
20/07/2025
20 juillet 2025
Vagues baroques s’échouent et se renouvellent, à l’intérieur du cirque, même, de ma cafetière encrassée.
Pour ce, j’ai ouvert la gu**le de mon ordinateur. Je lui ai enfourné un compact-fisc. Une couleur verte clignote sur le museau du monstre. Les baffes émettent des sons. La musique sacrée retentit, cérémoniale, au milieu de la pièce du couvent.
C’est un pot, pas pourri du tout. Des musiciens doués interprètent des œuvres de Lully, Rameau, Vivaldi et autres chambellans de la note précise. C’est profond et aérien. Je décolle, illico. Je chuchote, bravache, à l’oreille du parfait (enfin, je me fais croire, méthode Coué), mes fredaines dominicales..
Je décris, ambiance, au moment où je commence mes arpèges rituelles. Aujourd’hui, l’inspiration exige des conditions pour mener mes rigodons. Pas de problèmes, je suis, toute ouïe, à ses aspirations.
Pour être son soupirant, jamais tout-à fait éconduit, je connais ses goûts. J’évoque la mienne, d’inspiration. L’instable raffole de musique. Sa préférée se nomme classique. Je lui fournis son miel. La guêpe réintègre le fortin de mes cellules grises, aiguillonne le fertile imaginaire. En avant, il n’y a plus qu’à suivre l’insecte aux traces d’or sur l’abdomen.
« Je vous traîne en langueur jusqu’à l’ép*scopat des senteurs ». La phrase vient de naître, nonchalante, insolite. au faîte des mots qui secouent mon cerveau. Elle ne veut rien dire. La lexie n’a ni contexte, ni explication. L’immatérielle ne turlupine pas dans la morale. Elle vient, l’air de rien, apporter sa contribution à la rédaction du liminaire.
A mon instar, la sereine n’impose rien, se veut, sœur du silence, sur la courbe des lignes. L’innomée ne cherche aucune reconnaissance. Elle propose le partage sans rien attendre en retour. Elle évoque le Sacré, si cher, à Guillevic et autres propagateurs de l’essence indicible du monde.
Je vous l’offre, munificent, .cadeau. C’est ma participation modeste à la recherche de l’harmonie
Qu’ai-je fait de la semaine sinon contempler, sentir, immiscer ma carcasse disgracieuse au milieu du troupeau ? Rien, bien entendu, comme celles déjà vécues, je m’échine à capter sensations et vibrations qui rendent compte d’un sens éventuel du vivre. Je m’applique à progresser.
J’existe, différent. Je ne mêle pas des soubresauts idiots et cruels des actualités médiatiques. Je me limite à la compassion pour les victimes. Je n’adopte aucune cause pour fuir l’intolérance. Je transcris, comme je peux, la musique qui s’échappe du clos étrange de mon cortex cérébral.
Et puis, comme chaque dimanche, habitude, je vous envoie, presque zen, poèmes et proses ramassés tout au long de chemins parcourus durant mes balades hebdomadaires, où je déambule, le cou idiot, tête-bêche avec les parfums assurant la présence du haut qui me dépasse. L’infini parcourt mes os..
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MARIVAUDAGE
Deux roses joignent leurs pétales dans le clos d’un pot suspendu au balcon. Deux impudiques, donc, se bécotent, sans le souci, d’être vues.
C’est une toile sensuelle qui emplit le ciel, une grâce presque surnaturelle, une coquine perfection égarée que nul ne pourrait voir à moins qu’il ait, greffé, dans l’œil, la perception de l’insolite, le manège du beau, dans toutes ses trouvailles.
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UNE SOUPE D’ÉTOILES
Je sue l’eau des mots. Sur leur verrière, dansent une myriade d’émotions dont je ne suis ni maître, ni esclave, simplement, le neutre observateur. A l’oreille s’éveille un bruit sensuel de sensations nouvelles.
Je rédige sans souci du rendu. Je ne suis plus d’ici. Je déboule de nulle part. Je cherche encore l’ailleurs. Le mien ne se confond pas à celui du triste marchand, Le vendeur, à l’esprit étroit, ne propose que le paraître des plaisirs immédiats.. Je hais l’hypocrite et le faux..
Je vogue dans l’abstrait. Je cherche le profond. Et qu’importe que je prenne le risque de m’enfoncer dans le mouvant du lyrique, je m’approche d’un vrai que je peux presque toucher. J’entends boire, la lune, sa soupe d’étoiles.
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CULOT
Je professe ce culot de me satisfaire de mon sort.
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PRÉSENCE DE LA PLUIE
Là-dessus, vient s’écouler, la pluie, inexpugnable complice de la mélancolie. Je décharne la fenêtre. Je rends abstraites toutes les lignes. J’accomplis sur la face de la paroi, en gestes syncopés, l’envol d’une âme, la mienne.
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SIMPLICITÉ
Que je suis confus
avec ma graine de questions !
Vivre l’instant
Toute la forêt
ne s’embarrasse pas
de vaines explications
Tout autour de nous
indique la simplicité
Il n’y a qu’à
baisser la garde
pour la capter.
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FLATTEUR
Je flatte le sommeil
et s’ouvre l’huis des anges
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TRENTE NUITS
Trente nuits
où joie foudroie
Je l’ai lu dans un roman
entre la gare
et le restaurant
encerclé de peupliers
Toute promesse vient
de ce que nous lisons
Un mot remémore un instant
Un autre à la façon
d’être placé dans une phrase
révèle le celé d’une âme
Serge Mathurin THÉBAULT