31/07/2025
đ§ Les animaux rĂȘvent-ils ? Ce que dit la science.
Depuis les annĂ©es 1950, les neurosciences ont mis en Ă©vidence lâexistence du sommeil paradoxal (REM sleep en anglais, pour Rapid Eye Movement), une phase du sommeil caractĂ©risĂ©e par une activitĂ© Ă©lectrique cĂ©rĂ©brale proche de celle de lâĂ©veil, une atonie musculaire marquĂ©e, et des mouvements oculaires rapides.
Chez lâhumain, câest la phase associĂ©e aux rĂȘves les plus vifs et les plus structurĂ©s.
Chez les animaux, la question nâest pas seulement de savoir sâils rĂȘvent, mais ce que signifie rĂȘver dans une autre espĂšce.
đŹ DonnĂ©es expĂ©rimentales :
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Le sommeil paradoxal a Ă©tĂ© formellement identifiĂ© chez tous les mammifĂšres Ă©tudiĂ©s jusquâĂ prĂ©sent, y compris les rongeurs, les lagomorphes (lapins), les carnivores (chiens, chats), les primates, les cĂ©tacĂ©s (chez qui il est parfois trĂšs rĂ©duit), les ongulĂ©s, etc.
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Il a également été mis en évidence chez de nombreux oiseaux, avec des caractéristiques trÚs similaires : EEG désynchronisé, mouvements oculaires, micro-réveils, et dans certains cas, perte de tonus musculaire.
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Des Ă©tudes plus rĂ©centes suggĂšrent mĂȘme des formes de sommeil paradoxal chez certains reptiles, et de façon encore plus Ă©tonnante, chez les pieuvres (Octopus vulgaris), dont les cycles de sommeil sont accompagnĂ©s de changements de couleur, de postures et dâactivitĂ© cĂ©rĂ©brale Ă©voquant un traitement dâinformations internes.
đĄ Les preuves de âcontenuâ onirique :
LâexpĂ©rience cĂ©lĂšbre menĂ©e par Wilson et McNaughton (1994) a montrĂ© que les cellules de lieu (place cells) de lâhippocampe de rats, activĂ©es lorsquâils parcouraient un labyrinthe, Ă©taient rĂ©activĂ©es pendant leur sommeil paradoxal. Cette relecture neuronale Ă©tait sĂ©quentielle et temporellement structurĂ©e, suggĂ©rant que lâanimal "rejouait" mentalement lâexpĂ©rience vĂ©cue.
Depuis, ce phĂ©nomĂšne de relecture a Ă©tĂ© observĂ© chez plusieurs espĂšces, notamment dans des tĂąches de navigation spatiale ou dâapprentissage moteur. Cela soutient lâidĂ©e selon laquelle les rĂȘves jouent un rĂŽle dans la consolidation mnĂ©sique (renforcement des souvenirs), comme chez lâhumain.
đ§Ź Mais alors⊠rĂȘvent-ils comme nous ?
Le contenu subjectif du rĂȘve (ce quâon appelle lâexpĂ©rience phĂ©nomĂ©nale) est, par dĂ©finition, inaccessible chez les animaux. Toutefois, plusieurs Ă©lĂ©ments convergent :
â Ils ont des cycles de sommeil comparables.
â Ils prĂ©sentent des signes de traitement actif dâinformations pendant le sommeil.
â Ils ont des expressions corporelles ou motrices pendant le sommeil paradoxal (pattes qui bougent, mimiques faciales, vocalisationsâŠ).
Autrement dit : les conditions neurophysiologiques du rĂȘve sont rĂ©unies.
Cela ne prouve pas quâils rĂȘvent de la mĂȘme maniĂšre que nous, ni avec la mĂȘme structure narrative, mais cela rend hautement probable lâexistence de contenus oniriques, peut-ĂȘtre simples, sensoriels, voire Ă©motionnels.
đ Et le lapin dans tout ça ?
Le lapin prĂ©sente bien une alternance entre sommeil lent et sommeil paradoxal, observable Ă lâEEG. Il adopte une posture trĂšs relĂąchĂ©e, les yeux mi-clos (parfois avec nystagmus), et il peut bouger les pattes, les moustaches ou Ă©mettre de faibles sons pendant cette phase.
Les conditions neurobiologiques sont donc lĂ . Mais lui seul sait sâil rĂȘve de fuir un renard⊠ou de bousiller votre cĂąble de chargeur !