
07/05/2025
“Le bâillement est un signal d’apaisement.”
C’est ce qu’on lit dans tous les livres… mais ce n’est que le début de l’histoire.
Depuis" Les Signaux d’Apaisement " de Turid Rugaas, beaucoup considèrent le bâillement comme un simple message social.
Un signe de politesse canine, un “je ne veux pas de conflit”, un outil de désescalade.
Et c’est vrai. En surface.
Mais si vous vous arrêtez là, vous passez à côté de l’une des manifestations corporelles les plus riches que le chien puisse produire.
Parce que derrière ce geste en apparence banal, il se joue parfois une réorganisation complète du système nerveux.
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En réalité, le bâillement est un levier de régulation neurophysiologique.
Lorsqu’un chien bâille, il n’essaie pas seulement de calmer l’interaction :
il peut être en train de réinitialiser son équilibre interne, via plusieurs mécanismes profonds :
Stimulation du nerf vague : en ouvrant grand la mâchoire et en modifiant son rythme respiratoire, le chien active la branche parasympathique de son système nerveux autonome (le fameux “frein à stress”).
Réajustement tonique : les chaînes musculaires impliquées dans le bâillement participent à une forme de “déblocage” crânien, cervical ou diaphragmatique.
Décompression cognitive : c’est parfois une manière de “vider la mémoire tampon” après une surcharge sensorielle, émotionnelle ou posturale.
Autrement dit : le bâillement, c’est de la régulation fine, pas juste un moyen de communication direct.
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Exemples concrets :
Un chien qui bâille après un exercice complexe ne “s’ennuie” pas : il s’intègre, il s’équilibre.
Un chien qui bâille à chaque changement d’environnement ne cherche pas a dire aux étrangers qu'il ne "cherche pas la bagarre": il compense une instabilité neuro-sensorielle ou une surcharge proprioceptive.
Un chien qui bâille quand vous êtes tendu n’essaie pas seulement de vous calmer… il s’auto-régule en réponse à votre tension posturale.
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Alors oui, Turid Rugaas a eu raison d’écrire ce livre.
Mais ce qu’elle a ouvert, ce n’est pas une conclusion : c’est une porte.
Et derrière cette porte, il y a tout un monde.
Celui où le corps du chien parle bien avant qu’on ne le comprenne.
Celui où le geste le plus discret est souvent la clé de lecture la plus puissante.
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À retenir :
Ne coupez jamais un bâillement.
Observez quand et comment il apparaît.
Et surtout, prenez-le au sérieux : il vous dit quelque chose du chien… que lui-même ne sait pas verbaliser autrement.
Ce n’est pas un signal. C’est un message nerveux.
Et pour qui sait l’écouter, c’est une boussole.