29/07/2025
EN ÉDUCATION CANINE, ÊTES-VOUS "POSITIVISTE" OU "AFFECTIVISTE" ?
Le couple, qu’il soit humain, canin ou un peu des deux est et restera le défi de nos vies. Que ce soit un couple ou un binôme chien-maître, s’aimer, apprendre à s’aimer et l’entretenir dans le temps est, entendez-le bien, le défi de nos vies. C’est le seul projet qui mérite des sacrifices, des moments de doutes, des passages difficiles pour espérer quelques instants de pur bonheur. Cependant, nous ne pouvons comparer la relation que nous entretenons avec nos chiens, de celle que nous « vivons » souvent avec le ou la conjointe.
Pourquoi ?
Parce que le chien a eu dans son évolution la sagesse de ne pas apprendre à parler. Il ne répond pas, donc n’envenime pas les choses. C’est pourquoi nous l’aimons. De plus, il est séquestré, enchainé à nos vies, tributaire de celle-ci. Ce que nous prenons pour de la fidélité est juste une impossibilité pour lui à devenir infidèle. Il est enfermé dans la maison, retenu par une clôture, quand il est à l’extérieur de celle-ci ou attaché par une laisse, lien physique, quand il se promène ! Fidélité forcée. L’infidélité est avant tout une occasion que l’on saisit. Le chien, ayant des opportunités de liberté limitée, par contrainte donc, reste fidèle.
La « séquestration » est une contrainte. On peut être positif et contraignant. On peut être positif et coercitif. Parfois, il ne suffit pas de se dire « bienveillant » pour l’être vraiment. Souvent, ce n’est pas parce que l’on marchande une suite en laisse sans tirer dessus, que l’on est doux. La manipulation mentale est pire que le geste prompt à résister à son chien qui tire et de lui envoyer le message clair que c’est interdit. La « résistance » que l’on pourrait qualifier de « physique », est plus sincère et juste que l’idée d’éduquer en voulant l’éviter par le biais de la manipulation ! En positif, ne voulant plus « contrarier » le chiot ou le chien, on marchande, on manipule, on fait semblant. Il n’y a pas plus malhonnête que la méthode qui se dit « vertueuse », alors qu’elle est basée essentiellement sur la propension du chien à aimer un objet, par le biais de l’instinct de proie et une fois cette dépendance comportementale obtenue, s’en servir comme d’une monnaie d’échange pour lui faire faire. Il n’y a pas plus humain (de pays riches) que de demander à son chien d’obéir ou de faire pour obtenir une sorte de salaire en plastique ou sous forme de friandises. Faire pour obtenir est une vision matérialiste et surtout consommatrice de l’éducation canine. Cette méthode positive, tant prônée en éducation canine, est une parodie de notre vie humaine !
« On matérialise extérieurement le lien dans le plaisir d’obtenir à défaut de le construire intérieurement dans le but satisfait d’être simplement l’un auprès de l’autre. »
LA METHODE AFFECTIVE :
Elle s’oppose avec véhémence au matérialisme. Le lien affectif et sa construction sont nos objectifs. Même si, comparer le chien à l’humain, en le qualifiant de matérialiste, semble démesuré dans le sens où le chien aimant un seul objet, n’est et ne sera jamais à la hauteur de l’humain en la matière. D’ailleurs le chien est matérialiste par humain interposé. C’est ce dernier qui matérialise sa vie, en le gâtant de « merdier », qui lui serait totalement inaccessible sans ce concours ! Le chien n’est porté sur l’objet que par conditionnement, par manipulation et par la volonté du maître qui s’en servira pour le contrôler. L’objet n’est plus ludique, mais utilitaire. Il devient le moyen de lui faire faire. La motivation que le chien voue à l’objet est telle, qu’il est capable de se transcender, d’apprendre des exercices compliqués juste pour l’obtenir ! En utilisation et rééducation, il serait difficile de s’en passer. En ce qui concerne le chien de famille, l’objet est-il utile ? S’il reste, comme il aurait dû le rester, un jouet, disons plus justement, un moyen pour jouer avec son chien, le jouet est judicieux. Il permet de ramener un ingrédient à l’affection, la complicité. Celle-ci est l’un des moyens qui construiront l’affection. S’en priver serait non pas dommageable, juste regrettable. À condition de doser le jeu et de respecter son timing. Si l’objet et la complicité ou la « passion » que le chien lui voue prend le dessus sur le reste, nous ne serons plus en méthode affective, mais en méthode positive, qui confond souvent, pour éviter toujours, la complicité et l’affection.
