09/08/2025
« Je vous appelle parce que mon chien aboie dans le jardin tout le temps, je ne peux pas le rentrer dans la maison parce que je suis absent dix heures d'affilée, il réagit aux bruits et aux gens. »
« Je vous recontacte parce que j'ai décidé de remettre le collier vibrant au bout de vingt-quatre heures parce qu'il n'y avait pas de progrès. »
« Je vous contacte pour savoir si vous pouvez dresser mon chien quand nous serons partis en vacances si on vous laisse les clefs. »
Lorsque vous me contactez, vous n'êtes pas sur Amazon. Vous n'allez pas vous faire livrer à votre domicile un chien éduqué tout prêt tout neuf. En résumé, vous aurez des efforts à fournir et ce, qu'importent les conseils donnés. Vous aurez à guider votre chien, pas à pas, dans une société humaine qu'il ne comprend pas. Vous allez devoir remettre en question vos attente pour mieux accueillir l'individu que vous avez choisi sciemment en tant que nouveau membre de votre famille.
Quand vous m'envoyez un message ou que vous m'appelez pour votre chien, pour me demander s'il y aura « du résultat » ou « combien de temps ça prendra de l'éduquer »... J'ai à chaque fois envie de vous répondre que oui, du résultat, il y en aura, si vous êtes à son écoute, si vous allez à son rythme à lui, si vous ne lui faites pas subir vos attentes et vos croyances limitantes. Quant à savoir combien de temps ça prendra... Toute une vie ? Parce que rien ne dit que votre chiot tout juste arrivé sera en bonne santé, qu'il n'aura pas un traumatisme à tel ou tel moment... Le temps est une denrée rare et précieuse, on ne peut l'échanger contre rien d'autre, alors gardez en tête que le plus beau cadeau que vous ayez à faire à votre compagnon canin est de lui en offrir jour après jour, sans compter, sans vous demander s'il vous faudra encore lui en donner d'ici deux ou trois ans.
Je suis de plus en plus atterrée par certaines façons de faire, par des prises de contact rapides sans réelle volonté de s'engager pleinement pour son propre chien. Quand vous me contactez pour un chiot qui a trois ou quatre mois, que vous voyez qu'il y a des comportements qui peuvent vous déranger mais que vous n'avez pas les clefs pour l'accompagner correctement... Alors n'attendez pas ! Je vois encore des personnes dire que d'ici quelques mois, elles « verront ». Mais voir quoi exactement ? Que vous n'avez pas été en capacité de comprendre votre chien ? Que vous vous laissez le droit à l'erreur avec un être vivant en sachant pourtant que vous pourriez faire mieux ? Attention, je comprends que le manque de moyens financiers peut freiner malgré des facilités de paiement mais je me demande toujours dans ce cas de figure... Comment feriez-vous si votre chien se fracturait une patte ce mois-ci ? S'il avait besoin de soins urgents ? (Parce que certes, les soins médicaux sont une urgence mais comprendre son chien aussi, ça éviterait pas mal d'accidents.)
De la même façon, j'avoue être particulièrement surprise de certains comportements à la suite d'un bilan comportemental. Pour rappel, un bilan est là pour observer, pour mettre de premiers conseils en place mais aussi pour mettre le doigt parfois sur d'éventuelles douleurs qui pourraient causer une agitation marquée, des destructions, etc. Lorsque je demande à ce que des examens vétérinaires soient faits pour creuser la piste d'une douleur face à certains symptômes, je ne le fais pas pour vous embêter ; je le fais avant tout parce que je sais que sans ça, votre chien ira mal et les progrès seront inexistants. Pour autant, il arrive qu'à la suite d'un bilan, on m'écrive pour me dire que vingt-quatre heures après, « il n'y a pas de progrès » et qu'on se remette à employer un outil coercitif sur le chien. Et qu'une semaine plus t**d, on me recontacte pour me demander comment faire parce que « ça ne va plus du tout ». Ah bon ? Tiens donc. C'est vrai que c'est étrange ça, un chien qui est probablement douloureux, qui s'agite et qui en prime subit un outil coercitif qui fait augmenter son stress à vitesse grand V.
Et puis il y a les personnes qui, quand on envoie un message pour prendre des nouvelles, ne répondent tout simplement pas. Qui reviennent parfois, six ou sept mois plus t**d, si ce n'est davantage, pour dire que « rien ne va ». Oh ? Surprise, un bilan comportemental ou des séances, sans dire exactement ce qui se passe, sans communiquer ouvertement, sans être dans l'échange... C'est tout simplement voué à l'échec. Parce que nous, professionnel(le)s du comportement canin, ne vivons pas avec votre chien au quotidien. Quand je mets en place une collecte de données, quand je vous demande de la compléter jour après jour, ce n'est pas pour vous embêter, c'est pour comprendre ce qui se passe pour mieux vous accompagner.
Je vous rappelle que je n'ai pas de baguette magique, que sans votre retour fréquent et volontaire pour avancer, mon intervention ne servira à rien. Dans ma façon de travailler, je me focalise sur l'état émotionnel de votre chien (et le vôtre) et il est hors de question de mettre la pression sur votre chien pour satisfaire vos attentes s'il ne va pas bien. Ça signifie que si vous voulez que je vous accompagne, il faut vous attendre à ce que je vous demande des retours fréquents, qui doivent être volontaires, qui doivent démontrer que vous vous impliquez.
A l'heure actuelle, j'ai la chance d'avoir une majorité de clients géniaux qui n'hésitent pas à me faire part de leurs progrès ou de leurs difficultés, qui me parlent de ce qui se passe dans leur foyer, qui n'hésitent pas à me dire quand il y a quoi que ce soit. Et ça, à notre époque, ça vaut de l'or, vraiment. Maintenant, cette publication est là pour vous faire réaliser que le contraire existe aussi et j'ai eu un petit florilège cette semaine qui m'a laissé bouche-bée. Ça arrive peu mais quand ça arrive, ce n'est jamais ni agréable ni constructif.
A l'époque du click and collect, où tout doit être rapide, où les individus doivent bouger le moins possible, nombreux sont les vendeurs de rêves. Je n'en fais pas partie. Mon objectif est que vous compreniez mieux votre chien, que votre relation soit apaisée sur le long terme, pas qu'il soit éteint, qu'il ne bouge plus parce qu'il vous craint. Et ça signifie qu'il vous faudra parfois faire des concessions, choisir de passer un peu moins de temps sur une activité pour en passer davantage avec votre chien. Mais ça, ça devrait être un choix plein et conscient, parce qu'en choisissant la vie auprès d'un chien, vous avez choisi le temps passé avec lui.
Personne ne vous a obligé à accueillir un chien, la moindre des choses est donc prendre le temps de comprendre l'individu qui vous a rejoint.
© Toutougether - Nicoline Droogmans
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