07/08/2025
Lettre d’une femme qui ne sauve pas le monde
Ici, en centre-Bretagne, les relations humaines sont parfois rugueuses, mais souvent franches. On vit au milieu d’éleveurs, de chasseurs, de gens de la terre. Nous ne partageons pas toujours les mêmes convictions, surtout quand il s’agit d’animaux, mais avec le temps, un respect s’est installé.
On se salue, on se tolère, on apprend à se comprendre, un peu.
Je suis végétarienne, je dirige un refuge, je protège des chevaux, des ânes, des poneys abandonnés. Et pourtant, je n’ai jamais cherché à imposer mes choix. Je crois profondément qu’on peut vivre ensemble, même avec des différences.
Hier, j’ai voulu parler à un voisin agriculteur pour lui proposer de racheter une petite parcelle de terrain attenante à notre refuge.
Il m’a répondu, agacé :
« Certainement pas pour ces connards d’ânes ! C’est n’importe quoi ce que vous avez fait. Vous auriez mieux fait de ramener des enfants ! »
J’ai encaissé. Et puis j’ai réfléchi.
Cette phrase, violente, je l’ai déjà entendue, sous d’autres formes.
Comme si, parce qu’on aide les animaux, on se désintéressait des humains.
Comme si on devait choisir.
Comme si compatir à une souffrance empêchait de reconnaître toutes les autres.
Je viens d’une famille profondément engagée.
Moi, j’ai choisi les animaux. Parce qu’ils ne trichent pas. Parce qu’ils m’ont sauvée, moi aussi, un jour.
Et parce que, comme l’écrivait Lamartine :
« On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas. »
Je ne sauve pas le monde. Mais je fais ma part.
Et je continuerai.
Cynthia
Présidente du Refuge des Oubliés