12/06/2025
En voilà un bon article !
📌 Le coercitif : ce que c’est.
Et surtout, ce que même les « positifs » utilisent sans le savoir.
Dans le monde cynophile, il y a des mots qu’on redoute.
Et “coercitif” en fait partie.
Un mot qu’on agite comme une accusation. Un stigmate. Une injure.
Mais à force de l’utiliser n’importe comment, on finit par oublier ce qu’il veut vraiment dire.
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📖 Définition simple et factuelle
Le coercitif désigne toute intervention éducative qui impose une contrainte.
Ça ne veut pas dire frapper, hurler, terroriser.
👉 Ça veut dire empêcher un comportement, restreindre une action, imposer une limite, contraindre un mouvement, dire non, retenir physiquement, s’opposer à une volonté immédiate.
Alors posons une première vérité :
Coercition ≠ violence.
Coercition ≠ maltraitance.
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🧠 Et maintenant… retournons le miroir
Vous pensez être “anti-coercitif” parce que vous êtes dans le positif ?
Regardons ça de plus près :
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🦴 Exemple 1 : La cage d’apprentissage (crating)
Outil ultra répandu en méthode positive.
On met le chiot dans une cage pour :
• prévenir les destructions,
• lui apprendre la propreté,
• sécuriser son environnement.
👉 Le chiot ne choisit pas d’y aller.
👉 Il ne peut pas en sortir librement.
👉 Son comportement est contraint.
➡️ C’est coercitif.
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🧍♂️ Exemple 2 : La gestion de l’espace
On empêche un chien d’aller dans une pièce, on ferme une porte, on met une barrière bébé.
➡️ Le chien est physiquement limité dans ses déplacements.
👉 C’est une contrainte.
➡️ C’est coercitif.
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🎓 Exemple 3 : L’extinction par ignorance
On demande à ignorer les sauts, les aboiements, les demandes d’attention.
Le chien cherche une réponse. Elle ne vient pas. Il entre dans une forme de frustration non résolue.
➡️ Il est confronté à une privation volontaire d’interaction.
👉 C’est une contrainte émotionnelle.
➡️ C’est coercitif.
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🪢 Exemple 4 : Le harnais
Oui, le harnais est présenté comme “l’outil gentil”.
Mais il contrôle la direction, limite la traction, empêche certains comportements (tirer, sauter, esquiver).
👉 C’est un outil de contrainte douce.
➡️ C’est coercitif.
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🐕🦺 Exemple 5 : La longe ou la laisse
Même dans un cadre d’éducation douce, le chien n’est pas libre.
Il est rattaché. Ses déplacements sont régulés.
👉 Il n’a pas le choix.
➡️ C’est coercitif.
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🎯 Alors pourquoi ce déni ?
Parce que le mot fait peur. Parce qu’il dérange.
Parce qu’il oblige à reconnaître que l’éducation, même bienveillante, repose sur un équilibre entre liberté et cadre, entre choix et interdits, entre confort et règles.
Le problème, ce n’est pas la coercition.
C’est la façon dont on l’utilise, la comprend, la justifie.
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🧭 Le vrai débat, ce n’est pas coercitif ou pas coercitif.
C’est :
🔹 Est-ce que la contrainte est claire, lisible, proportionnée ?
🔹 Est-ce qu’elle est suivie d’un accompagnement ?
🔹 Est-ce qu’elle sert l’apprentissage, ou est-ce qu’elle punit un échec ?
🔹 Est-ce qu’elle est temporaire, contextuelle, guidée ?
Un éducateur honnête, qu’il soit dit “positif” ou non, utilise de la coercition.
Ce qui fait la différence, c’est l’intention, la justesse, la maîtrise.
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✊ En conclusion
👉 Non, utiliser de la coercition ne fait pas de toi un bourreau.
👉 Oui, on peut être bienveillant et poser une limite.
👉 Et non, tu ne te bats pas pour les chiens si tu refuses d’utiliser tous les outils nécessaires à leur équilibre — y compris ceux qui te mettent, toi, un peu mal à l’aise.
La coercition bien utilisée, c’est un outil.
La coercition ignorée, c’est une bombe à retardement.
Ce n’est pas un choix de camp.
C’est une réalité éducative.