01/03/2025
Un texte très bien écrit qui résume très bien la situation actuelle de notre métier
Merci pour ce post 🙏
L'ostéopathie animale en 2025
La TVA est au cœur des préoccupations de nombreux entrepreneurs en ce moment… du moins pour ceux qui ne sont pas encore assujettis. Mais au-delà de cette question fiscale, un problème bien plus préoccupant pèse sur l’avenir des ostéopathes animaliers en France : une précarisation croissante face à un marché saturé et une réglementation encore floue.
Une explosion du nombre de diplômés
Aujourd’hui, la France compte près d’une trentaine d’écoles d’ostéopathie animale, et chaque année, environ 1 000 nouveaux diplômés rejoignent le marché. À première vue, cela pourrait sembler positif : la reconnaissance de la profession progresse via la validation par l'ordre vétérinaire et la demande en soins pour les animaux ne cesse d’augmenter.
Cependant, la réalité économique est bien différente. Malgré cinq années d’études intensives mêlant cours théoriques, stages pratiques et investissements personnels conséquents, l’insertion professionnelle est un véritable parcours du combattant. Le coût total d’une formation varie entre 40 000 et 55 000 euros, une somme considérable pour un métier dont la rentabilité reste incertaine.
Une profession en souffrance :
Les chiffres sont sans appel
-Seuls 30 % des ostéopathes animaliers restent en activité après trois ans.
-La majorité exerce en complément d’un autre métier, faute de revenus suffisants.
-Beaucoup finissent par abandonner et se réorienter, faute d’une clientèle stable.
Pourquoi cette situation ? Parce que le marché est tout simplement saturé. Dans certaines écoles, les promotions de première année comptent presque 100 étudiants… À titre de comparaison, nous n’étions que 12 diplômés dans ma promotion après 5 ans.
Il est temps de se poser la question : jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ? Aujourd’hui, malgré la passion et la détermination de nombreux jeunes, il devient de plus en plus difficile de recommander cette voie en toute honnêteté. Peut-on continuer à encourager des étudiants à investir des dizaines de milliers d’euros dans une formation qui, dans la majorité des cas, ne leur permettra pas de vivre dignement ?
Il ne s’agit pas de briser des rêves, mais de faire preuve de lucidité. Tant que le cadre réglementaire ne sera pas clarifié et que le marché continuera à être inondé de professionnels sans perspectives viables, l’ostéopathie animale restera pour une grande majorité un métier précaire, exercé par passion plus que par nécessité économique.
J’en suis presque navrée de susciter des vocations via cette page, car très honnêtement, si j’avais eu pleinement conscience des difficultés actuelles, je ne suis pas certaine que je me serais lancée en 2025 …et vous savez ô combien j'aime mon métier ...
Ce texte est aussi une réponse aux nombreux mails que je reçois de parents inquiets, qui me demandent souvent quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce métier. Le problème, c’est qu’elles sont nombreuses et souvent non corrélées : on peut être un excellent ostéopathe mais un mauvais entrepreneur. Malheureusement, pour réussir et pérenniser son activité, il faut absolument maîtriser ces deux aspects.
Photographie : Marie Gibert