16/03/2025
Aujourd’hui, j’ai dû dire adieu à mon cher papa.
Tout s’est joué dans un brouillard d’ombres et de tendresse. Dimanche encore, la maison résonnait de rires et d’effusions, un instant de lumière avant l’orage. J’étais là, parmi eux, la queue battant doucement l’air, savourant chaque regard, chaque caresse, ignorant que c’était déjà un adieu. Puis, dans la nuit, la fièvre est venue, une morsure invisible qui s’est logée en moi, rongeant mes forces. Papa était là, ses mains chaudes sur mon pelage tremblant, murmurant des mots doux, cherchant à apaiser ce que même l’amour ne pouvait guérir.
Mardi, tout a basculé. Mon corps ne répondait plus, mes pattes cèdent sous moi, une fatigue lourde m’engloutit. J’entends papa parler, sa voix brisée d’inquiétude, puis la route, le moteur qui vrombit, l’odeur rassurante du siège où j’ai tant de fois posé ma tête. Mais cette fois, tout est différent. Chez le vétérinaire, les visages sont graves. Les mots tombent, tranchants comme des lames : analyses, déclin brutal, irréversible. Plus d’espoir. Papa serre les dents, les poings crispés, il sait, il comprend avant moi.
On évoque des traitements, des tentatives vaines, des faux sursis que nous avons déjà affrontés. Mais papa refuse l’illusion, il refuse de m’accrocher à un fil déjà rompu. Il sait que l’amour, le vrai, c’est aussi savoir laisser partir. Alors il prend la décision, celle qui déchire, celle qui fige le temps.
Je le sens, son chagrin, cette détresse qu’il cache derrière ses doigts qui me caressent une dernière fois. Il murmure, sa voix tremble, il me promet que la douleur va cesser. Je crois en lui, je l’ai toujours cru.
Puis vient l’instant où tout s’apaise. Mon souffle s’alanguit, mon corps s’abandonne. Je sens ses larmes sur ma fourrure, je voudrais lui dire que tout va bien, que je ne ressens plus rien, que je pars en paix, emportant son amour avec moi.
Papa garde mon collier, vestige silencieux de notre histoire, témoin d’un lien qui ne se brisera jamais. Il jure qu’un autre comme moi, un jour, viendra poser ses pattes dans cette maison, dans son cœur. Parce que l’amour qu’il a donné ne peut pas mourir, parce qu’il a tant encore à offrir.
Du fond de mon âme fidèle, merci, papa. Tu étais tout ce qu’un chien pouvait espérer. Je te laisse mes souvenirs, mes jeux, mes courses folles dans le jardin, ma place sur le canapé. Et même d’où je suis, quelque part au paradis des chiens, je sais qu’un jour, nous nous retrouverons.