06/07/2025
Voici ce qu'est devenu le monde du chien aujourd'hui...
Des personnes non professionnelles, non formées, n'ayant aucune connaissance scientifique du comportement du chien (qui le reconnaissent par ailleurs), énoncant de grandes théories pour faire le buzz.. et bien sûr ça prend, car le mélodramatique plaît aux internautes..
Photo frissonnante, texte illustré de "cas réels", mots finement choisis.. le mélodrame dans toute sa splendeur!! Visionné et partagé des milliers de fois par des personnes ne vérifiant aucunement la valeur professionnelle de l'auteur (inexistante ici).
Comme si la psychose n'était pas déjà suffisamment présente chez les propriétaires de chiens, et particulièrement de petits chiens.. comme si nous ne sacrifions pas déjà suffisamment les besoins de nos chiens en les empêchant d'avoir des contacts avec leurs congénères, comme si nos chiens ne manquaient pas déjà cruellement de promenades..
Un post comme celui-ci poussera un propriétaire de petit chien à ne plus oser sortir de chez lui de peur de croiser des chiens de grande taille.. ou l'on verra encore plus de propriétaires hurler, s'enfuir chien à bras et insulter le propriétaire de grand chien qui se balade tranquillement avec un chien parfaitement équilibré!
Non ces dires ne sont pas exacts et ne doivent certainement pas être pris au pied de la lettre.
Tout d'abord, la prédation, c'est un instinct. C'est-à-dire que le chien l'a ou ne l'a pas. Et peut l'avoir sur certaines espèces de proies et pas sur d'autres. Lorsqu'il a l'instinct de prédation, il se déclenche à chaque fois que le chien est confronté à ce type de proies, et pas un jour, par hasard, parce que ça lui prend tout à coup.
Cette prédation n'est dirigée que vers des proies potentielles et naturelles (lapins, lièvres, chevreuils, volatiles, et malheureusement chats dans certains cas), et donc ni sur les autres chiens ni sur les humains!!!
La mise à mort d'un chien sur un autre chien peut par contre exister, oui. Mais ce n'est pas de la prédation. Et surtout, c'est l'oeuvre d'un chien que l'on qualifiera de "psychopathe", qui a manqué cruellement de bases essentielles dans sa prime enfance.
- Par exemple, un chien de grande taille qui n'a pas été socialisé du tout aux chiens de petite taille (donc qui n'en a jamais vu avant ses 3 mois), peut en effet considérer ces animaux inconnus de son répertoire comme des proies et les tuer comme telles.
- Ou un chien humanisé à outrance (se déplaçant dans une poussette, habillé, parfumé, etc.) peut ne pas être reconnu par un autre chien comme étant un congénère, et provoquer également chez lui une mise à mort.
- Enfin les molosses de type amstaff, pittbull ou american bully, venant d'une lignée de chiens de combats, peuvent également mettre à mort un autre chien (c'est précisément pour cela qu'ils ont été sélectionnés).
- un conflit d'une extrême violence peut aussi mener à terme à la mort d'un chien des suites de ses blessures, mais cela s'explique par d'autres causes qui sont fort heureusement extrêmement rares et surtout traitables, telles que le trop-plein énergétique.
Et, non, sur cette photo, le berger allemand n'a aucunement l'intention de tuer le jack Russell. Il montre juste des signaux d'intérêt: oreilles vers l'avant, gu**le fermée, queue à l'horizontale, regard fixe.. il s'approche du jack Russell qui éveille sa curiosité, pour le renifler et en savoir plus sur lui, tout simplement. Le jack Russell a peur, par contre, oui (échine basse, queue basse, etc.), il est sans doute impressionné par le berger allemand assez sûr de lui et montre simplement par son attitude qu'il n'est pas à l'aise et ne cherchera pas misère, parce qu'il reconnaît l'ascendant du berger allemand. C'est tout ce que l'on peut observer et analyser dans cette photo, point.
Bref, de grâce, ne croyez pas tout ce que l'on raconte, et vérifiez toujours la validité de l'auteur!
🩸 La prédation entre chiens : un tabou qui tue en silence
On parle beaucoup d’agressivité entre chiens.
Mais ce dont on parle peu, c’est de la prédation entre chiens.
Pas d’une bagarre mal gérée, pas d’un conflit mal codé, mais d’un acte de mise à mort, souvent brutal, rapide, irréversible.
Et pourtant, ça existe. Ça tue. Et ça ne prévient pas toujours.
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🧠 Prédation ≠ Agressivité
L’agressivité répond à une émotion : peur, stress, protection de ressources, conflit social… Elle prévient, elle montre les dents, elle grogne, elle monte crescendo.
