27/07/2025
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Trois jeunes cavaliers, trois trajectoires vers l’excellence
Lors du dernier championnat d’Europe de saut d’obstacles à La Corogne, en Espagne, trois jeunes cavaliers français ont brillé par leur talent, leur engagement et leur maturité : Jeanne Sadran, Nina Mallevaey et Antoine Ermann. Au-delà de leurs performances sportives, c’est avant tout leur histoire, leurs valeurs et leurs chemins singuliers qui méritent d’être mis à l’honneur.
Avant d’être des athlètes de haut niveau, ces jeunes ont été accompagnés, guidés et portés par des familles investies. Chez eux, les valeurs fondamentales ont été transmises dès le plus jeune âge : le respect, le goût de l’effort, la capacité à apprendre, à écouter, à se remettre en question, et un bel esprit combatif. Ils ont eu la chance de grandir dans des environnements où l’appui technique allait de pair avec une sensibilisation profonde aux valeurs d’Hommes de cheval. Tous ont été éduqués dans une vision globale du sport.
Le parcours de Jeanne Sadran illustre parfaitement la puissance de l’engagement personnel. Jeanne, fille d’un grand chef d’entreprise, évolue aujourd’hui dans une structure solide. Si les moyens aident — et il faut avoir l’honnêteté de le dire —, ils n’expliquent pas tout. Être “la fille de”, ce n’est pas toujours simple non plus : il faut composer avec les regards extérieurs, les attentes, les comparaisons, et parfois même les préjugés. Jeanne est avant tout une bosseuse acharnée, passionnée depuis l’enfance, exigeante envers elle-même, qui n’a jamais cessé de mériter sa place. Sa détermination est admirable. Son évolution est le fruit d’un vrai travail de fond, d’une discipline de chaque instant.
Nina Mallevaey, quant à elle, s’est d’abord illustrée dans le monde du poney, où elle a accumulé les succès. C’est à cette période qu’elle a rencontré Jeanne, et que leur complicité est née. Grâce à cette rencontre, elle a été intégrée dans un environnement structuré, l’écurie Chev’EL, où elle a pu faire ses premiers pas en concours cinq étoiles. Sa trajectoire s’est ainsi consolidée grâce à ce passage remarqué, puis à une recommandation qui l’a menée jusqu’à Éric Lamaze. Ce dernier ayant rencontré des difficultés avec ses propriétaires, Nina a su se faire apprécier, jusqu’à prendre la place laissée vacante par le maître canadien. Aujourd’hui, elle vit une aventure exceptionnelle avec ces propriétaires, dans un cadre qui lui permet d’exprimer tout son potentiel.
Enfin, l’histoire d’Antoine Ermann. Antoine a grandi dans une petite structure équestre familiale, portée par des parents passionnés, fins connaisseurs et profondément ancrés dans la culture cheval. Depuis toujours, ils ont su trouver, au bon moment, les chevaux justes, sans jamais dépenser de folies, pour accompagner chaque étape de la progression d’Antoine.
Dans cet environnement, Antoine s’est forgé sans raccourci ni privilège, avec une détermination hors du commun. Le manque de moyens a pu être un obstacle, mais pour Antoine, il a surtout été un levier, une force motrice. Il s’est battu, parfois littéralement “à la force des bras”, pour faire sa place.
Travailleur acharné, discret mais d’une justesse remarquable à cheval, Antoine est l’exemple même du cavalier qui progresse par le mérite. Rien ne lui a été offert, si ce n’est la confiance de ses proches et une foi inébranlable en son rêve. Sa rencontre avec Jeanne Sadran a été un tournant, à la fois humain et professionnel. Elle a donné naissance à une collaboration sincère et exigeante, où chacun soutient l’autre dans son évolution.
Ensemble, ils incarnent cette mixité précieuse que permet le monde du cheval, où la passion rassemble des individus d’horizons variés et peut donner lieu à de véritables histoires de vie, de sport et parfois d’amour.
Mais ce qui rend le parcours d’Antoine encore plus exceptionnel, c’est l’histoire qu’il partage avec son cheval de cœur avec lequel il a participé au championnat d’Europe et qu’il a repéré alors qu’il n’était qu’un poulain de six mois. Là où beaucoup achètent des chevaux prêts à concourir, Antoine a choisi de construire. Il a tout fait lui-même, pas à pas, avec patience, exigence et respect. Aujourd’hui, les fruits de ce travail éclatent au grand jour, sur les épreuves les plus relevées. Leur complicité, leur progression commune, leur fidélité l’un à l’autre illustrent ce que l’équitation a de plus noble.
Dans l’ascension remarquable d’Antoine, il serait juste de citer Jérôme Ringot, son enseignant de toujours, qui a su, dès les 14 ans d’Antoine, l’orienter sur la bonne voie. Même si la distance les sépare aujourd’hui, le lien qui les unit reste intact — empreint de respect, de reconnaissance et de cette confiance rare qui marque les rencontres fondatrices.
Ce qui unit ces trois jeunes cavaliers, au-delà de leurs différences d’origine et de parcours, c’est la passion. Une passion sincère, profonde, presque viscérale, qui leur a permis de traverser les obstacles et de bâtir leur propre chemin. Dans le monde du cheval, où se croisent des individus issus d’univers très variés, cette passion commune a le pouvoir de rassembler, de créer des liens puissants, et parfois même, de faire naître des histoires dignes des plus beaux contes de fées.
Leur présence en équipe de France est une chance.
Ils incarnent une nouvelle génération, à la fois respectueuse des traditions et tournée vers l’avenir, pratiquant une belle équitation classique à la française. Leur exemple montre que, dans ce sport exigeant, on peut réussir en restant fidèle à ses valeurs, en travaillant dur, et en ne cessant jamais d’y croire.
Il est important de rappeler que ces parcours, aussi brillants soient-ils, sont d’abord le fruit d’un long engagement personnel, familial et professionnel. Un travail discret, parfois invisible, mais toujours déterminant. Si les institutions ont naturellement un rôle à jouer dans l’accompagnement des jeunes talents, elles ne doivent jamais occulter ou s’approprier ce qui a été construit ailleurs, souvent dans l’ombre, avec passion, patience et beaucoup de sacrifices. Le sport se grandit lorsqu’on reconnaît justement les contributions de chacun, dans leur diversité.
Enfin, je tiens à préciser que si je cite ici l’écurie Chev’EL, où j’ai moi-même travaillé par le passé, mon propos n’est guidé ni par reconnaissance, ni par intérêt. Je n’attends rien, je ne me sens redevable de rien : mon intention est uniquement de souligner, avec neutralité, le rôle que certaines écuries peuvent jouer dans le développement des jeunes talents, lorsqu’elles prennent leur mission d’accompagnement à cœur.
Compliments donc à ces trois jeunes, et bonne continuation à eux.
En leur souhaitant un merveilleux parcours équestre — et une belle vie.
Sportivement vôtre, Éric
Crédit photo: DR