08/03/2025
Excellent article !
Pieds ferrés VS pieds nus
Le sujet n'est pas vraiment dans le thème de la page, bien qu'à mon sens pieds nu ne puisse pas aller sans pâturage ... et il me crispe un peu tant je sais La Fureur qu'il est capable de faire déferler... mais on me l'a demandé, et il est certes intéressant
👋Alors plusieurs choses avant de commencer !
Tout d’abord, cet article sera résolument ouvert d’esprit, et j’espère que vous le ressentirez tout au long de ses lignes !
Ensuite, sachez que je suis personnellement convaincue, non pas par mode, mais au terme de 5 années de recherches personnelles, d’expérimentation (de 4 méthodes de parages, après quoi j’ai enfin trouvé la bonne pour mon cheval), de remise en question, et d’apprentissage du parage (que j’ai finalement délégué à un pareur, n’ayant pas la volonté de le faire moi-même).
Même si ma conviction ressortira inévitablement dans cet article, en le lisant, vous verrez qu’elle n’est pourtant pas aveugle, et que mon expérience m’a finalement prouvée que rien ne saurait être absolu.
Je comparerai donc les deux possibilités (fers et pieds nus) le plus objectivement possible, et surtout, en n’essayant pas de convaincre ni de faire de prosélytisme !!
Chaque décision doit être le fruit d’une expérience personnelle, et certainement pas prise sur un coup de tête après une lecture sur internet !
Je ne parlerai pas des méthodes de parage, tout d’abord parce que chacun prêche pour sa paroisse, et je suis pour l’expérimentation personnelle, et ensuite, parce que je pense que le meilleur des pieds est celui qui est adapté à son environnement, et non pas à des mesures normatives qui voudraient faire rentrer tous les pieds de tous les chevaux dans la meme boite (il va sans dire qu’évidemment, de grands principes physiologiques restent indispensables à respecter, pour tous les chevaux).
Je ne parlerai pas non plus de parage naturel. Je préfère l’appeler physiologique. Un parage ne peut pas être naturel, les deux termes sont oxymoriques. Par contre, il peut respecter la physiologie du pied et du corps du cheval.
De la même manière qu’un parc n’est pas un mode de vie naturel pour un cheval, mais il offre les meilleures conditions physiologiques possibles en captivité, en respectant au mieux les besoins fondamentaux des chevaux.
Et enfin, je ne tolèrerai AUCUN commentaire agressif, ni PRO ceci ou PRO cela !
Vos expériences sont les bienvenues, mais certainement pas les guerres de pâturage (puisqu’il faut se remettre dans le theme 😁) !
Tous propos subversifs, insultant, racoleurs… seront supprimés sans la moindre sommation.
Fin de la parenthèse préventive 😁
👌Commençons donc sereinement !
Par les pieds nus ! Puisque c’est ce qui arrive au monde en premier ! Couronnés de magnifiques doigts de fée, destinés à s’évaporer aussi vite au contact du sol que la merveilleuse innocence du nouveau-né !
Tous les chevaux sont objectivement et naturellement fais pour vivre pieds nu, puisque la nature les a fait aussi résistants qu’ils en avaient besoin pour survivre.
Mais toutes les équitations, tous les moyens de détention, toutes les sélections… ne peuvent pas être compatibles avec des pieds nus.
Laisser (ou passer) un cheval pieds nu, c’est accepter des sacrifices et des compromis ! Non pas de la performance ! Mais du temps et de la manière qu’il faudra pour l’atteindre !
Comprenez que les pieds des chevaux sont exactement façonnés par la stimulation que leur offre leur habitat, et leur entrainement, et cela, en temps quasiment réel.
👉Cela signifie qu’il ne peut pas y avoir un écart conséquent entre ce que le pied à l’HABITUDE de supporter, et le plus gros effort que vous lui demanderez, sans entrainement entre les deux.
💡Par exemple : si un cheval pied nu vit toute l’année dans une terre boueuse, et est habitué à sortir 2h par semaine sur du terrain dur… ses pieds sont exactement fonctionnels pour cela.
Si vous dépassez d’une heure le temps de balade hebdomadaire… le cheval devrait s’y faire…
Si vous dépassez de plus en plus, et progressivement, les pieds vont s’adapter …
Par contre, si d’un seul coup vous partez 6j en randonnée … c’est la casse assurée 😬
👉Ce qu’il faut retenir, c’est que les pieds d’un cheval, s’ils sont nus, nous OBLIGENT à respecter un temps d’entrainement physiologique, nécessaire à leur endurcissement.
Exactement de la meme manière que si nous quittions subitement nos chaussures et allions courir sur les cailloux … cela serait impossible.
Mais à force d’entrainement, nos pieds deviendraient cornus, et cela deviendrai facile !
🙄(évidemment, il existe des individus plus ou moins resistants aux grosses variations d’efforts, et d’autres qui se mettent à boiter à la 59e minute, et pas une de plus …).
👉Le pied nu est donc difficile à assortir à nos ambitions équestres, en cela qu’il nous oblige au maintien d’un niveau constant d'entraînement, et/ou augmentant progressivement.
