05/05/2025
Faut-il sanctionner un chien ?
C’est une question qui divise encore, en 2025. D’un côté, certains continuent de rejeter toute forme de sanction, au nom d’une “éducation positive” devenue parfois caricaturale. De l’autre, ceux qui sanctionnent sans nuance, sans timing, et surtout sans pédagogie. Deux dérives opposées… et tout aussi problématiques.
Personnellement, je ne me reconnais dans aucun de ces courants extrêmes.
Sanctionner un chien, ce n’est pas le punir. C’est l’aider à comprendre.
Et surtout : ce n’est pas une option. Que vous le fassiez ou non, la vie, elle, se chargera de sanctionner à votre place.
Un chien qui traverse sans permission ? Un pare-choc peut devenir sa “leçon”.
Un chien qui saute sur un congénère stressé ? Il risque une morsure.
Un chien qui fugue sans rappel ? Il apprendra peut-être à ses dépens que la liberté ne pardonne pas l’incohérence.
Vouloir supprimer toute forme de sanction, c’est faire comme si le monde était une salle de jeu molletonnée. Ce n’est pas lui rendre service.
Et surtout, c’est faire abstraction d’un fait simple et observable : les chiens se sanctionnent entre eux.
Dans un groupe canin structuré, les codes sont clairs : une bousculade mal placée, une intrusion trop brutale, un comportement inadapté… entraînent des réponses immédiates, calibrées, sans haine ni violence gratuite. On appelle cela des sanctions sociales, et elles sont éthologiquement naturelles.
Le chien apprend par conséquence. C’est sa grammaire sociale.
Refuser toute forme de sanction dans l’éducation, c’est donc aller à contre-courant de sa logique d’apprentissage.
L’éducation bienveillante, dans son principe, est nécessaire. Mais quand elle se transforme en refus idéologique de dire “non”, elle devient une impasse. Un chien a besoin de repères, pas d’indulgence permanente. Il a besoin qu’on lui dise “stop”, parfois fermement, mais toujours intelligemment.
Alors comment faire ? Voici les repères, avec des exemples concrets :
1. Une sanction doit être claire et compréhensible.
Elle doit suivre immédiatement le comportement concerné.
Exemples terrain :
– Votre chien vous saute dessus avec excitation ? Vous vous retournez immédiatement, bras croisés, sans un mot, et vous ignorez le comportement. Dès qu’il redescend, vous interagissez à nouveau.
– Il mordille votre main pendant le jeu ? Jeu interrompu net, jouet rangé, et pause de 30 secondes. Pas de cri, pas de tape, juste une conséquence directe : “tu perds ce que tu veux si tu débordes.”
2. Elle doit être proportionnée.
Ni colère, ni théâtre. Juste une conséquence logique.
Exemples terrain :
– Un chien refuse de revenir au rappel malgré qu’il sache le faire ? Vous allez calmement le chercher, le rattachez en silence, et fin du temps libre. Pas de cris, pas de poursuite. Vous reprenez les bases du rappel au moment opportun.
– Il aboie dans la maison sans raison ? Isolement très bref dans une pièce neutre (5 à 10 secondes), sans interaction. Il apprend que ce comportement le coupe du groupe, sans violence ni menace.
3. Elle ne remplace jamais l’enseignement.
Vous ne pouvez pas sanctionner ce que le chien n’a jamais appris.
Exemples terrain :
– Il vole de la nourriture sur la table ? Avez-vous appris l’autocontrôle en présence de nourriture ? Si non, commencez par ça. Sinon, reprenez la gestion de l’environnement (rien à sa portée) + sanction logique : vous arrivez, vous reprenez, vous l’ignorez totalement pendant un moment.
– Il aboie à la porte ? Si vous ne lui avez jamais appris ce qu’il doit faire à la place, il est normal qu’il réagisse ainsi. Enseignez le “va au tapis” puis sanctionnez l’aboiement par l’absence de récompense (pas d'ouverture, pas d’attention, pas d’invité tant qu’il aboie).
4. Il faut savoir quand ne pas sanctionner.
Si votre chien agit par peur, douleur ou stress, il n’est pas en train de “mal faire”, il est en train de gérer une émotion. Dans ces cas-là, la sanction ne fait qu’amplifier la détresse.
Exemples terrain :
– Il grogne en reculant face à un enfant ? C’est un signal d’alerte, pas une provocation. Ce n’est pas là qu’on intervient avec une sanction, c’est là qu’on éduque l’environnement et qu’on met de la distance.
– Il détruit en votre absence ? C’est probablement de l’anxiété de séparation. Sanctionner à votre retour ne sert à rien. C’est de la gestion émotionnelle qu’il faut mettre en place, pas de la punition.
En résumé ?
Oui, il faut sanctionner.
Mais pas par réflexe. Par stratégie. Pas pour corriger un comportement, mais pour construire une compréhension.
Et surtout : mieux vaut une petite sanction éducative maintenant, qu’une sanction brutale infligée par la vie plus t**d.