable trésor scientifique" et, au total, six mille monuments, stèles, statuettes, objets de culte, etc…, seront sortis d'Abydos".
En juin 1859, alors qu'il fouille l'Osérion il fait une incroyable découverte qu'il relate ainsi dans "Abydos : description des fouilles" : "Nous avons trouvé, enfoncée et noyée à un mètre de profondeur dans le sol, une construction rectangulaire en briques crues, surmontée, à la mode du temps, d'une voûte également en briques. Dans l'intérieur était un cercueil en bois, et dans le cercueil en bois une momie. Tout cela est vierge. Malheureusement l'humidité avait atteint le cercueil, et le bois était si complètement pourri qu'il cédait, comme de l'amadou, sous la moindre pression du doigt. Quelques lettres d'une légende écrite à l'encre noire étaient encore visibles. La momie, de son côté, n'était pas en meilleur état ; à peine la voûte était-elle enlevée qu'elle se gerça, s'affaissa sur elle-même, et, au bout de quelques minutes, tomba en poussière. Ni son nom ni même son sexe n'ont pu être constatés. L'absence d'uraeus sur le front montre qu'il ne s'agit pas d'une momie royale. Des bijoux d'or la décoraient. L'étude des restes de la momie a prouvé que ce n'était pas à l'intérieur qu’on les avait déposés, mais à l'extérieur et en dehors des bandelettes auxquelles ils étaient cousus d'après un dessin que, naturellement, il a été impossible de reconstituer. Deux grosses boucles d'oreille avaient été soigneusement posées sur le fond du cercueil, de chaque côté de la tête, des ornements de laquelle elles semblent bien n'avoir jamais fait directement partie. C'est à Abydos, dit le Pseudo-Plutarque, qu'on enterre les plus riches et les plus considérables d'entre les Égyptiens, qui, tous, ambitionnent d'avoir une sépulture commune avec Osiris'. Nul doute que le personnage dont la momie vient d'être décrite ne soit un de ceux qui ont obtenu la faveur spéciale d'être enterrés dans l'enceinte du temple d’Osiris."
Voici un court extrait de la présentation que fait Gaston Maspero de ces pendants d'oreille dans son "Guide du visiteur au musée de Boulaq" de 1883, sous le numéro 3447. "De chaque côté de la tête étaient disposées deux boucles d'oreille, formées d'un gros disque garni à la circonférence d'une gorge de poulie. D'un côté du disque, on voit cinq uraeus, de l'autre, le nom et le prénom de Ramsès XIII. Cinq uraeus coiffées du soleil sont suspendues au-dessous et soutiennent sept autres uraeus pareilles au bout de sept chaînettes en or. Des boucles de cette taille ne se portaient pas aux oreilles : on les attachait à la perruque, de chaque côté de la figure. - XXe dyn. Abydos".
Dans "L'archéologie égyptienne", ouvrage publié en 1887, il les évoquera ainsi, sans concession : "Les boucles d'oreille de Ramsès IX, au musée de Boulaq, sont un composé disgracieux de disques chargés de filigrane (...) de chaînettes, d'uraeus pendants comme aucune oreille humaine n'aurait pu en porter le poids sans s'allonger outre mesure ou sans se déchirer".
D'une hauteur de 16 cm, d'un poids de 108 grammes, elles sont réalisées en or et portent un cartouche attribué, selon les sources, à Ramsès IX, XI, XII ou XIII.
Dans son "Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire - Bijoux et orfèvreries" publié en 1909, l'égyptologue Emile Vernier (qui les attribue à Ramsès XII), en fait, sous les références CG 52323 - 52324, une description extrêmement minutieuse.
Il détaille notamment la conception des pendeloques qui : "sont composées exclusivement d'uraeus de face, coiffés du disque solaire; le rang en contact avec la partie supérieure est composé de cinq uraeus. Les disques, les parties renflées des capuchons, et les parties inférieures sont autant de points de réunion. Le revers est découpé dans une seule plaque. Ce rang est donc rigide; il est relié à la partie supérieure par une charnière dont la goupille traverse toute la largeur du bijou. Sous cette bande, rigide, mais articulée par la charnière, pendent sept chaînettes qui supportent un nombre égal d'uraeus ; ceux-ci sont indépendants les uns des autres et se heurtent et se chevauchent au moindre mouvement".
Nous ne saurons jamais à qui ont appartenu ces boucles d'oreille, ni à quel pharaon ramesside elles se réfèrent précisément… Mais ce dont nous ne pouvons douter, c'est que ce bijou, par sa qualité et sa facture qui témoignent d'une maîtrise affirmée du travail de l'or, a dû être offert à une personne très chère, et qu'il devait l'accompagner dans son éternité …
Elles ont été enregistrées au Journal des Entrées du Musée du Caire JE 6085 - JE 6086 et au Catalogue Général CG 52323 - CG 52324.
marie grillot

