23/10/2025
Réactivité : L'objectif est-il de se rapprocher du déclencheur ?
*Doit-on travailler activement face à un déclencheur ?*
Travailler activement face à un déclencheur implique des exercices souvent répétitifs et dont l’objectif est de réduire rapidement la distance entre notre chien et le déclencheur. J’inclus dans ce travail ‘actif’ :
- Exercices de focus tout en se rapprochant du déclencheur, inspirés, par ex, du Look at That.
- Demander des comportements spécifiques à l’approche du déclencheur.
- Utilisation du contre-conditionnement quand le chien est en zone “orange”.
(Ne rentrent pas dans le travail "actif" : le fait d'exposer le chien à ses déclencheurs en respectant sa zone de confort et les configurations type BAT, qui vont favoriser l'autonomie du chien.)
*Doit-on travailler activement face à un déclencheur ? - Intérêts*
Travailler activement a l’avantage de nous donner une impression de contrôle à nous, HUMAIN⸱ES.
On va avoir le sentiment d’aider notre chien⸱ne mais aussi de mesurer ses progrès tout au long de l’entraînement, étant donné qu’on aura tendance à plus l’exposer au déclencheur.
Si ces techniques peuvent permettre gérer l'imprévu quand on est surpris par un déclencheur, travailler uniquement de manière “active” est loin d’être idéal.
*Travailler activement face à un déclencheur ? - Les risques*
Quels sont les risques ?
- On ne vise pas la neutralité / le calme : si on travaille uniquement activement, on associe généralement l'apparition / la proximité du déclencheur à de l'excitation. Or, dans l'idéal, on voudrait plutôt du calme, afin d’observer plus facilement notre chien⸱ne et identifier les signaux de stress les plus subtils.
- Qui dit déclencheur dit stresseur pour le chien. L’y exposer volontairement régulièrement va forcément induire du stress, qui sera potentiellement masqué par les comportements demandés.
- Le ‘focus’ reste sur le déclencheur : on n'apprend pas des stratégies d’adaptation intéressantes (par ex, éviter / s’éloigner au lieu d'une marche au pied, d'un focus).
- On peut surestimer les progrès, trop se rapprocher et déchanter dès que la récompense n'est pas assez rapide / appétante.
-> C'est au final un travail de surface : on veut la forme (pas de déclenchement), rapidement, plutôt que le fond (un⸱e chien⸱ne plus détendu⸱e donc moins susceptible de réagir).
*Le progrès = se rapprocher du déclencheur ?*
Certes si on se rend compte que notre chien⸱ne est capable d'être plus proche du déclencheur en étant serein⸱e, c'est a priori un progrès. Mais le piège réside dans le fait de se rapprocher volontairement dans le but de mesurer les progrès.
On peut alors se poser deux questions :
- Où est la cohérence dans le fait de se rapprocher soudainement du déclencheur après avoir passé plusieurs mois à l’éviter, s’en éloigner systématiquement ?
- Quel est l’intérêt d'être proche du déclencheur avec un⸱e chien⸱ne qui nous regarde dans le blanc des yeux ou qui nous arrache les friandises des mains ?
*Comment mesurer les “vrais” progrès ?*
Bonne nouvelle, pas besoin de mettre notre chien⸱ne volontairement en difficulté pour observer des progrès. Ça peut se traduire par (liste non exhaustive) :
- Chien⸱ne plus serein⸱e, apaisé⸱e durant les balades.
- Moins de vigilance dans les environnements à historique négatif.
- Activités plus variées dans ce type d’environnements : creuser là où notre chien⸱ne scannait constamment son environnement, par ex.
- Nouvelles stratégies d'évitement / apaisement : portes de sortie, s’éloigne, prise d’odeurs etc.
- Moins d'impulsivité en général, fenêtre de renforcement plus longue.
- Zone de confort qui s'étend naturellement à mesure que notre chien⸱ne se sent mieux.
*Et si on respecte la zone de confort de notre chien⸱ne ?*
“0ui mais si on respecte la zone de confort de notre chien⸱ne, rien n'évolue ?” Et bien non, c’est même la base du travail et ça permet entre autres de :
- Viser l'apaisement global : chien⸱ne plus détendu⸱e et donc moins impulsif⸱ve.
- Apprendre à notre animal qu'il est en sécurité, qu'il n'y a aucune obligation d’interaction avec le déclencheur.
- Lui apprendre qu’il ou elle peut contrôler la situation autrement qu’en réagissant : en s’éloignant, évitant etc.
*Mais, comment fait-on alors?*
1. Aménagement de l’environnement, apaisement global, limiter les stresseurs autant que possible.
2. R+ les comportements d’évitement, les façonner si notre chien⸱ne ne les propose pas seul⸱e. Utiliser les renforçateurs fonctionnels.
(3. Travail dit “actif” (sans mettre volontairement en difficulté !), techniques pour gérer l’urgence.)
Les 2 premières étapes constituent le travail de fond, visent l'autonomie de l'animal.
Le 3e point est un travail de surface, pas nécessaire si on est toujours capable de gérer l'environnement.
-> On peut très bien travailler la réactivité et arriver à avoir un⸱e chien⸱ne autonome face à ses déclencheurs avec uniquement les 2 premières étapes. En revanche, utiliser uniquement la 3e étape NE constitue PAS un travail de fond.