31/05/2025
Un texte très intéressant d’une consœur vétérinaire sur l’attention et les soins que méritent nos animaux vieillissants.
Vivre longtemps, oui, mais en bonne santé!
Qu'en est il de nos animaux?
Vivre longtemps, oui ! mais en bonne santé ! Voilà ce à quoi nous aspirons tous.
D’ailleurs, l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) s’est imposée comme un indicateur de référence dans le débat public, pour évaluer le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les activités du quotidien.
Qu’en est il de nos animaux ?
A l’heure où, nous, vétérinaires, proposons des consultations sénior, des bilans sanguins de dépistage, des évaluations de la qualité de vie, et des solutions efficaces pour donner du confort à nos animaux vieillissants, nous sommes encore trop souvent confrontés à des situations qui nous désolent : des animaux âgés en fin de vie dans des états de délabrement physique très avancés nous sont amenés pour euthanasie, sans qu’aucune prise en charge médicale n’ait eu lieu durant les années qui ont précédées.
Nous entendons alors des phrases convenues : « c’est l’âge, vous savez docteur », « c’est normal, il est vieux », «il n’a jamais vu de vétérinaire, à 15 ans ! ».
Les douleurs arthrosiques sévères, les diabètes, les insuffisances rénales, les hypertensions, les troubles endocriniens, les abcès dentaires, les maladies cardiaques, et bien d’autres pathologies sévissent chez nos animaux âgés et ne sont pas pris en charge chez bon nombre d’entre eux.
Certains ne sont plus vaccinés, ni déparasités sous prétexte de leur grand âge.
« On ne veut plus l’ennuyer Docteur, à son âge », « on veut le laisser tranquille », « on ne veut pas le faire souffrir ». Voilà ce que nous entendons lorsque nous abordons la possibilité de médicaliser ces animaux.
Pourtant, ils semblent pour la plupart très aimés. Leur décès occasionne des larmes et du manque, les adieux sont difficiles : ces animaux ont eu une véritable place au sein des foyers, ils sont les témoins des grands évènements familiaux.
Nous, vétérinaires, ne comprenons pas ce qui nous semble être contradictoire : aimer et laisser sans soin.
Parfois, heurtés, nous confrontons les familles à leur négligence. Elles en conçoivent alors de la culpabilité et nous le reprochent : « nous ne sommes pas maltraitants !, « nous nous en sommes occupés longtemps alors qu’il urinait dans la maison et faisait ses selles sous lui ».
De l’incompréhension naît la tension et personne n’en sort gagnant.
Des gens disent qu’ils n’ont pas vu, qu’ils n’ont pas su voir, qu’ils n’ont pas pu voir que l’animal était malade.
Ils ont mis sur le dos de la vieillesse la baisse de forme, la perte d’appétit, les difficultés à se déplacer, les changements de comportement. Ils ne savaient pas qu’il pouvait y avoir comme chez l’homme, des maladies chroniques liées à l’âge chez nos animaux.
Ils n’ont pas su faire la différence entre un vieillissement normal et un vieillissement pathologique.
Les vétérinaires ont leur rôle à jouer en matière d’éducation des maîtres au repérage des signes associés aux pathologies liées à l’âge, des manifestations de douleurs ou de souffrance. Les consultations vaccinales, préventives en sont l’occasion, pour ceux que nous voyons.
De nombreux propriétaires suivent les conseils donnés et s’alertent en cas de perte de poids ou d’augmentation de boisson. Ils sont prêts à agir tôt et à traiter leur animal longtemps pour lui assurer une vieillesse confortable. Ils ont confiance en leur vétérinaire et le croient lorsqu’il leur dit qu’il y a de la douleur, ou une souffrance.
D’autres ne se sentent pas capables, n’ont pas les moyens ou le temps de réaliser des soins réguliers. Il est alors important d’envisager une fin de vie avant que trop de souffrance ne s’installe.
Enfin, certains considèrent qu’il n’est pas normal de dépenser de l’argent pour un animal vieillissant. L’investissement ne serait pas rentable.
A ceux là, j’ai envie de leur demander combien leur animal leur a donné de temps, d’affection, de joie, de présence, de chaleur quand il était jeune et beau. Quel bénéfice en ont-ils tiré ?
En effet, de nombreuses études scientifiques ont prouvé que vivre aux côtés d'un animal améliore le bien-être général, réduit le stress, et même prolonge la vie.
Alors combien d’économies de psychologue, de coach sportif, d’élixir de jouvence, de frais médicaux, de groupes de parole ont été réalisées grâce à leur animal ? Ne serait ce pas justement maintenant, qu’il conviendrait de faire des dépenses pour sa santé?
Il a pris soin de vous, à vous de prendre soin de lui ! Vous verrez d’ailleurs qu’il a encore beaucoup à vous apporter si sa vieillesse est bien accompagnée.