Illustration : Boucles d’oreille de Ramsès IX (ou "XI - XII - XIII" ?) - or - XXe dynastie - découvertes dans le temple d'Osiris à Abydos en juin 1859 par Auguste Mariette pour le Service des Antiquités - Musée Egyptien du Caire - JE 6085 - JE 6086 - CG 52323 - CG 52324

sources de l'article et illustrations complémentaires sur egyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/2016/05/les-boucles-doreilles-en-or-de-la-momie.html

14/04/2025

Un sphinx d'Amenhotep III provenant de la collection d'Howard Carter
A "mille lieues" de l'imposante stature de ses deux sphinx de l'Amenophium aujourd'hui à Saint Petersbourg (4,90 m de long, 4,50 m de haut), ce petit sphinx d'Amenhotep III ne mesure que 25,1 cm de long et 13,3 cm de hauteur. Peut-être s'agit-il là d'une "reproduction miniature" d'un sphinx existant ?
D'une facture parfaite, reposant sur un socle rectangulaire, il est en faïence bleue : "Le ton uniforme de la glaçure bleue et l'état presque parfait de cette sculpture la rendent unique parmi les statuettes en faïence égyptienne ancienne" ("Metropolitan Museum of Art New York").
Le sphinx est une statue "hybride", qui est, le plus souvent, composée d'un corps de lion sur lequel repose une tête humaine. "Le sphinx égyptien était une entité protectrice et positive", et il représentait généralement le "portrait" du pharaon auquel il était dédié, ou allié.
Ainsi, revêt-il les attributs de pharaon, l'uraeus, la barbe postiche, et le némès dont la natte repose sur le dos. Son allure est d'une grande noblesse et son fin visage est paré de cet incomparable sourire énigmatique qui ne dévoile rien de son mystère… Ses grands yeux, étirés par une ligne de fard, sont surmontés de longs sourcils. La bouche, aux lèvres ourlées et closes, est parfaitement dessinée. Le nez est fin et les oreilles, plutôt grandes, sont travaillées avec un sens aigu du détail.
Le corps du félin est de proportions élégantes. Les pattes arrière sont repliées sous le corps et la queue, dans un joli mouvement, revient s'enrouler autour de la patte droite.
Amenhotep III est là, plus précisément, présenté sous l'aspect d'un "anthroposphinx", doté de bras humains, offrant des vases. En effet : "Lorsqu’un souverain décide de pérenniser sa participation à une liturgie précise, il dispose de statues de tous types offrant de nombreux vases accessoires, dont ces anthroposphinx couchés, alors dotés de bras. Ils peuvent ainsi se consacrer à toutes sortes d’activités qui consistent le plus souvent en la présentation d'un accessoire liturgique ou celle d’une offrande" précise Agnès Cabrol dans "Les voies processionnelles de Thèbes".
Il présente à la divinité - ou aux divinités -, deux vases "nou", peu hauts et de forme ronde, et contenant généralement du vin.
Dans le catalogue de l'exposition "Amenophis III, le Pharaon-Soleil", où il figure, Betsy M. Bryan apporte les informations suivantes : "Le sphinx offre des pots 'nou' et porte des bracelets incisés à chaque poignet ; un large collier apparaît au niveau des épaules sous la crinière. Sous le socle, un or***ce de deux centimètres permet de constater que le corps est creux, la tête pleine, et le matériau de fabrication rouge".
Le nom du souverain est inscrit entre les bras : "Le dieu bon, Nebmaâtré, doué de vie".
Ce sphinx est exposé au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d'entrée 1972.125 avec la précision "Lila Acheson Wallace Gift, 1972".
