28/06/2025
🐺 Abattre un loup n’est pas une politique : c’est un aveu d’échec
Par Defend the Wolf;
Un loup a été abattu samedi matin dans le Haut-Valais, sur ordre du conseiller d’État Christophe Darbellay. Ce dernier avait autorisé le tir après que le canidé a tué douze animaux de rente sur un alpage dit « non protégeable ». Le scénario est tristement connu : le loup attaque, les éleveurs s’indignent, la politique cède, le fusil tranche.
Mais derrière ce geste autoritaire se cache un problème bien plus profond. Loin de résoudre quoi que ce soit, l’abattage ponctuel d’un loup révèle une impasse politique, écologique et morale.
L’argument de l’alpage « non protégeable » ne tient plus
Des solutions existent. Partout en Europe, des systèmes innovants de protection sont mis en œuvre : chiens de protection, clôtures mobiles, surveillance renforcée, rotation des pâturages, soutien aux bergers. Certes, tout alpage n’est pas facilement défendable — mais cela ne signifie pas qu’aucun effort n’est possible.
Quand un canton décrète qu’un alpage est « non protégeable » sans exploration sérieuse des alternatives, il abdique devant la complexité. Il abandonne les éleveurs à un système inefficace, et condamne le loup sans procès.
Tuer un loup ne protège rien à long terme
Les études sont claires : les abattages ciblés peuvent parfois faire cesser temporairement des attaques… mais ils ne règlent rien. D’autres loups viendront. Et si les troupeaux restent sans protection, le cycle se répètera. Tirer un loup, c’est repousser le problème de quelques mois au prix d’une vie sauvage précieuse.
Pire encore, ces tirs peuvent désorganiser les meutes, rendant les comportements plus erratiques et les attaques plus fréquentes. Une politique basée sur l’élimination produit donc souvent l’inverse de ce qu’elle cherche à éviter.
Le loup est un régulateur, pas un nuisible
Le loup n’est pas l’ennemi. Il est un acteur clé des écosystèmes de montagne. Il régule les populations de cervidés, participe à la santé des forêts, et rétablit des équilibres que des décennies de gestion humaine ont fragilisés.
Notre peur du loup relève souvent de mythes archaïques, renforcés par la colère légitime mais mal orientée de certains milieux agricoles. Le rôle d’un responsable politique n’est pas d’y céder, mais de les dépasser, de construire des ponts entre intérêts humains et respect de la nature.
Ce qu’il faut, c’est du courage politique
Accompagner les éleveurs, adapter les modèles agricoles, financer les systèmes de protection, dialoguer avec les acteurs locaux, éduquer la population, rappeler la place du sauvage dans nos paysages : voilà les vrais défis.
Les élus courageux sont ceux qui osent affronter la complexité. Ceux qui tirent sur le loup cèdent à la facilité.
Protéger les troupeaux, oui. Tuer le loup, non.
Il est temps de faire preuve de lucidité, de respect, et d’ambition. La montagne n’a pas besoin de coups de fusil. Elle a besoin de vision.
Un loup a été abattu samedi matin dans la région Sonnenberge-Lötschental, dans le Haut-Valais. Le conseiller d'Etat Christophe Darbellay avait ordonné en | Rhône FM, la radio de l'info en Valais