01/06/2025
🐾 ÉVITER UNE SITUATION ANXIOGÈNE, UNE ÉTAPE INDISPENSABLE DANS LA RÉÉDUCATION DU CHIEN 🐾
Quand on rencontre un problème avec son chien, on a souvent tendance à vouloir l’y confronter pour pouvoir corriger sa réaction, ou dans l’espoir que l’animal s’habitue à la situation et n’y produise plus de réponse disproportionnée (d’un point de vue humain).
Il est rare que cela fonctionne. Si une désensibilisation peut s’avérer intéressante dans beaucoup de cas, l’immersion reste déconseillée car peu éthique, peu éthologique (quand un animal craint un stimulus, il le fuit le plus souvent, il ne s’amuse pas à s’y confronter) et surtout peu efficace. Si vous avez peur de regarder des films d’horreur, on peut vous enfermer dans une pièce et vous obliger à en regarder toute la journée : cela va vous angoisser, vous déprimer, vous donner la nausée, mais rarement provoquer une habituation. Et, même si cela fonctionne, ce n’est vraiment pas chouette, comme méthode.
Quand un chien vit mal une situation, parce qu’elle lui fait peur, le frustre, le met en colère, etc, il est souvent intéressant, avant de travailler sur la réponse face à l’élément déclencheur, de soustraire le chien à ce contexte qui déclenche chez lui tout un tas de réactions physiologiques liées au stress, et notamment la production de cortisol, une hormone qui nécessite un certain temps avant de redescendre à un taux normal permettant l’équilibre émotionnel de l’animal. En gros, exposer un chien de manière répétée à la même situation anxiogène, c’est en faire une machine à produire du cortisol, et donc en faire un stressé chronique. Il sera de moins en moins capable de faire face à la situation qui le stresse, il déclenchera plus vite et/ou de manière plus intense, et au bout d’un moment, si on ne lui propose aucune solution alternative pour faire face à ce qui le met mal à l’aise, il s’inhibera. L’inhibition acquise est le pire stade qui peut être atteint par un animal dans une situation anxiogène. Elle peut arranger le propriétaire, mais elle est terrible pour le bien-être psychologique du chien.
Soustraire un chien à une situation qui l’effraie ou le met en colère, pendant au moins un temps donné, permet de faire redescendre le taux de cortisol à un niveau acceptable, qui permet au chien d’acquérir de nouveaux apprentissages et de pouvoir éventuellement entamer un processus de désensibilisation qui aura été soigneusement pensé à l’avance. C’est une étape indispensable avant tout travail sur la réactivité ou la peur.
D’autre part, un chien confronté de manière répétée à une situation génératrice de stress peut se renforcer dans un comportement « indésirable ». Par exemple, quand on me parle de deux chiens du foyer qui se battent de manière régulière, mon premier conseil est d’aménager l’environnement pour éviter que les conflits ne surviennent : par exemple, utiliser des barrières de sécurité, séparer les chiens quand ils sont en présence de ressources, les promener séparément, etc. Si l’on ne passe pas par cette étape, les chiens se renforceront quasi inévitablement dans leurs comportements d’agression : laissés en contact permanent l’un avec l’autre, ils passeront leur temps à se regarder dans le blanc des yeux et le moindre mouvement de l’autre chien déclenchera une agression de plus en plus rapide. Il faut à tout prix casser cette dynamique. Parfois, l’aménagement de l’environnement est même une méthode de travail en soi. J’ai connu ces situations de conflits répétés entre deux de mes chiens, et en cassant l’engrenage infernal dans lequel ils étaient englués, simplement en les séparant dans les moments délicats, leur taux de cortisol a baissé, l’état d’hypervigilance dans lequel ils se trouvaient s’est atténué, et les conflits se sont faits de plus en plus rares. Quelques semaines après, tout le monde a pu reprendre une vie normale et aujourd’hui, je n’ai plus du tout besoin de séparer mes chiens.
Éviter une situation n’est donc pas éviter un problème, c’est l’aborder en prenant en compte le bien-être psychologique de l’animal et en tenant compte de ses réponses physiologiques face à un problème donné. Et c’est s’assurer une désensibilisation efficace si l’on souhaite appliquer cette méthode par la suite. Le chien n’est pas un robot, il a des émotions et, si l’on souhaite l’accompagner au mieux dans notre monde humain difficilement compréhensible pour lui, il est indispensable de les comprendre et de les prendre en compte.
Elsa Weiss / Cynopolis
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