En "remontant" l'histoire récente de l'artefact, une autre indication mérite que l'on s'y arrête… Il provient de la "Collection Howard Carter" qui l'avait acquis en 1936. Dans l'excellente biographie qu'il consacre au découvreur de la KV 62 "The path to Tutankhamun", T.G.H. James apporte cet éclairage fort intéressant….
A la fin du printemps 1929, après son retour en Angleterre, Howard Carter fut contacté par William Valentiner, le directeur du Detroit Institute of Arts, qui souhaitait constituer les collections égyptiennes du musée. Assez rapidement, il lui laissa toute latitude pour acheter des artefacts, mettant à sa disposition des sommes conséquentes, et lui octroyant une commission de 10 % sur les acquisitions.
Cependant, quelque temps plus t**d, des problèmes financiers le conduiront à restreindre les achats, sauf en cas d'artefact de qualité exceptionnelle. C'est ainsi que, en 1936, Carter, lui proposera, par courrier, l'achat d'une merveilleuse pièce en faïence bleue datant de la XVIIIe dynastie, qui venait d'apparaître sur le marché. "Il s'agit d'un sphinx à l'effigie d'Aménophis III d'une qualité qu'il prétend à juste titre être 'inégalée' - il n'y a rien de tel dans aucun Musée. Il pourrait être acheté pour environ 25 000 dollars".
Howard Carter ne reçut jamais de réponse à cette proposition et le sphinx qu'il avait acquis resta sa propriété, jusqu'à son décès le 2 mars 1939… Puis : "par un hasard aussi étrange qu'ironique le sphinx d'Aménophis III, qui était encore en possession de Carter à sa mort, a été vendu à la Cranbrook Academy of Art à Bloomfield Hills, dans le Michigan, à quelques miles de Detroit. Il est maintenant l'une des précieuses possessions du Metropolitan Museum, mais pendant quelques années avant sa vente par Cranbrook, il a été placé et exposé au Detroit Institute of Arts, une concrétisation temporaire de ce que Carter avait vainement essayé de faire en 1936" !
A ce sujet, un article du 5 mai 1972 du "Reading Evening Post" (relayé le 8 novembre 2019 sur la page FB "Howard Carter Egyptologist") ferait état d'un "épisode intermédiaire", relatant des informations complémentaires relatives à la vente du sphinx. Ce dernier "aurait battu hier (4 mai 1972) le record mondial du prix de vente jamais atteint pour une antiquité égyptienne, puisqu'il a été adjugé pour 100000 £ - 10 fois plus que le record précédent. Un acheteur de New York, M. Robert Brown, a acheté le sphinx émaillé turquoise de 10 pouces de long, daté de 1410 à 1320 av. J.-C., pour un client inconnu… Il avait été acheté en 1940 pour 19 000 $ par la Cranbrook Academy of Art du Michigan, au nom de laquelle la vente d'aujourd'hui a eu lieu au Sotheby's Park-Bernet à New York".
Ce n'est qu'après "le retrait des enchérisseurs les plus forts" que le Metropolitan Museum of Art de New York a pu en devenir propriétaire…
marie grillot

Illustration : Sphinx d'Amenhotep III - faïence - XVIIIe dynastie - Metropolitan Museum of Art New York - acquis par Lila Acheson Wallace Gift, 1972, n° 1972.125 - provenant de la collection Howard Carter - photo du musée

sources de l'article et illustrations complémentaires sur egyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/2018/10/un-sphinx-damenophis-iii-provenant-de.html

ATTENTION CHANGEMENT DE SALLE!!!!!!!UNIVERSITE BORDEAUX MONTESQUIEU ( site de Pessac)BATIMENT C entrée 2 salle 004rue Lé...
08/04/2025

ATTENTION CHANGEMENT DE SALLE!!!!!!!
UNIVERSITE BORDEAUX MONTESQUIEU ( site de Pessac)
BATIMENT C entrée 2 salle 004
rue LéonDUGUIT

Nous recevrons pour la prochaine conférence
Linda Chapon, Docteur en Histoire et Art à l'université Paul Valéry de Montpellier, ci-dessous des renseignements plus précis.
A très bientôt ...

