19/06/2025
J’écris le cœur lourd, écœurée… 🤢
« Le plus beau métier du monde » pensent certains. Et pourtant..
Cette note Google tombe le jour même où nous apprenons le su***de d’une de nos jeunes consœurs vétérinaires, âgée d’à peine 27 ans. Une de plus… Une de trop…
Anaïs, Alexandra, Manon, Maurine et moi-même, travaillons d’arrache pied pour offrir des soins de qualité aux animaux qui nous sont confiés et pour apporter une écoute attentive à leurs propriétaires. Aucune de nous ne compte le nombre de fois où nous arrivons plus tôt le matin, le nombre de temps de midis manqués, les heures supplémentaires en soirées ou week-ends, le nombre de repas de famille que nous manquons ou auxquels nous arrivons en re**rd.. Par contre, nous pouvons compter facilement le nombre de fois où nous buvons un verre d’eau ou allons aux toilettes sur la journée.
Nous sacrifions beaucoup de choses pour ce métier très éprouvant. Nous tenons le coup par passion et car notre équipe est très soudée. Mais des messages comme celui ci, nous écrasent totalement. Nous essayons toujours de gérer au mieux les émotions de propriétaires stressés, abattus, parfois inconsolables. Mais nous ne sommes pas des punching-ball sur lesquels on se défoule, nous sommes des êtres sensibles également.
Je tiens à commenter cette note Google, même si je ne devrais pas.
Madame arrive avec un chat trouvé (apparemment son chat maintenant), qu’elle nous dépose pour faire une bonne action, mais il faut tout faire pour le sauver. Elle est prévenue des frais vétérinaires de prise en charge. Le chaton est dans un état avancé, fortement déshydraté. Nous mettons tout en place pour lui donner sa chance mais malheureusement il ne tient pas la nuit. Madame est furieuse à l’annonce du décès et est outrée de devoir payer pour les soins effectués. Nous facturons le minimum, comme pour tous les animaux trouvés. Si nous avions su qu’une réaction pareille se profilait, nous aurions TOUT facturé. Madame arrive au cabinet vétérinaire, nous montre tous les billets lui restant pour partir le lendemain en vacances. Nous nous faisons traiter de voleuses, de personnes inhumaines… Aucune discussion possible face à la violence de ses propos.
Je tiens à remettre les choses au clair :
Nous acceptons de prendre en charge les animaux de la rue ou de faune. Cependant, nous ne sommes pas une SRPA ou un CREAVES. Nous ne sommes pas payés par l’état, nous ne recevons aucun subside pour leur prise en charge. Comment puis-je payer mon bâtiment, tout mon matériel, mon stock de médicaments et mon équipe si tout le monde nous apporte des animaux sans payer ? Notre métier est un métier du cœur, mais nous devons en vivre également !
Encore une fois, je suis EXTRÊMEMENT fière de mon équipe. Je les remercie chaleureusement pour tout ce qu’elles entreprennent pour vous, proprietaires. Des remerciements, nous en avons peu. Surtout sur Google, ou sur les réseaux, où certains préfèrent cracher leur haine. Mais nous en avons. Chaque merci que vous nous envoyez, chaque commentaire positif, nous touche profondément. Chaque remarque négative également.
Je termine en partageant le texte écrit par les proches de Mathilde, décédée :
🖤🩺🕯️ NOMV – No One More Vet 🕯️
Ce sigle a une signification extrêmement importante pour beaucoup de vétérinaires. Il signifie : "No One More Vet", soit "Pas un vétérinaire de plus".
Pourquoi ?
Parce que la profession vétérinaire fait partie des métiers avec un haut taux de su***de au monde.
Le risque est estimé à 3 à 4 fois supérieur à celui de la population générale. Chez les femmes vétérinaires, ce taux peut être encore plus élevé.
Aujourd’hui, une vétérinaire de plus a rejoint cette trop longue liste.
Elle s’appelait Mathilde et n'avait que 27 ans. Elle avait la vie devant elle.
Mais elle a décidé d’arrêter de respirer.
Quand on entre dans une clinique, on voit un vétérinaire qui sourit. On voit quelqu’un de rassurant, de professionnel, de passionné.
Ce qu’on ne voit pas, c’est la douleur silencieuse, le poids des responsabilités, les journées sans pause, les nuits sans sommeil, les euthanasies successives, les doutes, les dettes…
Ce métier est magnifique. Mais le revers de la médaille est lourd et souvent invisible.
Et dans ce monde qui valorise la rapidité, la facilité et la gratuité…
…les vétérinaires entendent trop souvent :
“Les vétérinaires ne pensent qu’à l’argent.”
“Les vétérinaires n’aiment pas les animaux.”
“C’est beaucoup trop cher.”
“Oh mon loulou, elle t’a fait mal, la vilaine vétérinaire.”
Ces phrases, dites parfois avec légèreté, nous transpercent. Elles s’ajoutent à d’autres. Et elles pèsent.
Parce que non, ce métier, on ne le fait pas pour l’argent.
On le fait est par passion, par amour des animaux, par engagement.
D’ailleurs, la plupart des vétérinaires ont plus de photos d’animaux de leurs patients dans leur téléphone que de photos d’eux-mêmes, de leurs enfants, de leurs souvenirs.
Juste pour pouvoir faire un meilleur suivi. Juste pour prendre mieux soin d'eux.
Et pourtant, après 6 ans d’études, le salaire moyen d’un(e) jeune vétérinaire est souvent autour de 1 650 à 1 800 € par mois.
Sans sécurité sociale pour les indépendants. Avec des cotisations, de la TVA, des charges, des contraintes réglementaires. Très peu de ce que vous payez revient réellement au vétérinaire.
Alors la prochaine fois que vous allez chez le vétérinaire, au lieu de dire :
“Oh, c’est cher…”
Pensez à dire :
“Merci pour le temps, les soins et l’amour que vous avez donnés à mon compagnon.”
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point un simple merci, un sourire sincère, une reconnaissance, peut illuminer une journée entière.
À l’inverse, un commentaire blessant, même banal, peut être la goutte de trop.
Aujourd’hui, une vétérinaire de plus a sombré.
Elle ne devrait pas être une de plus.
Elle s’appelait Mathilde. Elle avait 27 ans... 🖤