22/08/2025
Le chien est égoïste et opportuniste… et c’est tant mieux
Je suis bien conscient que j'ai fait de la peine à certaines personnes (souvent versées dans l'anthropomorphisme) en leur disant que non, leur chien n’agit pas par bonté d’âme, par sens du devoir ou pour “faire plaisir” à son maître!
Même le gentil labrador d'assistance qui aide une personne en situation de handicap !
Il agit parce qu’il y trouve un intérêt.
Son moteur principal, c’est l’opportunisme : “qu’est-ce que ça m’apporte, là, tout de suite ?”.
Et c’est exactement ça qui rend l’éducation possible.
Comprendre ce moteur, c’est comprendre l’éducation
Un chien qui obéit le fait parce qu’il y a un bénéfice immédiat ou anticipé.
Ce bénéfice peut être :
- une récompense (friandise, jouet, liberté, interaction),
- un confort (éviter une contrainte, une douleur, obtenir la paix),
- une perspective (habitude, routine qui sécurise).
Quand on l’a compris, on arrête de chercher des explications fumeuses. On ne se dit plus : “il me teste”, “il se venge”, “il sait mais il ne veut pas”...On se dit : “il ne voit pas l’intérêt, ou il en voit un autre ailleurs”.
Éduquer, c’est rendre l’obéissance rentable
L’éducation canine, ce n’est donc pas forcément une guerre d’autorité.
C’est un travail de stratégie : rendre nos demandes plus rentables que les autres options du chien.
Si s’asseoir rapporte plus que sauter, le chien s’assiéra.
Si marcher tranquillement rapporte plus que tirer, il cessera de tirer.
Si rester calme ouvre plus de portes que s’exciter, il apprendra à se canaliser.
Le rôle de l’éducateur (et donc du maître ) c’est d’utiliser son égoïsme à son avantage.
L’opportunisme est une force à exploiter
Ce que certains voient comme un défaut est en réalité une clé d’apprentissage universelle.
Parce qu’il est opportuniste, le chien apprend vite, s’adapte, répète ce qui marche et élimine ce qui ne paye pas.
À nous de construire un environnement où “ce qui marche” correspond à ce qu’on attend de lui.
En éducation canine, il est rarement utile de combattre la nature du chien, il vaut mieux la comprendre, la canaliser, l’exploiter.
Et quand on accepte que l’égoïsme et l’opportunisme sont ses vrais moteurs, on arrête de perdre du temps avec des combats d’ego… pour enfin avancer dans la bonne direction ensemble.
PS : précisions sémantiques
Pour éviter toute guerre de vocabulaire, rappelons les définitions :
Opportunisme (Larousse) : “Attitude qui consiste à tirer parti des circonstances, à en exploiter les avantages, à en éviter les inconvénients.”
Égoïsme (Larousse) : “Attitude de quelqu’un qui se conduit en vue de son intérêt personnel, sans se soucier de celui des autres.”
Ces termes ne sont donc pas des jugements moraux, mais des moteurs comportementaux.