03/11/2025
🩵Apprendre à ne plus porter les émotions des chiens et des maîtres, c’est un chemin que personne ne nous enseigne vraiment. On nous apprend à tenir une tondeuse, des ciseaux, à maîtriser des techniques, à connaître les standards. Mais personne ne nous explique comment gérer ce qui se passe à l’intérieur de nous.
Car notre métier, ce n’est pas seulement toiletter. C’est accueillir. Accueillir des chiens, leurs histoires, leurs émotions. Accueillir leurs humains aussi, avec leurs attentes, leurs inquiétudes, parfois leurs culpabilités.
Il y a le chiot qui tremble parce qu’il découvre le monde.
Le chien sensible qui a déjà vécu une mauvaise expérience.
Le senior fatigué, qui nous regarde avec une confiance infinie.
Et puis les maîtres… anxieux, culpabilisés, stressés, inquiets de “bien faire”.
Sans s’en rendre compte, on absorbe tout ça. On veut faire au mieux pour tout le monde. On veut rassurer, on veut prouver qu’on est capable, on veut que tout se passe bien. Et parfois, on finit par porter des émotions qui ne nous appartiennent pas.
L’empathie est une force, mais elle peut devenir un poids si on ne se protège pas. On peut rentrer le soir épuisé alors que “ce n’était qu’une journée de toilettage”. On peut douter de nous-même parce qu’un chien n’a pas réussi à aller aussi loin qu’on l’espérait. On peut se remettre en question pour chaque regard d’un maître ou chaque subtilité d’ambiance.
Mais la vérité, c’est qu’on ne peut pas porter tout le monde. Le chien porte son histoire. Le maître porte la sienne. Nous portons déjà beaucoup avec notre patience, notre écoute, notre bienveillance. Notre rôle n’est pas de sauver, de réparer ou de s’épuiser. Notre rôle est d’accompagner. D’être présents, pas absorbés.
Apprendre à ne pas tout prendre sur soi, ce n’est pas devenir froid ou distant. C’est rester capable d’aimer ce métier sans s’y perdre. C’est accepter que certaines séances sont du progrès invisible, et que parfois, le plus beau travail qu’on accomplit… c’est de permettre à un chien de se sentir entendu, et à nous de rester entiers.
Être un pilier, ce n’est pas encaisser tout ce qui passe. C’est tenir debout en étant bien ancré. Respirer entre deux chiens. Revenir dans son corps. Se rappeler qu’on fait de notre mieux, et que notre valeur ne se mesure ni au stress d’un chien, ni au regard d’un humain.
On n’est pas des machines. On est des humains avec un cœur énorme, qui donnent beaucoup. Et pour continuer à donner, il faut apprendre à ne pas tout porter. À laisser aux chiens et aux gens ce qui leur appartient. À se garder un espace à nous, pour rester présents, doux, justes.
Le toilettage moderne, ce n’est pas seulement prendre soin du chien. C’est prendre soin du chien, du maître… et de nous aussi.
Amélie, parole de Toiletteuse .
(Par respect, merci de partager en intégralité et ne pas copier ) 🙏🏻