08/14/2025
"Oui, mais le chien qui a vu tel dresseur écoute tellement bien, ça veut dire que ça fonctionne non?"
Bon petit texte qui explique la réalité et qui vous force à vous poser la question: "Quelle sorte de relation voulez-vous avec votre chien?"
Dans le monde de l’éducation canine, on croise parfois des chiens qui semblent être des élèves modèles : silencieux, attentifs, obéissants, réactifs aux ordres, sans débordement émotionnel. La classe à Dallas.
⚠️Pourtant, derrière cette façade d’exemplarité se cache parfois une réalité bien plus préoccupante : celle d’un chien émotionnellement inhibé, dont l’obéissance est en réalité une stratégie d’adaptation face à un environnement qu’il perçoit comme insécure. Ces chiens « éteints » ne sont pas apaisés ni équilibrés : ils sont en mode survie - toutes les émotions sont en arrière-plan, en attente de batterie.
L’inhibition comportementale chez le chien peut avoir plusieurs origines…
➡️ Elle peut être une réponse adaptative à un stress chronique ou répété : lorsque les tentatives de communication n’ont pas été entendues, respectées ou ont entraîné des conséquences désagréables, le chien peut progressivement apprendre à ne plus exprimer ses émotions.
➡️ Elle peut aussi résulter d’un stress aigu que le chien n’est pas capable de gérer. On parle généralement « d’immersion ». Et l’immersion, c’est un peu comme te jeter à l’eau sans savoir nager : tu ne cries plus… simplement parce que tu bois la tasse.
💥 Par exemple, lorsqu’on place un chien réactif congénères au milieu d’un groupe de chiens et qu’il ne « réagit pas ». J’ai encore croisé récemment un cas typique : une dame avait adopté un chien qui, en famille d’accueil avec six autres chiens, n’avait jamais montré de réactivité congénère… mais qui, aujourd’hui, surréagit à la vue d’un chien isolé.
💥 Autre exemple : un piètre guignol qui attache un chien réactif humain en laisse courte sur un collier étrangleur et lui met une muselière. Il se met bien en face de lui pour le faire reagir et le laisse se débattre jusqu’à ce qu’il finisse "simplement "par abandonner. Mais quel talent.
🤔❓ Pourquoi c’est dangereux, l’inhibition ?
👉 Parce qu’un chien inhibé ne communique plus — ou très peu. Les signaux d’apaisement, les avertissements et les tentatives de prise de distance disparaissent derrière une façade de calme apparent. Mais l’absence de manifestations extérieures ne signifie pas que les émotions ont disparu : elles sont toujours là, comprimées… prêtes à exploser.
👉 Parce que vivre dans cet état de stress silencieux use le chien à petit feu. Le corps et l’esprit en paient le prix : baisse de l’immunité, troubles digestifs, fatigue chronique, problèmes de peau, comportements compulsifs… Et dans certains cas, lorsque la tolérance explose, la morsure devient la première et unique réponse.
🤔❓ Et l’immersion, pourquoi c’est encore pire à long terme ?
👉 Parce qu’elle donne l’illusion d’un progrès rapide ! Certes, le chien « ne réagit plus »… mais pas parce qu’il va mieux. L’émotion n’a pas disparu, elle est enfouie plus profondément — et souvent amplifiée.
👉 Parce qu’à force d’être contraint d’affronter ses peurs sans échappatoire, le chien apprend que l’environnement est imprévisible et qu’aucune stratégie ne fonctionne pour s’en extraire. La mémoire émotionnelle retient que la rencontre avec le déclencheur est inévitable et hors de contrôle. La prochaine fois, il risque donc de réagir plus tôt et plus fort pour tenter de s’extraire à la situation avant qu’elle ne devienne inévitable.
👉 Parce que l’immersion maintient un état d’hypervigilance, abaisse le seuil de tolérance, et élargit même le spectre des déclencheurs : ce qui pouvait être supportable hier devient insupportable demain.
🤔❓ Comment aider un chien qui s’est éteint ?
Réhabiliter un chien ayant subi inhibition ou immersion, c’est avant tout reconstruire sa confiance et son sentiment de contrôle. Et ça passe par :
✅ Lui offrir des choix
✅ Respecter sa communication
✅ Respecter ses distances de confort
✅ Proposer des expériences positives progressives
✅ Reconstruire sa confiance en lui (en pratiquant une activité comme le mantrailing ou la détection – par exemple)
Ce n’est pas toujours un chemin rapide, mais c’est le seul qui permette au chien de retrouver l’envie d’interagir, d’explorer et de communiquer. L’objectif n’est pas d’avoir un « faux bon élève », mais un chien vivant, confiant et capable d’exprimer sainement ses émotions…
© Charlotte Warrant – WAF the fck - 2025
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