23/02/2025
Pourquoi n’y aura t-il plus de cercle équestre au Moulin de Bosson ? (Les pensions et l’élevage ne sont pas concernés)
« Ce pays va avoir raison de mon amour d’entreprendre »
C’est avec un profond dégoût et un grand sentiment de désespoir que j’ai découvert un avis défavorable de la Région wallonne concernant la création et la diversification des activités agricoles au Moulin de Bosson. Apparemment, ces activités, qui occupent une grande partie de mes journées, ne peuvent plus, aux yeux de l’administration, être diversifiées davantage.
Un projet construit avec passion
Entrepreneur dans le bâtiment, j’ai fait l’acquisition du Moulin de Bosson en 2019 et je n’ai eu de cesse de le faire évoluer pour en vivre. J’ai rénové ce domaine, créé des gîtes et poursuivi l’élevage de chevaux développé par mon prédécesseur. Mais malgré tout le travail que demande cet endroit, j’ai toujours dû exercer une autre activité en parallèle pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille.
Dès le début, j’ai voulu diversifier les activités pour assurer la viabilité du projet. J’ai donc développé une pension pour chevaux, indispensable à l’équilibre financier. Avec l’aide d’un ami ingénieur, nous avons ensuite élaboré un plan financier précis pour lancer un élevage de poulets fermiers en plein air et bio. Puis nous avons étudié la faisabilité d’un élevage bovin avec la vente directe de viande. La conclusion de mon ami a été sans appel : c’est impossible financièrement. Et son commentaire final a été tout aussi clair : « Pas étonnant que les agriculteurs aillent manifester à Bruxelles, ils n’ont plus d’autre choix. »
Nous avons donc abandonné ces projets.
Un autre axe de développement s’est présenté avec la création, en 2024, d’un cercle équestre. Cela n’a même pas duré un an. Fin 2024, la commune nous informait que nous n’avions pas les autorisations nécessaires et qu’il fallait cesser l’activité.
Un manège de loisir devant se situer non pas en zone agricole mais en zone d’habitat!
À l’heure où on nous parle de bien être animal et où on nous octroie un permis pour détenir un chat un chien ou un hamster, c’est absolument désolant de constater qu’un manège doit être situé au milieu des maisons où il n’y a pas une herbe à brouter!
Pourtant, la commune a toujours soutenu nos initiatives. Mais à son niveau, elle n’a visiblement pas son mot à dire.
Un refus absurde et injustifié
L’élevage de chevaux seul ne suffit pas à faire tourner l’exploitation. Il faut adjoindre une activité qui tienne financièrement la route. L’idée était de créer une brasserie-restaurant à la ferme, afin de valoriser nos propres produits (agneaux, lapins) ainsi que ceux d’éleveurs voisins.
Mais la Région wallonne a rendu un avis sans appel : c’est non. Ce qui est surprenant, c’est que cette décision repose sur l’avis d’un seul homme, un fonctionnaire délégué qui interprète les choses à sa manière. Et selon lui, nous avons déjà assez diversifié nos activités, puisque nous avons des gîtes et des chevaux.
Pourtant, l’élevage équin est une activité agricole. Je ne vois pas la différence entre ramasser du fumier de vache ou de cheval. C’est la même fatigue, les mêmes longues journées, les mêmes nuits blanches à veiller une jument qui va pouliner. Mais non, pour l’administration, s’occuper de chevaux est déjà une diversification.
Un système qui tue l’initiative
Le plus dramatique dans tout ça, c’est cette menace déguisée derrière la décision : on nous fait comprendre que si nous déposons un permis pour développer ces nouvelles activités, nous risquons de perdre notre statut d’agriculteur. Donc, un restaurant à la ferme, qui permet de déguster des produits locaux issus de notre élevage et de nos voisins, ne serait plus considéré comme une activité agricole.
Nous avions aussi prévu d’ouvrir une ferme pédagogique, en impliquant des retraités pour transmettre leur savoir aux plus jeunes. Un projet multigénérationnel, plein de sens et de valeurs. Mais là encore, ça ne rentre pas dans les cases.
Et c’est bien là le problème : ce pays est devenu une machine à empêcher d’entreprendre. D’un côté, on a un gouvernement qui se veut progressiste, qui encourage l’initiative et le développement économique. De l’autre, on a une administration rigide, lente, déconnectée du terrain, qui applique des règles dépassées et freine toute évolution.
Ce n’est pas seulement mon projet qui est bloqué, c’est tout un modèle qui empêche d’avancer. Aujourd’hui, nous avons des agriculteurs qui manifestent à Bruxelles parce qu’ils sont à bout. Et quand on se penche sur les contraintes absurdes qui nous sont imposées, on comprend vite pourquoi.
J’ai toujours eu cette envie d’entreprendre. C’est ce qui m’anime, ce qui me pousse à avancer. Mais aujourd’hui, ce pays me donne surtout l’envie d’arrêter.
Merci pour votre attention.
Julien Binet