29/04/2025
C’est pour éviter ce genre de comportement qu’il est nécessaire et de notre responsabilité, d’apprendre quels sont les besoins de vie de nos animaux, et ne pas les confondre avec les nôtres.
Bien connu de la génération Y, le dessin animé Les Tiny Toons mettait en scène le personnage d’Emlyra Duff, une petite fille obsédée par les animaux sur lesquels elle exerçait un amour suffoquant qui les confinait au cauchemar. Un comportement que l’on peut rapprocher de celui de nombreux individus pour qui le désir de posséder un être vivant passe bien avant les besoins de ce dernier. Mr Mondialisation se propose de théoriser cette attitude sous le nom du « syndrome d’Elmyra ».
L'adoration pour les animaux peut devenir envahissante au point de leur nuire. Affection étouffante et mal dosée, objectification, désir de contrôle permanent, mésestimation des intérêts et du bien-être, si l’on n'est pas vigilant, les écueils peuvent être abondants. Décryptage du « syndrome d’Elmyra ».
➡️ Un amour « sincère »
L’affection que certaines personnes peuvent porter aux animaux peut être sincère, tout en étant pourtant parfois néfaste. De nombreux individus projettent alors leur propre volonté sur leurs compagnons. Or, ce que nous souhaiterions pour nous-mêmes n’est pas forcément ce que l’animal désirerait. C’est le cas par exemple de l’excès de câlin qui peut causer du stress chez certains.
Ce surplus d’amour peut aussi nous inciter à trop les nourrir (ce qui engendre de l’obésité), ou bien à les surprotéger. Certains peuvent ainsi les empêcher de sortir, par peur qu’il ne leur arrive quelque chose ; or en agissant de cette manière, on risque de provoquer l’ennui ou l'anxiété.
➡️ Un anthropomorphisme dangereux
Le fait de traiter les animaux comme s’ils étaient des êtres humains peut aussi conduire à des effets nuisibles sur leur bien-être. Cela peut passer, entre autres, par un excès d’hygiène non nécessaire, ou par l’interprétation de comportements animaux comme une émotion pourtant propre à notre espèce. On pense de même aux bêtes qui sont déguisées ou mises en scène devant les caméras pour devenir des « stars » des réseaux sociaux, ce qui est rarement pour leur plaire.
Aussi, les attitudes humaines envers les animaux ne sont pas nécessairement comprises par ces derniers, et cela peut leur susciter du stress et de l'inconfort.
➡️ Posséder plus que respecter
Par moment, certains individus vont même traiter leurs bêtes comme un véritable objet. L'animal appartient à son « maître » et doit se plier à sa volonté. C’est particulièrement le cas d’animaux totalement incompatibles à la vie dans un foyer humain. Si certains, comme le chien et le chat, se sont adaptés à évoluer à nos côtés, d’autres seraient beaucoup mieux en liberté.
On pense par exemple aux poissons et tortues, enfermés dans un aquarium, mais aussi aux oiseaux prisonniers de cages, aux serpents, ou autres souris, soumis au stress permanent d’une existence entre quatre parois.
➡️ Un animal n’est pas une peluche
Certains individus veulent ainsi posséder des animaux uniquement parce qu’ils sont « mignons » ou parce qu’ils sont fascinants à observer. Une attitude qui rappelle totalement celle du personnage d’Elmyra qui enfermait tous les êtres vivants qu’elle trouvait beaux dans des cages pour pouvoir les câliner et les traiter comme des bébés à l’infini.
L'animal est alors réduite à un rôle quasi décoratif, comme si ses intérêts propres n’existaient plus, mais que seul le contentement du « maître » comptait. Considérer un animal comme un objet de collection, une figurine ou une peluche sera la plupart du temps fait dans le déni le plus complet.
➡️ Jusqu’au syndrome de Noé
Le syndrome d’Elmyra pourrait aussi se lier à celui de Noé, qui consiste à accueillir une quantité impressionnante d’animaux à son domicile sans être en capacité de répondre à leurs besoins.
Les personnes dans ce cas se retrouvent alors avec des dizaines d'animaux chez eux et finissent par sombrer dans des conditions de vie insalubres. Soit par une volonté de « collectionner » le plus possible d’espèces, soit par un déni total, en étant persuadé de répondre à toutes les attentes des animaux concernés et de les « sauver ». Une pathologie que l’on peut également rapprocher du syndrome de Diogène, qui lui porte sur les objets.
➡️ Une peur certaine de l’abandon
On pourrait expliquer le syndrome d’Elmyra par une peur réelle de l’abandon. Exercer un contrôle total, en allant jusqu’à nier les intérêts de l’animal, permet de se rassurer soi-même et vient sans doute combler un vide plus profond.
Projeter un amour étouffant sur une créature, c’est aussi une façon de se protéger de la déception ; contrairement à l’être humain, celui-ci ne « trahira » pas cette relation. Ce type de comportement est cependant non seulement nocif pour le bien-être de la bête, mais également pour son « possesseur » qui risque d’en faire pâtir sa propre vie sociale et d’inventer des besoins imaginaires à un animal, le tout à son désavantage. Une situation où personne n’est gagnant.
➡️ La liberté et le bien-être avant tout
Pour ne pas tomber dans le syndrome d’Elmyra, il est donc nécessaire de lutter contre notre anthropomorphisme, mais aussi d’essayer de comprendre les envies réelles des animaux qui peuvent parfois évoluer à nos côtés.
Ainsi, la meilleure façon d’aimer et d'aider des êtres sensibles peut quelques fois résider dans le fait de les laisser vivre en paix en tenant compte de leurs intérêts. Un processus qui pourrait bien commencer par arrêter de les exploiter, de les tuer ou de les manger. Une preuve de respect encore malheureusement bien peu exercée au sein de l’humanité.
✍🏼 Simon Verdière
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