🤷Ce qui, chacun sait, n’est facile pour aucun cavalier !
Plus votre activité sera pratiquée sur des terrains doux (herbe, carrière en sable…), et moins vous aurez besoin d’entrainement des pieds.
Plus l’activité sera pratiquée en terrains abrasifs (randonnée sur terrains caillouteux, endurance…), et plus vous serez obligés de maintenir un niveau d’entrainement régulier, mais aussi, plus vos chevaux auront des pieds durs et résistants 👊
👉En réalité, si les pieds nus sont souvent la sonnette d’alarme que le niveau d’entrainement est dépassé (cheval qui se met à boiter car pieds trop usés), il sont un excellent indicateur de la regularité et de la progressivité de notre entrainement.
Car si ce sont les pieds qui expriment en premier la douleur, c’est tout le corps qui est incorrectement sollicité en cas d’entrainement irregulier et non progressif !
Mais le corps est bien plus silencieux, les blessures plus longues à s’installer, et visibles à plus long terme !
Avoir un cheval pieds nus, c’est donc une hygiène de vie et d’entrainement, sans laquelle rien n’est possible ! C’est donc à priori possible pour tous les chevaux, mais pas pour tous les cavaliers 😛
👉L’environnement jouera aussi un rôle primordial dans le maintien d’un pied nu en bonne santé, et celui-ci ne pourra l’être qu’à condition d’une gestion globale du mode de vie. Le déplacement notamment (et donc la possibilité de vivre dehors) sera partie intégrante de l’entrainement (physiologique, proprioceptif, anatomique…) d’un pied nu.
🏇Mettre des fers à un cheval, c’est donc un moyen de rendre « pérennes » des conditions d’entrainement délétères au cheval, et donc de se faciliter l’équitation !!
En effet, le pied étant toujours « protégé » par sa chaussure métallique, n'a plus besoin de se soucier de la dureté d’un terrain, ni de la durée d’exercice, puisque le cheval sera toujours à l’aise dessus.
Des lors, on peut facilement laisser son cheval au pré toute l’année, et sauter dessus pour faire le rallye machin-chose pendant 4j à la belle saison…
Certains vrais sensibles chercheront quand même un peu les bas-côtés, l’herbe des milieux de chemin … mais dans l’ensemble, ils seront quand même beaucoup plus « capables à la demande » que des pieds nus non entrainés
C’est donc une véritable opportunité dans la performance, et dans la progression, puisqu’on n’est plus ralentis par la fragilité du pied.
❓Mais si l’on a muselé les seuls témoins capables d’expression de la douleur que sont nos pieds nus … quelles alarmes nous reste-t-il pour témoigner de l’outrepassement des possibilités physiques permises (ou pas) par l’entrainement … à court terme? plus aucune !
On peut donc sans s’en apercevoir dépasser régulièrement les possibilités musculaires, articulaires, neurologiques, cardiaques, pulmonaires et récupératives d’un cheval ferré, qui ne rechignera plus puisque n’ayant plus besoin d’écouter ses sensibles petites patounettes.
Si le cheval n’aura sur le moment qu’un petit coup de chaud, quelques courbatures, ou au pire deux ou trois crampes…Cela aura bien évidemment des répercussions à long terme sur tout l’organisme.
En choisissant de ferrer, on choisit donc de se passer du signal d’alarme le plus précoce d’un excès d’exercice, ou d’un exercice prématuré par rapport à l’entrainement. Ce faisant, il faudra donc être d’autant plus attentif aux signes plus discrets, car le corps du cheval ne sera pas moins abimés parce qu’il ne peut pas s’exprimer bruyamment.
Par ailleurs, on sait aujourd'hui de manière scientifique que les fers atrofient les structures du pieds, conduisant plus ou moins vite à leur encastellement et à toutes les pathologies associées (manque de stimulation solaire, syndrome naviculaire, crapeau, pourriture...).
Exactement comme les pieds jadis bandés des jeunes chinoises : leurs os grandissaient malgré la contrainte des bandages, mais leurs pieds se recroquevillaient vers le haut.
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Voilà que nous avons comparé les deux grands modes de gestion des pieds des chevaux.
Vous remarquerez que je me suis efforcée de ne citer que des faits objectifs, et de ne pas baser mon argumentation sur des croyances, des guerres de clan, ou des faits non encore démontrés.
ℹ️De nombreuses études montrent désormais la modification de la foulée naturelle des chevaux lorsqu’ils sont ferrés, la différence de vascularisation, de chaleur des pieds … mais celles-ci sont parfois controversées, contredites…. Aussi, si cela vous intéresse, vous questionne… je vous invite à votre tour à faire le long chemin d’apprentissage et d’expérimentation qui vous mènera à faire VOS PROPRES choix
👉L’argument selon lequel un cheval monté (et donc utilisé de manière non naturelle) a besoin de chaussure (non naturelles, pour compenser une usure non naturelle) est en un sens vrai … on ne peut pas monter un cheval sans respecter ses besoins physiologiques d’entrainement et de repos, si on lui met pas de fers.