05/04/2025

Des autels "à cornes" pour brûler l'encens
Dans le culte aux divinités de l'époque pharaonique, la fumigation est, avec la libation d'eau, l'un des rituels de purification les plus importants de la liturgie. Supposé être une "émission du corps d'Osiris", l'encens avait notamment pour fonction de donner ou redonner vie aux défunts.
Il s'agissait cependant d'un produit fort rare en Égypte et l'on se souvient de l'expédition, menée au lointain Pays de Pount, par la reine Hatshepsout pour en rapporter, en l'an 9 de son règne, les précieux arbres le produisant.
Ce pouvait être comme dans ce cas précis, de l'oliban, mais aussi de la térébinthe, de la myrrhe, ou du styrax... Mais le plus recherché, le plus prisé, était le kyphi, produit par un mélange de 10 à 50 substances. "Idéalement, il comportait 16 ingrédients parmi lesquels figuraient, entre autres, du vin vieux, du miel, des raisins secs épépinés, de la résine de térébinthe, de l'asphalte, de la myrrhe, du lentisque, deux espèces de genièvre et de cardamome." (Jean-Pierre Corteggiani, "L'Égypte ancienne et ses dieux").
Des "ustensiles" spéciaux étaient dédiés à la combustion ou au "brûlage" de ces précieux "ingrédients" Ainsi, peu à peu, aux cassolettes ont succédé les encensoirs ou "Bras d'Horus", ou bien encore les braseros, dans lesquels brûlaient des boulettes de résines odoriférantes…
C'est à l'époque grecque - même si parfois on lui attribue plutôt une origine moyen-orientale - que l'ont vit apparaître en Egypte ce genre d' "autel à cornes" ou "à acrotères" qui, par la suite comme le précise le Musée du Louvre, se propagera : "dans tout l’Empire romain, grâce à la diffusion du culte d’Isis et de Sarapis".
L'usage de l'encens s'étant pour ainsi dire "démocratisé", on l'utilisa pour le parfum du corps, mais aussi pour un usage "domestique" … Ainsi brûlait-il pour que la demeure sente bon, pour qu'elle soit purifiée ou bien encore protégée contre les serpents ou les scorpions. L'offrande de l'encens était également dédiée aux défunts.
Ce petit autel à cornes en terre cuite, que l'on peut assimiler à un brûle-parfum portatif, est haut de 15 cm et large de 12cm. La notice du grand musée parisien, rédigée par Marie France Aubert, le décrit ainsi : "De section carrée, le petit autel est massif et trapu. Le foyer est rempli d’une substance dure et compacte gris foncé. La polychromie est bien conservée : des bandes rouges, grises et vertes à la partie supérieure et des écailles imbriquées à la partie centrale. Ce type d’autel, destiné au culte funéraire ou, plus rarement, domestique, servait à brûler encens ou aromates. Des échancrures rectangulaires découpent la base évasée. Un double tore prononcé délimite la partie centrale. Le couronnement de la partie supérieure est caractérisé par quatre pointes, correspondant aux angles, reliées par une ligne incurvée. Le tout est souligné par une moulure adoucie. Le centre est creusé en cuvette formant le foyer où sont conservés les restes carbonisés d’encens ou de produits aromatiques".
Daté du IIIe siècle, il a été découvert par Albert Gayet, en 1905, dans la nécropole d'Antinoé (Moyenne-Egypte) et il est entré dans les collections (E 12385) dans le cadre du partage après fouilles.
De nombreux autres modèles ont été retrouvés dans le contexte funéraire, ce qu'explique ainsi Marie-France Aubert : "L’offrande de l’encens faisait partie des funérailles et, dans ce cas, l’encensoir était ensuite placé dans la tombe, ce qui explique le grand nombre de ces objets trouvés dans les sépultures. Mais il semble aussi que l’on répétait le rite au cours des visites à la tombe".
Il est intéressant de préciser qu'ils sont, en "miniature", à l'image de ceux beaucoup plus imposants que l'on trouvait dans les temples ou devant les tombeaux. Les officiants accédaient alors à la plateforme par un marchepied ou un escalier, et déposaient, en quantité importante, des produits aromatiques, des pommes de pin par exemple, pour honorer pharaon, dieux et déesses mais aussi pour les défunts…
Celui qui est peut-être le plus connu se trouve en Moyenne-Egypte, à Touna el-Gebel, devant le tombeau de Petosiris, grand prêtre de Thot, entre 341 et 332 avant J.-C.. "Un autel se dresse sur le côté est de l'allée, à 11 mètres du tombeau, s'encastrant partiellement dans le dallage qu'il déborde d'environ 0,80 m. Cet autel est surmonté de 4 coins triangulaires, ou cornes, sa hauteur totale est de 2,40 m, y compris les cornes, qui mesurent 0,66 m ; la largeur des côtés est de 1,43 m" ("Le tombeau de Petosiris" par M. Gustave Lefebvre).
On en trouve également dans le domaine d'Amon à Karnak. Ainsi, dans "Les voies processionnelles de Thèbes", Agnès Cabrol précise : "Nous savons par exemple que l'autel à cornes du parvis de Karnak-Est est employé pour célébrer les rites en rapport avec Djémé. Un autel en relation avec l'Akhmenou fonctionne également lors de la sortie d'Osiris décrite dans le papyrus Louvre N 3176"…
Il est important de signaler que, dans son intéressant article "Les autels 'à cornes' ou 'à acrotères' en Égypte", publié dans le BIFAO 83, Georges Soukiassian évoque un troisième type que nous n'avons pas abordé, et qui peut être considéré comme un "mobilier" cultuel : "On peut classer les autels à cornes d'Egypte en trois catégories : des autels de pierre ou de maçonnerie qui se trouvaient en plein air devant les tombes ou les temples ; des autels portatifs de bronze utilisés dans les temples ; des autels miniatures de terre suite ou de bronze, utilisés comme brûle-parfums dans le culte funéraire".
marie grillot

