20/06/2025
Depuis plusieurs années maintenant, le débat oppose les partisans des aliments avec ou sans céréales.
Au cœur de ce débat : l’amidon et l’affirmation que le cheval ne serait pas capable de le digérer.
On fait le point 🔎
🌾 L’amidon est un glucide de réserve des plantes. Le cheval trouve de l’amidon dans les plantes sauvages/dans la nature, mais en beaucoup plus faibles quantités que dans les céréales cultivées, sélectionnées justement pour en contenir davantage (rappelons que les céréales font partie de la variété des graminées, mais leur grain est plus gros que celles qui composent nos prairies).
Les céréales sont souvent intégrées dans les rations pour leur forte densité énergétique, grâce à leur richesse en amidon. Mais les légumineuses des aliments sans céréales en apportent aussi (pois, féverolle, etc.).
Quid de la digestion ⁉
🟩 Oui, le cheval peut digérer l’amidon, mais pas en trop grande quantité !
Il possède une enzyme digestive (l'amylase) pour digérer l’amidon par la voie enzymatique (dans l’estomac et l’intestin grêle) mais en quantités très limitées comparé à d’autres espèces.
🦠 Il possède également une flore microbienne capable de fermenter un peu d’amidon (tout le long du système digestif). Mais comme pour la digestion enzymatique, cette capacité est limitée.
En cas d’excès d’amidon, que se passe-t-il ❓
L’amidon non digéré par voie enzymatique est fermenté. Cette fermentation donne différents sous-produits et gaz 💨
En cas de fermentations excessives :
➡ Production de bcp de gaz = dilatation = perturbations du péristaltisme (contractions musculaires) = coliques
➡ Accumulation de sous-produits acides = acidification du milieu = acidose.
➡ Dans l’estomac, l’acidose peut causer des ulcérations de la muqueuse, voire des ulcères gastriques.
➡ Dans l’intestin, l’acidose altère la muqueuse, perturbe l’absorption des nutriments et de l’eau, affaiblit la barrière protectrice et entraîne une dysbiose = déséquilibre du microbiote au profit de bactéries pathogènes. La dysbiose entraine des troubles du comportement, troubles digestifs, fourbures, coliques, défaillance immunitaire, etc.
Comment intégrer les céréales sans danger dans la ration ❓
La ration doit toujours être raisonnée en fonction du profil du cheval, de son activité, de sa santé, etc.
🟩 L’amidon (via les céréales essentiellement) est une source d’énergie idéale pour le cheval de sport car sa digestion permet la reconstitution des stocks de glycogène musculaire = les réserves énergétiques.
Pour ces chevaux-là, ou pour tous les chevaux dont les besoins énergétiques sont élevés et ne peuvent pas être couverts par la consommation de fourrages (croissance, gestation, lactation, senior), il est possible d’apporter de l’énergie sous forme d’amidon en respectant les recommandations de bases :
➡ Limiter & fractionner
Soit : ne pas dépasser 2g d’amidon+sucres par kilo de poids vif par jour, en 2 repas minimum.
🔎 Pour un cheval de 500kg, cela équivaut à 2x500 = 1000g de sucres+amidon par jour, 500g maximum par repas.
📍 Avec un aliment type aliment du commerce, qui apporte environ 300g (30% de sucre et amidon) on pourrait donc lui donner :
1000/300 = 3,3kg de cet aliment.
📍 Avec un aliment type orge brute, qui apporte environ 500g (50% de sucre et amidon) on pourrait lui donner :
1000/500 = 2kg de cet aliment
🌿 Quoi qu’il en soit, les fourrages restent la priorité absolue avant de penser à intégrer un aliment !
💡 La recommandation officielle des 2g porte uniquement sur l’amidon, mais par précaution/expérience, nous préférons l’utiliser sur amidon+sucres tous confondus, ces derniers pouvant agir comme “boosters” de la fermentation de l’amidon (les bactéries dans l’estomac ou l’intestin peuvent s’en nourrir pour être encore plus actives pour fermenter l’amidon).
⚠ En revanche, en raison de l’effet de la digestion de l’amidon sur la glycémie, cette source d’énergie n’est pas recommandée pour les chevaux présentant des troubles du métabolisme de l’insuline : SME, DPIH, etc. d'où la nécessité d'éviter les aliments à base de céréales dans ces cas là, mais également pour les chevaux rustiques qui n'ont pas (ou pas encore) de soucis de ce type.
Attention aussi aux juments en gestation pour qui, en plus des problèmes cités ci-dessus, un excès d’amidon peut entrainer de multiples conséquences néfastes sur la jument, le déroulement de la gestion et la santé du poulain.
🟩 En conclusion :
Les aliments à base de céréales (avec des taux d’amidon plus élevés donc) sont une ressource de choix, digeste, sûre, pour les chevaux à métabolismes rapides type selle, trotteurs, pur-sang, etc. ou les chevaux à très forts besoins énergétiques (gestation, lactation, croissance) tant qu’ils sont utilisés dans des proportions raisonnables, et hors pathologies avérées type ulcères.
Les aliments sans céréales (ou avec des taux de sucre et amidon bas) sont préférables pour les chevaux à faibles besoins et/ou présentant des troubles métaboliques type SME, mais il faudra être prudents car ceux-ci sont très souvent riches en fer (objet d’un prochain post !), et la quantité fait toute la différence (ils n'en ont souvent pas besoin du tout d'ailleurs, sauf en base à des compléments !).
➡ Plus que la présence de céréales ou non, c’est le taux de sucres+amidon global de l’aliment qu’il faut regarder.
Mais quel que soit leur métabolisme, ils ont techniquement la capacité de le digérer en proportions raisonnables, comme ils le font déjà via le fourrage 🤓