Pourtant, un cheval sauvage parcours pieds nus bien plus de kilomètres qu’il ne le fait en captivité. Tellement plus qu’on ne peut pas prendre le facteur cavalier comme suffisamment « sur-usant » pour justifier le port de fers !
👉Mais la différence réside dans ce maitre mot qu’est l’ADAPTATION !
Au naturel, un cheval est né et à déambulé toute sa vie sans fers ! L’hostilité de son environnement, la nécessité de se déplacer sans cesse sur des terrains parfois difficiles lui a façonné des pieds durs comme la pierre. Il est donc ADAPTÉ à son mode de vie.
En captivité, nous peinons terriblement à reproduire ces conditions, aussi, nous avons des chevaux aux pieds faibles, donc non adaptés à des efforts conséquents, ce qui peut parfois nous interroger sur la nécessité de les protéger.
De plus, il faut bien le reconnaitre, nos volontés de performance nous font souvent choisir le chemin de la rapidité. Car en effet, avoir un cheval pied nu ET performant, c’est autant de travail technique qu’environnemental.
Je pense donc pouvoir dire objectivement qu’avoir un cheval pied nu, ce n’est pas forcément facile, et encore moins lorsqu’on veut performer vite.
De plus, dans la nature, la sélection naturelle n'a pas permis aux sabot tièdes de perdurer. Mais en élevage, le critère bon pied est tres largement délaissé, mais comme on sait garder vivants des chevaux mal sabotés, on fabrique des lignées entières de chevaux predestinés à l'echec du pied nu, pour lesquels la transition sera longue est semée d’embuche, voir impossible.
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Je terminerai par vous raconter une anecdote personnelle, qui illustre bien la nécessité de toujours se remettre en question, et le fait que rien n’est absolument vrai !
Alors que je suis viscéralement convaincue par la nécessité et la possibilité de mettre les chevaux pieds nus … alors que la fougue de ma jeunesse m’a autrefois poussé à vouloir mobiliser des foules autour de cette certitude ! Alors que je criais à qui voulait l’entendre (et même aux autres) qu’il fallait absolument libérer tous ces chevaux de leurs chaussures métalliques …
La vie et l’expérience se sont chargées de m’apprendre deux choses :
-tout d’abord, qu’un pied nus dans un environnement malsain (enfermé dans un box, nourrit au concentré…) est un pied aussi malade qu’un pied ferré !
Et qu’il vaut mieux un pied ferré dan un environnement par ailleurs parfaitement sain, qu’un tout nu dans un environnement malade.
il va sans dire evidemment, qu'un pied nu mal entretenu peut etre le siege de pathologie tout aussi effroyables qu'un pied ferré et entretenu.
-et puis, j’ai rencontré une jument (que j’appellerai affectueusement Néné, qui se reconnaitra peut être) qui a arraché toutes les certitudes de ma jeunesse en ébullition !
Néné avait passé toute sa vie comme jument de CSO, à haut niveau. Ferré à 18 mois, et mise à la retraite à 16 ans.
Sa nouvelle propriétaire a voulu la mettre pieds nu. Fort avertie sur le sujet, elle fit tout ce qu’il fallait : pension au pré, favorisant un max le mouvement. Méthode de parage physiologique. Compléments divers. De longs mois de marche en main pour lui stimuler les pieds… par ailleurs, tout était fait régulièrement : ostéo, dentiste, saddle fitter, et tutti quanti.
Jamais je n’avais vu une telle détermination, et un tel engagement en faveur d’une bonne santé : tant p*s les mois d’équitation perdus, elle finirait par avoir de bons pieds.
Et puis au bout de quatre an … à bout de tout essayer, et en plus, de si bien essayer… sa propriétaire à finit par lui faire remettre des fers aux antérieurs…
Et Néné a retrouvé une seconde jeunesse !! à 20 ans, elle reprenait de l’état, de l’énergie.. De la souplesse articulaire, de la joie de vivre ! Son port de dos et d’encolure se sont amélioré de façon spectaculaire, ses relations avec ses congénères … même ses performances sont revenues, et ses comptes rendus osteo et vetos se sont vidés.
A l’annonce de ce reférrage… j’étais dépitée .. J’y croyais si fort, que c’était possible pour tous les chevaux … et puis j’ai cogité … et j’ai pris ça pour mes certitudes ! et finalement, j’ai vu l’évidence.
Néné, elle avait eu les pieds trop abimés, trop mal sollicités depuis trop longtemps, tout son corps avait ete maltraité toute sa vie, et elle avait une lignée trop fragile pour réussir à finir sa vie pieds nus..
Elle était un cas isolé, vraiment isolé parmi une énorme foule d’autres qui malgré les dires de leur propriétaires ne sont PAS des indéchaussables !
Mais je remercie ce cas d’avoir croisé ma route, d’avoir ébranlé mes certitudes, et de m’avoir rendu capable d’accepter que parfois, un trop mauvais départ rend obligatoire de continuer dans la voie empruntée au début...
Car le pied n’est que la porte d’entrée et de sortie de tous les maux ! Peut-être faut-il en réalité se poser la question de ce qui est réellement bien à chaque cas, aussi particulier soit il !?