Illustration : Autel "à cornes" ou "à acrotères" - terre cuite peinte - IIIe siècle ap. J.-C. - découvert par Albert Gayet lors de fouilles menées à Antinoé en 1905 - Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre - Inv. E 12385 - photo © 2008 Musée du Louvre / Georges Poncet

sources de l'article et illustrations complémentaires sur egyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/2021/03/des-autels-cornes-pour-bruler-lencens.html

02/04/2025

Égypte antique - Visite d'Alexandrie en 59 avant. J.-C.

“Comme il avait décidé de fonder en Egypte une grande ville, il donna aux gens qu’il laissait sur place avec cette mission l’ordre de l’édifier entre le lac et la mer. Une fois le terrain arpenté et divisé en quartiers selon toutes les règles de l’art, le roi donna à la ville le nom d’Alexandrie, tiré du sien propre.

Elle est très favorablement située, près du port de Pharos, et l’habile tracé des rues, qui est l’œuvre du roi, fait qu’elle est traversée par le souffle des vents étésiens. Comme ceux-ci soufflent sur les vastes étendues de la mer et rafraîchissent l’air de la ville, le roi dota les habitants d’Alexandrie d’un climat tempéré, source de santé. Il jeta également les fondations de l’enceinte, qui est une dimension extraordinaire et d’une solidité stupéfiante.

Située en effet entre un grand lac et la mer, elle ne dispose que de deux voies d’accès terrestres, étroites et très faciles à garder. La forme qu’il lui donna est celle d’une chlamyde, avec une grande avenue qui coupa la ville presque par le milieu, une merveille par ses dimensions et sa beauté.

Elle s’étend d’une porte à l’autre sur une longueur de quarante stades (7 kilomètres) et une largeur d’un plèthre (30 mètres), et elle est tout entière ornée d’édifices somptueux, maisons et temples. Alexandre ordonna aussi d’édifier un palais : ce grand et puissant ouvrage est lui aussi une merveille.”

(Texte de Diodore de Sicile, 1er siècle avant J.-C.)

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