La méthode affective cultive le lien, le plus pur, celui qui nait dans la proximité, le temps et la pleine attention. Vous n’achetez pas le lien par la promesse d’une contrepartie matérielle, mais par le don de soi ; votre capacité à vous mettre en scène pour plaire à votre chien et à lui inspirer de l’affection. Le chien est réceptif à l’affection. C’est au maître de la construire, Non, soyons plus juste, de la développer. Le lien de l’attachement est un instinct, que tous les mammifères possèdent en eux. Il suffit juste de permettre au chiot d’accroître sa disposition à aimer. Mais notre société matérialiste, qui a déteint dans bien des domaines, s’est emparée de l’éducation canine et a permis à la pire de toutes les méthodes de s’insinuer dans la relation que nous voulions tisser auprès de notre chien en nous faisant croire, qu’alimenter le lien, créait de l’amour ! La nourriture est un besoin basique qui contente l’estomac, pas le cœur. Celui-ci se gagne dans l’investissement personnel que nous prendrons pour que s’allume en lui, la flamme fragile de l’amour. Il est plus facile de créer un amour « inconditionnel » auprès d’un chien, un amour qui durera presque imperturbablement dans le temps que celui que l’on construit entre deux êtres humains. Pourquoi ? Parce que comme vu plus haut, le chien est séquestré et est quasi totalement tributaire de la volonté de son maître. Il ne peut s’en échapper. Il s’exerce donc entre eux une forme de syndrome de Stockholm, à ceci près que le chien n’est pas une victime (Enfin, pour la plupart) mais un animal dont l’humain a la charge et dont il désire prendre soin, dans la normalité des choses.
Mais la relation, la vraie ne se construit pas sur ce que l’on tend, mais sur ce que l’on donne, ce que nous appelons en méthode affective : « Le don de soi ».
Le binôme homme-chien est un « couple » contre-nature ou comme diraient les pédants, « interspécifique », c’est-à-dire deux espèces différentes qui doivent apprendre à cohabiter. Ceci est rendu possible par le phénomène de la double empreinte, qui est l’aptitude des chiens à se fixer tout d’abord sur sa propre espèce, et ensuite cette propension à accepter l’humain comme une espèce amie, attendu que le travail en amont ait été réalisé. L’éducation d’un chien de particulier n’est rien de plus que le rapprochement simple et affectif de deux êtres qui n’attendent l’un de l’autre qu’un peu d’amour. Sauf que l’amour ne se contrôle pas, ne s’achète pas. Vous devrez trouver une méthodologie qui le permette sans croire que le conditionnement le rend possible. Vous le savez bien, il est capricieux et insaisissable ! Alors, vous devrez éduquer en respectant une logique.
En méthode affective, nous établissons un ordre. Notre leitmotiv : « Avant de lui faire faire, commence déjà par lui plaire » nous parait logique et incontournable, surtout pour le chien de famille. Les particuliers n’ont aucune ambition compétitive ou mécanique des comportements qu’ils souhaitent apprendre à leur chien. Ils s’en fichent éperdument. C’est la profession, celle que je nomme les « conditionneurs », toutes méthodes confondues, qui désirent vendre aux particuliers, un panel d’ordres conditionnés, qui en méthode affective est totalement inutiles pour la plupart d’entre eux. J’admets volontiers que je jette un pavé dans la marre et que beaucoup de mes confrères n’admettront pas cette vision, qui reste pourtant une vérité ou une voie que les maîtres désirent suivre !
Ils n’y adhèrent pas, parce que la profession a réduit le chien à un être qui doit apprendre et se conditionner pour obéir à son maître. Une fois encore, on a fait du chien un robot humain qui en suit le chemin de vie, par contrainte et idéologie. Mais le chien n’a rien à voir avec l’humain obéissant à un système, qui lui nuit plus qu’il ne le satisfait ! L’humain est un mouton, bien adapté à ce concept sociétal, qu’une minorité de privilégiés a conçu pour eux en exploitant les autres ! Ce n’est pas parce que nous adhérons tous à cette « injustice sociale » et que l’on nous conditionne depuis tout petit et à l’école, que nous devons imposer les mêmes règles ou principes à nos chiens !
QUEL ANTHROPOMORPHISME !
Imposer à l’animal une vision humaine de son éducation, de son « conditionnement » est non seulement anthropomorphique, mais surtout contre-nature. Dans la nature, en parlant d’elle, les canidés sauvages n’obéissent pas, ils observent des règles, que des plus forts dictent par l’intimidation et les dents ou le jeu, pour la préservation de l’espèce. Mais il n’y a pas de conditionnement acquis par du répétitif, comme on le voit dans certaines disciplines ! Le nier est manipulatoire. Vous pourriez même admettre que le chien de famille a beaucoup plus à nous enseigner, que vous aurez à lui apprendre ! Vos chiens ou votre chien, si vous étiez moins à l’écoute de la société malade, pourraient vous enseigner la simplicité et, par cette voie, la sagesse. Il en possède plus que la plupart des hommes qui n’en n’ont plus aucune ! Notre matérialisme combiné à nos envies et ce désir d’en posséder toujours davantage, en plus de ne pas être raisonnable, par rapport à la pression que nous exerçons sur la planète et à sa capacité d’être encore habitable, reste surtout un toc consommateur qui nous enferme dans une insatisfaction perpétuelle ! Alors que la sagesse de se tourner vers la simplicité, la sobriété heureuse, pour reprendre Pierre Rabhi, la frugalité nécessaire à nos vies, vous permettra de moins en faire et de gagner du temps. Et si vous utilisez ce temps, non pas à regarder la vie par l’intermédiaire de votre smartphone, mais en la vivant en direct avec vos semblables ou votre chien, il se pourrait que vous commenciez à l'apprécier vraiment, cette vie !
L'affection est et restera, que ce soit en éducation canine ou dans nos vies, LA SOLUTION ! C'est le modèle que nous suivrons, Chien de famille et l'Ecole Agapê !
Bonne journée.