
04/09/2025
Un homme et son chien marchaient paisiblement le long d’un chemin. L’homme admirait le paysage, bercé par la douceur du moment, lorsqu’une étrange évidence lui traversa l’esprit : il était mort.
Peu à peu, les souvenirs de sa disparition refirent surface. Il se rappela aussi que le chien trottant joyeusement à ses côtés l’avait quitté depuis de nombreuses années. Il se demanda alors où cette route les menait.
Ils marchèrent longtemps, jusqu’à ce qu’un mur de pierre blanche, haut et éclatant comme du marbre poli, apparaisse le long du chemin. Au sommet d’une colline, une grande arche interrompait le mur, baignée de lumière. En s’approchant, l’homme distingua un portail majestueux incrusté de nacre, et un sentier pavé d’or pur menait jusqu’à lui. À quelques pas de l’entrée, un homme était assis à un bureau, calme et immobile.
Lorsqu’ils furent assez proches, le voyageur l’interpella :
— Excusez-moi, où sommes-nous ?
— Vous êtes au Paradis, monsieur, répondit l’homme avec un sourire.
— Auriez-vous un peu d’eau ? demanda le voyageur, sentant la soif le gagner.
— Bien sûr, entrez donc, on vous apportera aussitôt de l’eau glacée.
Le gardien fit un geste, et les lourds battants du portail commencèrent à s’ouvrir. Le voyageur jeta un regard à son fidèle compagnon.
— Et mon ami ? demanda-t-il en désignant son chien. Peut-il entrer avec moi ?
— Je suis navré, monsieur, mais les animaux ne sont pas admis ici.
L’homme resta un instant silencieux. Il observa l’éclat doré du chemin, la promesse d’un confort céleste... puis se tourna doucement vers la route, et reprit sa marche avec son chien.
Ils cheminèrent encore longtemps, gravissant une nouvelle colline. Là-haut, un sentier de terre menait à une barrière de ferme, ouverte comme si elle n’avait jamais été fermée. Il n’y avait ni mur ni clôture. À l’ombre d’un arbre, un homme lisait tranquillement.
— Excusez-moi ! lança le voyageur. Avez-vous un peu d’eau ?
— Bien sûr, répondit l’homme en pointant du doigt une vieille pompe manuelle. Servez-vous.
— Et mon compagnon ? demanda-t-il, en regardant son chien.
— Il y a un bol près de la pompe, il pourra boire aussi.
Ils franchirent le portail rustique. Le voyageur p***a de l’eau, remplit le bol pour son chien, puis but à son tour avec soulagement. Après s’être désaltérés, ils s’approchèrent de l’homme à l’ombre de l’arbre.
— Comment s’appelle cet endroit ? demanda-t-il.
— Ici, c’est le Paradis, répondit l’homme.
— C’est étrange… Plus bas, un autre homme m’a dit que là-bas, c’était le Paradis aussi.
— Ah, vous parlez de l’endroit avec les rues d’or et les portes de nacre ? Non. Ça, c’est l’Enfer.
— Mais… ça ne vous dérange pas qu’ils utilisent votre nom ?
— Non, répondit-il en souriant doucement. Parce que ceux qui choisissent d’abandonner leur plus fidèle ami ne méritent pas d’entrer ici.