La prédation, elle, ne cherche pas à régler un conflit. Elle ne communique pas.
Elle agit, selon une séquence comportementale automatique, codée dans les gènes :
Repérage ➝ Fixation ➝ Approche ➝ Pourchasse ➝ Saisie ➝ Mise à mort ➝ (éventuelle) consommation.
Et cette séquence peut se déclencher… sur un autre chien.
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🐕🦺 Quels chiens sont concernés ?
Pas seulement les chiens de chasse.
Pas seulement les primitifs.
Pas seulement les grands.
➡️ Tous les chiens ont un bagage prédatoire plus ou moins activé.
Mais certains profils sont plus à risque :
• Chiens de type primitif (Husky, Malamute, Shiba, Akita…) : séquence de prédation souvent très complète.
• Chiens de protection (Kangal, Alabaï, Ovcharka…) : inhibition sociale faible, grande tolérance jusqu’à la rupture.
• Chiens ayant une génétique instable (croisements extrêmes, types Bully, lignées de ring ou de combat…)
• Chiens traumatisés ou mal codés, qui n’ont pas appris les codes canins ou ont été élevés dans l’isolement.
• Chiens trop longtemps frustrés ou excités sans exutoire (manque de stimulations, jeux inadaptés…)
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⚰️ Des faits réels. Pas des théories.
Voici quelques cas concrets, tous vécus ou rapportés par des professionnels :
🔸 Un chien de ferme croisé husky-malamute : vivait avec une petite chienne type jack russell depuis plus d’un an. Une nuit, déclenchement de la séquence, aucun signe avant. Il l’a saisie par le cou, l’a secouée, tuée. Aucune animosité. Aucun antécédent.
➡️ C’était une proie.
🔸 Un staffie croisé molosse adopté à la SPA : 4 mois de cohabitation sans accroc avec le petit yorkshire de la maison. Un soir, après que le petit a couiné en tombant d’un canapé, il a été pris, tué.
➡️ Le cri a activé le pattern prédatoire.
🔸 Un berger d’Asie centrale bien socialisé : s’est figé à la vue d’un chiot cane corso. Regard fixe, aucun mouvement, puis attaque foudroyante. Interrompu à temps.
➡️ Taille et posture du chiot = proie.
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🔍 Quels signaux doivent alerter ?
Le chien prédatif sur congénères ne grogne pas toujours. Il ne cherche pas à impressionner. Il agit.
Mais certains signaux peuvent précéder un passage à l’acte :
• Fixation visuelle anormale sur des chiens plus petits ou plus jeunes.
• Postures basses de traque (épaules rabaissées, immobilité, approche lente).
• Hyperexcitabilité face à des jeux bruyants entre chiens.
• Aucune réponse aux signaux d’apaisement des autres chiens.
• Attaque en silence, sans montée progressive.
• Prise au cou ou au thorax dès la première seconde.
• Attirance particulière pour les chiots ou chiens faibles.
⚠️ Et parfois, il n’y a aucun signe.
Certains chiens passent à l’acte la première fois… pour tuer.
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🛑 Ce n’est PAS une erreur d’éducation. C’est une faille comportementale profonde.
Un chien prédatif sur les congénères ne se “rééduque” pas comme un chien réactif.
Ce n’est pas une histoire de renforcement positif ou de désensibilisation.
Ce n’est pas un problème relationnel.
C’est une réalité neurocomportementale, souvent enracinée dans la génétique, les stimulations précoces et les expériences de vie.
On peut travailler :
• l’autocontrôle,
• la gestion de la frustration,
• la mise en sécurité du foyer,
… mais pas annuler un pattern prédatif profondément ancré.
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🎯 Comment prévenir ?
✅ Évaluer finement les signaux de communication de son chien.
✅ Ne jamais banaliser un comportement inquiétant.
✅ Ne jamais forcer un chien à cohabiter avec un autre s’il y a doute.
✅ Sécuriser les espaces de vie si un chien présente un antécédent.
✅ Travailler avec un professionnel compétent et lucide.
Et surtout… être prêt à accepter que certains chiens ne doivent pas vivre avec d’autres.
Ce n’est ni un échec, ni une punition. C’est un choix éthique et responsable.
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❗ En conclusion : ne confondez jamais communication sociale et instinct de mise à mort.
Un chien peut :
• adorer l’humain,
• être parfait en promenade,
• être obéissant et gentil,
… et tuer un congénère en une seconde, sans émotion ni malice.
Ce n’est pas une fiction. Ce n’est pas un cas isolé.
C’est une réalité grave, qu’il faut savoir reconnaître et surtout… ne jamais nier.